Ankara fait libérer la famille d’un joueur évoluant en Turquie : paiement de rançon ou relations secrètes ?

L’information rapportée par Hürriyet Daily Newsest surprenante. Selon ce journal turc à très grand tirage, le club turc Trabzonspor a sollicité les autorités d’Ankara pour intervenir auprès du groupe terroriste nigérian Boko Haram pour faire libérer la famille du joueur camerounais Stéphane M'bia, dont la famille était retenue en otage au Cameroun. Hürriyet Daily Newsexplique qu’à la demande de Stéphane M'bia, le club a sollicité le ministère turc des Affaires étrangères pour intervenir et secourir les proches du joueur dont les parents et les deux frères et sœurs seront effectivement libérés et accueillis en Turquie. Au-delà du geste humanitaire des autorités turques, il se pose la question de savoir comment Ankara a pu obtenir du groupe sanguinaire Boko Haram la libération de ces otages «chanceux». Le journal turc parle de «moyens mobilisés par la Turquie», sans préciser de quels moyens il s’agit, hormis sans doute un avion qui a dû exfiltrer ces ex-otages du Cameroun qui ont d’abord été conduits dans une zone sécurisée avant de bénéficier d’un visa pour se rendre en Turquie, rapporte le journal, qui ne donne aucune information sur la manière dont a été conclu cet accord entre le gouvernement turc et les terroristes de Boko Haram. Le club turc Trabzonspor a-t-il payé une rançon à ce groupe sanguinaire en contrepartie de la libération de la famille de son joueur ? Ou Ankara entretient-il des relations secrètes avec ces terroristes qui sèment la terreur en Afrique de l’Ouest ? La Turquie, qui commence à subir le retour de flamme de son soutien aux rebelles syriens, a grandement participé au déclenchement de la guerre civile qui fait rage en Syrie depuis quatre ans et qui a fait plus de 200 000 morts jusqu’à aujourd’hui. La position de ce pays vis-à-vis du terrorisme islamiste est plus qu’ambiguë. Son Président, Tayyip Erdogan, issu du parti islamiste AKP, a instauré une nouvelle politique étrangère depuis son accès au pouvoir dans son pays, d’abord en tant que Premier ministre puis chef de l’Etat, fondée sur l’interventionnisme tous azimuts, encourageant les soulèvements arabes et permettant aux djihadistes venant de plusieurs pays arabes de transiter par la Turquie pour participer à la rébellion armée en Syrie. Dans le même temps, le gouvernement turc accule les Kurdes, ennemis jurés d’Ankara, qui tentent de repousser les attaques de l’autre mouvement terroriste, Daech. Les combattants kurdes se trouvent ainsi pris en étau entre Daech et l’armée turque. Cette nouvelle information rapportée par Hürriyet Daily Newsne fait qu’accentuer le doute sur les objectifs cachés d’Erdogan, humilié plusieurs fois par Israël dont l’armée avait tué plusieurs de ses compatriotes qui avaient voulu briser l’embargo imposé par Tel-Aviv à Gaza, sans que la Turquie bouge le petit doigt suite à ce casus belli avéré. Au début des événements en Syrie, un avion de guerre turc avait été abattu par la défense aérienne syrienne, et on ne sait pas, à ce jour, quel était le but d’Ankara en envoyant un de ses chasseurs au plus près de la frontière syrienne. L’affaire Stéphane M'bia vient s’ajouter au flou qui entoure la position de la Turquie vis-à-vis du terrorisme islamiste.
Karim Bouali

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