Les plus grosses fortunes sont dans la sphère informelle

Par Abderrahmane Mebtoul – Les plus grosses fortunes en Algérie ne sont pas forcément dans la sphère réelle, mais au niveau de la sphère informelle notamment marchande avec une intermédiation informelle à des taux d'usure. Ici, on est face à des données contradictoires : le Premier ministre annonçant pour 2014 37 milliards de dollars et le nouveau ministre des Finances dans plusieurs déclarations publiques avant sa nomination entre 40 et 50 milliards de dollars. Selon Deborah Harold, enseignante américaine de sciences politiques à l'université de Philadelphie et spécialiste de l'Algérie, se basant sur des données de la Banque d'Algérie, l'économie informelle brasserait 40% à 50 % de la masse monétaire en circulation, soit 62,5 milliards de dollars, soit plus de quatre fois le chiffre d'affaires de toutes les grandes entreprises du FCE réunies. Ces données sont corroborées par un document du ministère du Commerce algérien selon lequel il existe 12 000 sociétés-écrans avec une transaction qui avoisinerait 51 milliards d'euros au cours de 2012, soit 66 milliards de dollars. Les dernières mesures tant des chèques que de l'obligation de déposer l'argent de la sphère informelle obligatoirement au niveau des banques algériennes qui sont actuellement de simples guichets administratifs ignorent le fonctionnement de la société algérienne. On n'impose pas par la contrainte des mesures. Trois actions sont préconisées. La suppression de la taxe des 7%, car si cet argent sert à dynamiser le secteur productif, à terme, c'est plus bénéfique par l'accroissement futur de l'assiette fiscale. Un large emprunt national sous couvert de bons anonymes, dont les taux rémunérateurs approchent le taux d'inflation et la dépréciation du dinar par apport aux devises fortes, devant forcément dynamiser la Bourse d'Alger. Un décret exécutif, afin de redonner confiance aux citoyens, et éviter les erreurs des décrets de 2005 et 2011 qui n'ont jamais vu le jour, de séparer la fonction bancaire et du contrôle fiscal qui ne devra se faire qu'après une exécution judiciaire (cas de recyclage de l'argent de la drogue par exemple) pour la vérification des comptes, les contrôleurs fiscaux ou service de sécurité n'ayant pas à s'immiscer dans la gestion bancaire. Cette sphère contrôle au niveau de la sphère réelle 65% des segments des produits de première nécessité : fruit/légumes, marché du poisson, marché de la viande blanche/rouge et à travers des importations informelles le textile/cuir, avec une concentration du capital au profit de quelques monopoleurs informels. Cette sphère liée à la logique rentière tisse des liens dialectiques avec des segments du pouvoir, expliquant qu'il est plus facile d'importer que de produire localement. Mais il ne faut pas se tromper de stratégie. Nous avons de nombreux entrepreneurs dynamiques informels acquis à la logique de l'économie de marché qu'il s'agit d'introduire dans la sphère réelle non par mesures administratives autoritaires, mais par de nouveaux mécanismes économiques de régulation.
A. M.

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