Le culte du secret et la raison d’Etat ont façonné une fausse image du général Toufik

Les journalistes qui traitent, en dehors des communiqués officiels, de la mise à la retraite du général Toufik sont bien embarrassés ; ils n’ont que le fait lui-même, rien à côté à se mettre sous la dent. Obligés d’écrire sur leurs journaux ou leurs sites électroniques, ou d’en parler sur leurs chaînes de télévision, ils sont contraints de «broder» avec les bribes qu’ils entendent ici et là. Le problème est que, souvent, ce qui est écrit est inexact parce que les vérifications indispensables exigées par le professionnalisme sont difficiles à faire. Certaines informations qui circulent à ce propos sont à ce point fausses, qu’elles ont poussé d'anciens compagnons d'armes du général Toufik à sortir de leur silence. Ils ont tenu à apporter leur témoignage à Algeriepatriotique,au moins pour corriger des éléments d’information concernant l’engagement au sein de l’ALN de celui qui deviendra plus tard le chef du DRS. C’est en 1958 – et non pas en 1961, comme cela a été rapporté par un quotidien national –, alors qu’il avait dix-sept ans, que Mohamed Mediene est arrivé à l’Ecole des cadres de l’ALN au Kef, en Tunisie, venant de la Fédération de France du FLN. Il fut intégré au deuxième peloton de cadres et, à la fin de son stage, fut mis à la disposition du MALG, le ministère de l’Armement et des Liaisons générales, assimilé au premier service de renseignement algérien, pour ses capacités intellectuelles. Jusqu'à l'indépendance, il a travaillé en étroite collaboration avec les unités de combat auxquelles il rendait visite fréquemment. Naturellement, ses anciens compagnons de l’ALN ne tarissent pas d’éloges à son égard et sont convaincus qu’il a fait beaucoup pour le pays à cette époque, déjà. En dehors de ce témoignage, à ce jour, peu d’éléments d’informations sont disponibles pour entretenir la chronique du départ de celui qui dirigea le DRS, sans discontinuer, durant un quart de siècle, au point où son nom s’est amalgamé à celui de l’institution. Les spéculations tournent comme en orbite autour du fait brut, qui ne laisse rien paraître, ni sur ce qu’il s’est réellement passé ni, encore moins, sur la suite. Ce vide créé par l’absence de sources crédibles pour alimenter ou inspirer les journalistes constitue le terrain de prédilection des fausses informations qui remplissent les colonnes ici et là. La courbe de vente des journaux, du moins les plus lus, a peut-être connu une pente ascendante grâce à ce sujet. Il y a certainement chez le lectorat une recherche d’articles qui en parlent pour en savoir plus que ce que disent les sources officielles. Effectivement, de tels articles ont proliféré sous la plume de journalistes habitués à écrire sur des sujets sensibles, et celui-ci en est un par excellence. Il reste, pour les professionnels des médias qui traitent de cette question et pour le public qui s’y intéresse, à souhaiter que Toufik sorte un jour très proche de l'ombre. Le fera-t-il maintenant qu'il n'est plus en poste ? Ecrira-t-il ses mémoires ? S'adressera-t-il aux médias ? Qui aura la chance d’avoir le scoop de sa première déclaration ou, encore mieux, de ses révélations ou alors tout juste de la façon dont il passe sa retraite, le témoignage d’un proche qui racontera ce qu’est un jour ordinaire pour l’ex-chef du DRS ? Il y a de la bonne matière en perspective pour les gens des médias et, pour le public, bien des histoires à découvrir.
Houari Achouri

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