La LADDH dénonce l’impunité dont jouit Madani Mezrag

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme dit avoir appris «avec stupeur» la perquisition des locaux de la chaîne Al-Watan TV et la saisie de matériel opérées dans la matinée du 12 octobre par la police sur ordre du wali d’Alger, lequel a agi à la demande du ministère de la Communication. Cette fermeture est intervenue quelques jours seulement après le dépôt d’une plainte par le ministère contre la chaîne de télévision accusée d’avoir permis à Madani Mezrag de porter atteinte aux symboles de l’Etat. Et Madani Mezrag ? Pour Houari Kaddour, secrétaire national de la LADDH chargé des dossiers spécialisés, Madani Mezrag jouit tout simplement de l’impunité puisqu’il ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire pour ses propos qui ont porté atteinte aux symboles de l’Etat. Houari Kaddour ira encore plus loin en rappelant le traitement «spécial» dont bénéficie depuis quelques années l’ex-chef terroriste. Il revient sur le fait qu’il soit «protégé par la force publique dans ses activités illégales de regroupement de ses troupes dans les forêts depuis l’année 2000». Il souligne également le fait qu’il figure parmi les soutiens directs au président de la République. Madani Mezrag avait pris part aux meetings de campagne de Bouteflika lors des élections présidentielles de 2014. Il a été reçu par la suite «dans les salons de la République pour discuter des affaires de l’Etat, érigé en personnalité nationale», indique Houari Kaddour pour lequel l’affaire de la fermeture d’Al-Watan El-Djazairia «révèle l’ampleur de l’hypocrisie du pouvoir». Un pouvoir, selon lui, qui refuse de mettre en application la loi sur l’audiovisuel pour maintenir sous chantage constant les chaînes de TV privées. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme considère que «seul un organe de régulation tel que prévu par la loi sur l'audiovisuel est légalement habilité à examiner les éventuels manquements aux règles édictées par ladite loi». Ces mesures instruites par l'administration constituent, d’après Houari Kaddour, des atteintes à la liberté d’expression et à la liberté de la presse garanties par la Constitution et les conventions internationales relatives aux droits civils et politiques ratifiées par l’Algérie. Des atteintes que la LADDH dénonce énergiquement, appelant dans ce sillage à la suppression effective de l’Etat d’urgence de fait imposé par le pouvoir à l’encontre de l’exercice des libertés individuelles et collectives. La ligue joint sa voix à celle des organisations et partis qui se solidarisent avec les journalistes pour l’exercice du droit à l’information et des libertés. Pour Houari Kaddour, il est impératif de riposter à cette offensive contre la liberté d’expression en appelant tous les acteurs de la société et les citoyens à la mobilisation pour faire face à la menace qui pèse sur les libertés. La fermeture de cette chaîne de télévision a mis à nu la politique de deux poids, deux mesures appliquée par le ministre de la Communication. Car Madani Mezrag s’est déjà exprimé sur d’autres canaux médiatiques où il avait tenu des propos d'une extrême gravité sans qu’il y ait plainte contre lui ni fermeture des chaînes qui lui avaient ouvert leurs plateaux.
Rafik Meddour
 

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