Le Parlement européen écoute un exposé de Hocine Malti sur les protestations à In Salah

Le Parlement européen s’intéresse de près à la question de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie. Le 4 juin dernier, cette institution représentative des Etats membres de l’Union européenne a eu droit à un exposé exhaustif du processus de l’exploitation de ce gaz non conventionnel lancé depuis plusieurs années par la compagnie nationale Sonatrach. L’exposé a été présenté par Hocine Malti, un des membres fondateurs du groupe Sonatrach, dont il a été vice-président de 1972 à 1975. Nous ne savons pas si Hocine Malti a présenté son exposé de son propre gré ou à la demande du Parlement européen en tant qu’ancien haut responsable de Sonatrach connu pour sa farouche opposition au pouvoir en place. Dans son exposé, il retrace, à sa manière, les différentes étapes suivies avant d’arriver au premier forage. Il explique la genèse de cette option controversée et contestée par des citoyens d’In Salah. Il met en avant son point de vue sur l’exploitation de ce gaz non conventionnel, lui qui s’est distingué par ses prises de position contre la fracturation hydraulique. Très critique envers le régime en place, Hocine Malti est revenu sur le mouvement de contestation d’In Salah, auquel ont participé massivement les habitants de la région, avant d’aborder l’implication américaine dans le processus d’exploration du gaz de schiste. Il cite le centre de recherches que dirige M. Murphy qui est chargé du suivi de l’exploitation du gisement de gaz de schiste de Marcellus. Ce centre a «beaucoup encouragé» et même «incité», d’après lui, l’Algérie à se lancer dans le gaz de schiste. «Que pouvait donc dire d’autre M. Murphy, si ce n’est louer les bienfaits de l’exploitation du gaz de schiste ? Le gouvernement connaissait évidemment ce détail : c’est en toute connaissance de cause qu’il fit appel à ce représentant d’un lobby qu’il présenta comme un expert indépendant», soutient Hocine Malti qui rappelle le contenu de la visite à Alger, dans le courant de la première quinzaine de mars 2015, de Charles Rivkin, sous-secrétaire d’Etat aux Affaires économiques, qui anima une conférence de presse à l’ambassade des Etats-Unis, au cours de laquelle il déclara qu’il «n’avait pas de conseils à donner aux Algériens, mais qu’il fallait qu’ils sachent que, dans son pays, l’exploitation du gaz de schiste avait été créative d’emplois, que la technique utilisée était saine et sans dangers et que l’opération était rentable». Pour cet ancien cadre dirigeant à Sonatrach, ce responsable américain avait indirectement «ordonné» aux responsables algériens de maintenir le cap et d’aller vers l’exploitation de ce gaz non conventionnel. Hocine Malti a terminé son exposé en évoquant les risques environnementaux. Il a parlé d’oiseaux «morts à cause de la pollution des eaux». «Aujourd’hui, a-t-il dit, il est certain que la pollution est déjà là. Elle est partout : dans l’air, à la surface du sol et dans le sous-sol. Il n’est qu’à voir, pour s’en convaincre, ces images diffusées sur Internet de bourbiers laissés derrière eux par les exploitants, qu’il s’agisse de Halliburton ou des foreurs de Sonatrach. Il y a de fortes chances que la nappe d’eau phréatique, utilisée par la population locale pour ses besoins personnels, soit déjà polluée ou en voie de l’être très bientôt», affirme-t-il, précisant que «des pigeons sont morts, des faucons sont morts, des volées de cigognes en migration sont mortes également». Mais il ne dit pas comment il a obtenu ces informations, reconnaissant néanmoins qu’il ne connaît pas la raison exacte d’une telle hécatombe, se limitant à des probabilités difficilement vérifiables. Il estime qu’il est difficile de connaître la vérité «car, a-t-il dit aux parlementaires européens, les vétérinaires d’In Salah ou des villes avoisinantes, sollicités pour procéder aux examens, analyses ou autopsies qui permettraient de déterminer les causes de ces morts, refusent de les faire». On se demande d'où Hocine Malti sort cette histoire d’oiseaux morts, sachant que même les opposants les plus farouches au gaz de schiste à In Salah n’ont jamais fait état d’une telle hécatombe.
Rafik Meddour

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