Une contribution de Bachir Ouazène – Plaidoyer pour une véritable «éducation au civisme»

Même si elle compte parmi les buts des éducateurs et des enseignants en Algérie, «l'éducation au civisme» ne bénéficie pas de toute l'attention qu'elle mérite. On se fie trop à la famille, à l'imam de la mosquée ainsi qu'à l'école pour inculquer à la jeunesse les principes de la loyauté, de la droiture et du respect du devoir de solidarité, considérés comme principales composantes du civisme. Ailleurs dans le monde, cette vision traditionnelle de «l'éducation au civisme» est pensée comme nécessaire, voire préalable, à l'exercice de la citoyenneté. Partant de là, dans une démocratie, le gouvernement est responsable de «l'éducation au civisme» pour que les citoyens soient mieux éclairés sur le statut légal de la citoyenneté qui leur confère des droits civils, politiques et sociaux, mais aussi des obligations. Beaucoup préfèrent oublier que ces obligations contribuent aussi à la formation d'un bon citoyen pour lui permettre de participer pleinement à la vie de la société, à la recherche du bien commun. Pour cela, il faut qu'il soit armé de valeurs civiques et de respect mutuel vis-à-vis de ses semblables. C'est en cela que «l'éducation au civisme» transforme l'acte citoyen en un idéal de justice et de devoir à partir duquel les réalisations de chaque membre de la communauté nationale sont mesurées et vers lequel les aspirations de toutes et de tous peuvent tendre. Dans cette optique, chaque citoyen doit assumer les obligations politiques qui lui incombent, mais aussi se reconnaître dans les valeurs établies de la société à laquelle il appartient pour défendre et faire prospérer le bien commun. Le développement de ce bien commun passe, en effet, par «le respect d'autrui, la volonté d'assumer ses responsabilités et de travailler avec les autres, le fair-play, la modération, la rationalité, l'esprit ouvert et objectivement critique, la serviabilité et la loyauté envers les voisins, les amis, la famille, l'école et l'entourage». Toutes ces qualités et bien d'autres, telles que l'intégrité, l'honnêteté, l'équité, la générosité, la responsabilité de ses propres actes, le respect de l'environnement, le partage ou l'initiative pour entreprendre, favorisent l'amour de sa terre et une plus grande loyauté vis-à-vis de son pays et de son peuple. L'objet de «l'éducation au civisme» est donc cette discipline qui, au-delà de la connaissance par l'homme de l'histoire, de la géographie, des institutions et des lois de son pays, vise à éveiller en chaque citoyen, le véritable sens de son acte citoyen. Etre et agir en citoyen c'est véritablement aimer la terre de ses pères, de ses ancêtres, la terre qui a vu son peuple, obligé, comme en Algérie, de se battre pour sa liberté, sa survie, son unité, et pour la protection de son territoire. Etre citoyen et agir en citoyen c'est s'attrister des malheurs de son peuple, mais désirer et travailler pour que son pays réalise de grandes performances économiques, sociales et culturelles. Etre citoyen et agir en citoyen c'est enfin avoir conscience d'appartenir à une nation envers qui on a des devoirs à accomplir et non pas uniquement des droits à faire valoir. Toutes ces attitudes et ces comportements qui conviennent au bon citoyen et le font agir comme un élément conscient et actif du peuple, qui l'incitent à travailler non seulement pour soi, mais aussi à apporter chaque fois un supplément d'expérience, d'intelligence, de volonté, de courage et d'espérance pour le bien du pays peuvent être obtenus grâce à une «éducation au civisme» pour ne pas subir selon Jaurès «la loi du mensonge triomphant qui passe toujours et ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche… aux applaudissements imbéciles et hypocrites et aux huées fanatiques». Surtout si ces applaudissements ou huées émanent de gens qui ne proposent jamais rien parce qu’ils n’ont aucune culture authentique ni aucun respect pour rien, sauf l'argent ou la dénonciation gratuite qui mettent à nu leurs faiblesses et leurs extravagances.
Bachir Ouazène
Co-président de l'Anaaf
Ancien député
Avec la collaboration du secrétariat général de l'Anaaf

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