Sud-Soudan : le président américain Barack Obama brandit la menace d’une intervention militaire

Le président américain, Barack Obama, n’est pas content de ce qui se passe au Sud-Soudan. Il l’a dit au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qu’il a rencontré mardi dernier. Il adresse un avertissement au président sud-soudanais, Salva Kiir Mayardit, et au leader de l'opposition, son ancien vice-président, Riek Machar Teny, qu’il somme carrément d’accepter l'ultimatum du 17 août. Obama fait référence au projet d'accord de paix présenté samedi 25 juillet par l'Autorité intergouvernementale de développement en Afrique de l'Est (Igad) qui a été chargée d’une mission de médiation au Sud-Soudan, entre le pouvoir et l’opposition. L’Igad a demandé que l’accord soit signé avant le 17 août. La mise en garde du président américain lancée à Kiir et Machar est claire : «Si vous ne signez pas l’accord, alors nous reverrons nos plans.» Cela signifie-t-il que les Etats-Unis préparent une intervention armée au Sud-Soudan ? Cette option fait-elle partie des «sanctions», en cas de non-signature de l'accord, annoncées lors du passage d’Obama à Addis-Abeba ? C’est une éventualité à ne pas exclure quand on sait que la démarche de l’Igad apparaît comme celle de la dernière chance avant «un autre plan» qui pourrait être l’intervention armée américaine dans ce pays africain dont l'indépendance a été officiellement proclamée le 9 juillet 2011 à la suite d'un référendum où près de 99% des habitants du Sud avaient voté pour la sécession, justement grâce à l’appui des Etats-Unis. Les négociateurs des deux camps devaient entamer, hier, mercredi 5 août, des pourparlers sur le texte de l’accord de paix qui consiste en une répartition du pouvoir entre les différents belligérants. Les observateurs ont noté que le gouvernement a exprimé des réserves sur quelques dispositions de l'accord. Le président sud-soudanais Salva Kiir Mayardit aurait même rejeté la proposition de l’Igad concernant les Etats pétrolifères du Haut-Nil, d'Unity et de Jonglei, où, selon les termes du projet d’accord, l’opposition disposerait d’une représentation de 53% (contre 33% pour le parti au pouvoir), ce qui lui permettrait de contrôler les richesses du pays, ce qui est inacceptable pour le gouvernement. C’est assurément l’odeur du pétrole qui fait bouger tout ce monde, Etats-Unis compris. Le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, qui a effectué, à la fin du mois de juillet, une visite de quatre jours au Soudan du Sud, a témoigné de la brutalité de la guerre civile qui dure depuis près de 20 mois au Sud-Soudan. C’est en décembre 2013 que les violences ethniques ont éclaté entre les troupes fidèles au président Salva Kiir, de la tribu Dinka, et les partisans du vice-président Riek Machar, appartenant à la tribu Nuer, faisant des milliers de morts. Selon Stephen O'Brien, environ 4,6 millions de personnes sont confrontées à une grave insécurité alimentaire et plus de deux millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont fui leurs maisons. Cette situation préoccupe l’'Union africaine (UA) qui vient de réaffirmer son inquiétude devant la poursuite des combats et les attaques contre les civils. Le Conseil de paix et de sécurité qui a reçu le rapport de la commission d'enquête de l'UA sur le Soudan du Sud a condamné les violations de l'Accord de cessez-le-feu conclu le 23 janvier 2014 entre les parties en conflit. Pour sa part, le Conseil de sécurité de l'ONU s’est également déclaré déçu par les comportements du président Salva Kiir et de l'ancien vice-président Riek Machar, dont les ambitions personnelles ont été placées avant l’intérêt de leur pays et de leur peuple et ont nui à la construction de l’Etat du Sud-Soudan. Le Conseil de sécurité de l'ONU s’est prononcé pour une solution politique à la crise du Sud-Soudan et s’est limité à appeler à des sanctions contre les responsables de ce conflit, sans aucune référence ni même allusion à une intervention militaire, envisagée visiblement par les Etats-Unis.
Houari Achouri
 

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