Marc Trévidic estime que Daech est une grave menace : le juge français a-t-il enfin compris ?

La France est l'ennemi numéro un de Daech. Ce cri d’alarme, comme le qualifie l’hebdo français Paris Match, est lancé par un juge français que les Algériens connaissent bien : Marc Trévidic, le juge, qui fut le patron du Pôle judiciaire français antiterroriste. Son nom est lié à l’affaire des moines de Tibhirine dont il a voulu, avec une rare obstination, coller l’assassinat aux forces de sécurité de notre pays, sur la base d’élucubrations recueillies ici et là, alors que tout indiquait à celui qui voulait admettre la vérité, que l’enlèvement suivi du crime abominable commis sur les moines trappistes est signé du GIA. Paris Match publie une interview exclusive avec Marc Trévidic, qui est actuellement vice-président du tribunal de grande instance de Lille. Il parle «sans tabous», nous avertit l’hebdo français. Et pour cause, les termes qu’il utilise sont nouveaux chez lui, à croire que lorsqu’il traitait de l’affaire des moines, des œillères l’empêchaient de voir l’«armée de terroristes aux moyens illimités» qu’il découvre aujourd’hui, menaçant la France en mettant à profit «la facilité d'entrer sur notre territoire pour tous les djihadistes d'origine européenne, Français ou non». Il avoue, en connaissance de cause, qu’un dispositif de lutte antiterroriste peut être «perméable et faillible», et, pour le cas de la France, sans «l'efficacité qu'il avait auparavant». En se confiant à Paris Match, le juge Marc Trévidic déclare avoir «acquis la conviction que les hommes de Daech ont l'ambition et les moyens de nous atteindre beaucoup plus durement en organisant des actions d'ampleur, incomparables à celles menées jusqu'ici». Il redoute «des actions d'envergure que prépare sans aucun doute l'EI, comme celles menées par Al-Qaïda, qui se sont soldées parfois par des carnages effroyables ». Des «carnages effroyables» commis par les groupes terroristes, les Algériens en ont connu sur leur sol pendant des années, chaque jour, revendiqués et signés par des criminels, pires, sur beaucoup d’aspects, que les barbares de Daech, mais le juge Trévidic ne savait pas encore «qui tue qui» en Algérie, ou sans doute le savait-il, mais s’agissant de notre pays, de nos services de sécurité et de notre armée, il se sentait forcé de se voiler les yeux. «Le terrorisme est une surenchère ; il faut toujours aller plus loin, frapper plus fort », c’est toujours le juge français qui parle «sans tabous». Cette vérité est-elle valable en tout lieu, en tout temps ? S’applique-t-elle à l’assassinat des moines de Tibhirine par le GIA ? La question aurait dû être posée à Marc Trévidic pour savoir si la révélation que lui ont jetée à la face les sanguinaires de Daech lui a fait changer d’avis sur les crimes commis en Algérie. Il évoque un «prix Goncourt du terrorisme», à propos de la surenchère dans le crime, et lui, qui s’est acharné sur les forces antiterroristes algériennes, quel «prix Goncourt» aurait-il ? Comment qualifier sa subite volte-face qui lui fait, enfin, voir les «facilités» qui peuvent permettre à un groupe de terroristes «aguerris», dont beaucoup, en Algérie, étaient revenus d’Afghanistan, et on les appelait les Afghans, de frapper même à quelques centaines de mètres d’une caserne. «Le dispositif antiterroriste n'évitera jamais que des hommes déterminés passent à l'action ici ou ailleurs», il consent à le dire. Il pointe du doigt les «islamistes» et il reconnaît aussi que la situation peut être telle que «nous ne sommes plus en mesure de prévenir les attentats comme par le passé. On ne peut plus les empêcher. Il y a là quelque chose d'inéluctable». Il a fallu que le terrorisme frappe à sa porte pour qu’il le constate. Pour la France, le juge Trévidic envisage le pire : «L'idée que nous soyons un jour confrontés à une ou plusieurs campagnes d'attentats majeurs ne peut être écartée.» Peut-on considérer l’interview du juge Trévidic par Paris Match comme un aveu de son parti pris, calqué sur celui des officiels français, dans l’affaire des moines de Tibhirine ? Dans les faits, c’est bien le cas. Ira-t-il jusqu’à reconnaître que dans cette affaire, il s’est trompé ?
Houari Achouri
 

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