Peines contre les journalistes : la LADDH relève une faille juridique

La Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (LADDH) estime que les journalistes sont condamnés pour diffamation dans 80% des cas, pointant du doigt «une faille» à la fois dans le Code l’information et le Code pénal algérien. Dans un communiqué adressé à notre rédaction, la Ligue se dit «préoccupée » par le nombre de comparutions de journalistes devant les tribunaux, et dénonce avec vigueur les poursuites judiciaires dont ils font l’objet. Le communiqué relève que la majeure partie des poursuites pour diffamation qui entraîne, chaque année, des centaines de journalistes, des rédacteurs en chef et d’éditeurs de presse devant les tribunaux, aboutissent en faveur des plaignants, lesquels, estime la LADDH, «profitent d’une disposition de l’actuel Code pénal qui punit le journaliste pour toute information pouvant porter atteinte aux responsables, abstraction faite de sa véracité ou non-véracité». La Ligue trouve incompréhensible que cette faille n’ait pas été prise en considération par le nouveau Code de l’information ; ce qui laisse les journalistes à tout moment exposés à des poursuites pour diffamation et, par-là, «menacés de condamnations à des peines de prison avec sursis et à des amendes qui ne descendent pas en deçà de 50 000 DA», ajoute le communiqué. La Ligue cite des exemples récents illustrant cette situation alarmante qu’endurent les journalistes algériennes, notamment dans les régions de l’intérieur. Le cas de trois correspondants de la wilaya de Khenchela, poursuivis respectivement par le wali, le secrétaire général et le président de l’APC, reflète, aux yeux de la LADDH, cette volonté de « bâillonner la presse ». Pour la Ligue, le classement de l’Algérie à la 119e place en matière de liberté de la presse est la preuve de cette régression dans le domaine de liberté de presse et d’expression. Pour remédier à cette situation, la LADDH préconise une série de mesures susceptibles de mettre fin aux abus dont sont victimes les journalistes : introduction de nouvelles dispositions dans l’actuel Code de l’information, dépénalisant l’acte d’informer, à travers l’instauration du «droit de réponse», mise en place de nouveaux dispositifs garantissant aux journalistes le droit d’exercer leur métier sans restrictions, facilitation d’accès aux sources d’information, etc.
R. Mahmoudi
 

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