Ce que l’ex-directeur de la CIA George Tenet a dit du général Toufik dans ses mémoires

L’ancien directeur du service de renseignement américain, la CIA, George Tenet, évoque dans ses mémoires parus en mai 2007 aux éditions HarperCollins sa rencontre avec le chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) récemment mis à la retraite, le général de corps d’armée Mohamed Mediene, un certain 11 septembre 2001. Le général Toufik se trouvait à Washington dans le cadre d’une mission officielle, alors même que se déroulait l’attentat contre le World Trade Center, à New York. George Tenet, qui a démissionné de la direction de la CIA en 2004 – un poste qu’il occupait depuis 1997 –, décrit le général Toufik en ces termes : «Le général Mohamed Mediene comprenait la douleur que nous éprouvions et connaissait le défi que constitue le terrorisme. Il ne pouvait que ressentir, avec dignité, de la compassion à l’égard de notre souffrance.» Un témoignage d’autant plus sincère que George Tenet admet que les Etats-Unis «n’avaient pas vraiment compris l’envergure de la menace terroriste avant le 11 septembre 2001», affirmant n’avoir pas été écouté avant les attentats de New York et Washington, alors qu’il voulait communiquer des «informations alarmantes sur une attaque terroriste en préparation», selon des médias américains à qui l’auteur avait accordé des interviews suite à la sortie de son pamphlet. L’ancien patron de la CIA consacre à son homologue algérien un passage concis mais empreint de respect, dans son essai intitulé Au cœur de la tempête : mes années à la CIA. Un ouvrage dans lequel il s’en prend sans ménagement à la politique de l’administration américaine et critique sévèrement le bellicisime de Georges W. Bush qu’il accuse d’avoir décidé d’entrer en guerre sans en avoir, au préalable, débattu avec les responsables du pays. Dans son livre, George Tenet accuse la Maison-Blanche d’avoir falsifié les rapports du renseignement et inventé une relation fictive entre Saddam Hussein et Oussama Ben Laden. Les deux hommes seront, d’ailleurs, exécutés par les services secrets américains sans doute pour taire toute révélation sur le rôle de ces derniers dans les événements qui secouent le monde arabe depuis la guerre du Golfe. A ceux qui l’accusent d’avoir gardé le silence jusqu’à 2007, l’ancien patron de la CIA rétorque que s’il n’avait jamais rendu publique son opinion sur ce qui s’était passé avant la seconde invasion de l’Irak en 2003, il n’a cependant pas manqué de la faire connaître «à l’administration» dans le cadre de son «travail». Les Etats-Unis ont toujours applaudi le rôle de l’Algérie dans la lutte antiterroriste et mis en avant l’expérience de l’armée algérienne dans la guerre contre ce phénomène transnational. Le récit de George Tenet confirme, en tout cas, l’existence d’une coopération étroite entre les services de renseignement algériens et américains qui ne date pas d’aujourd’hui. Même s’ils ne sont pas toujours écoutés par les décideurs politiques des deux pays.
Karim Bouali
 

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