Complexe sidérurgique d’El-Hadjar : le «conflit» oublié

Après les affrontements inédits dont a été le théâtre le complexe sidérurgique d'El-Hadjar au début du mois, la situation est loin de se normaliser. En grève depuis trois mois, les travailleurs de l’AMPTA étaient poussés à la voie extrême après avoir épuisé tous les recours. D’où ce climat insurrectionnel sans précédent qui risque de mener le complexe vers une paralysie durable qui va hypothéquer l’avenir du site et des 5 000 travailleurs qu’il emploie. Le constat alarmant que font les observateurs, aujourd’hui, est que l'entreprise AMPTA, détenue à 70% par ArcelorMittal et à 30 % par Sider, est dans une mauvaise posture avec un recul de sa production du fait de son incapacité à «satisfaire aux normes compétitives». Face à la détermination des grévistes, l’administration, appuyée par la justice, continue à faire la sourde oreille et n’envisage aucun dialogue fructueux pour sortir de cette dangereuse impasse, même après les incidents ayant émaillé le mouvement de grève. Les protestataires avaient, pour rappel, été amenés à utiliser des gourdins, des barres de fer et des blocs de pierres pour empêcher l’entrée au complexe. Pourtant, le chargé de communication d’ArcelorMittal Algérie, Mohamed Kacha, a lancé une alarme. Selon lui, les installations industrielles sont menacées du fait de la paralysie de l’usine à cause du conflit. Ce blocus mené par les travailleurs place le complexe d’El-Hadjar et les installations industrielles du site hors de tout contrôle, «une situation jamais observée auparavant», a indiqué le responsable. Conséquence de ce pourrissement, le conseil syndical de l’entreprise, confronté à des divisions internes, est lui-même au bord de l’explosion. Ainsi, après la réintégration du secrétaire général du conseil syndical AMA, qui avait été exclu à la suite d’un vote organisé dimanche dernier, et soupçonné de proximité avec le directeur général de l’entreprise, le porte-parole du syndicat a décidé d’entamer une grève de la faim depuis lundi pour réclamer sa réhabilitation dans son poste et dans ses droits. Selon des échos qui nous sont parvenus du complexe, puisque la presse y est interdite d’accès, la situation risque à tout moment de dégénérer à nouveau. Pendant que la direction s’obstine à refuser toute discussion sur les deux principales revendications des travailleurs : l’augmentation des salaires et la révision de la grille des primes.
R. Mahmoudi

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