Mohamed Aïssa à France 24 : «Nous devons protéger la communauté algérienne de l’extrémisme»

L’Algérie veut faire cesser la «brouille», qui se transforme en conflits meurtriers dans bien des cas, entre sunnites et chiites. C’est ce qui ressort d’une déclaration faite par Mohamed Aïssa, ministre des Affaires religieuses, à la chaîne française France 24. Le ministre a confirmé qu’il a rencontré à La Mecque, après la bousculade de Mina qui a fait plus de 769 morts et 934 blessés, les représentants des pèlerins iraniens et qu’il leur a demandé de mettre fin aux affrontements entre sunnites et chiites. Il a dit être en accord avec le chef de la délégation des pèlerins iraniens en Arabie Saoudite, sur le fait que la religion musulmane est une et qu’elle unit et ne fait pas de distinction entre les musulmans, et que l'école malékite en Algérie et les chiites en Iran «constituent deux voies identiques pour rechercher la vérité sur la religion musulmane et sur la vie du Prophète Mohamed». Il a ajouté qu’il partageait avec les Iraniens au moins un but commun qui est «comment améliorer l'image de l'islam et le sortir du cycle de la violence qu’il subit et comment agir ensemble pour un islam moderne et universel». Ces propos expliquent implicitement le refus de l’Algérie d’entretenir d’une façon ou d’une autre le clivage entre sunnites et chiites qui est brandi comme argument par les pro-Saoudiens pour justifier l’agression contre le Yémen. A propos de la bousculade de Mina, Mohamed Aïssa a estimé qu’il s’agissait d’un fait «triste et alarmant» et qu’il était dans l’attente des conclusions de l’enquête ordonnée en urgence par le roi saoudien. Il considère les pèlerins décédés comme des martyrs, affirmant que le nombre de pèlerins algériens morts est de huit et celui des blessés de dix – le ministère des Affaires étrangères a annoncé un neuvième décès, entre-temps. A Paris, le ministre algérien a rencontré le ministre français de l’Intérieur, Bernard Caseneuve, pour évaluer avec lui le stade d’avancement de l’opération de formation d’imams français chargés de diffuser dans les mosquées en France «un islam tolérant, loin des idées de violence et de djihad». Mohammed Aïssa a déclaré vouloir «protéger la communauté algérienne de l'extrémisme religieux». Il a décidé de la formation d’une deuxième promotion d’imams, d’abord en Algérie puis en France, à l’Institut Ghazali de la Grande Mosquée de Paris. La coopération de l’Algérie avec la France dans ce domaine inclut également, selon la déclaration de Mohamed Aïssa, l’organisation d’une caravane religieuse et culturelle algérienne qui sillonnera les mosquées en France et la création d’un forum algéro-français consacré à l’islam modéré et tolérant. Enfin, Mohamed Aïssa a fait l’éloge du soufisme qui est, dit-il, «une philosophie qui aide les humains à vivre de façon apaisée, loin de tout extrémisme religieux, c’est-à-dire dans les limites de l'islam tolérant et ouvert sur les autres cultures et religions, sans discrimination».
Houari Achouri

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