Arrêté controversé du wali de Béjaïa : vers une riposte citoyenne

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) et le RCD ont réagi au dernier arrêté du wali de Béjaïa, Ouled-Salah Zitouni, interdisant l’utilisation des infrastructures de la wilaya pour les rencontres politiques. «La LADDH qui a pris connaissance de cet arrêté, exprime toute son inquiétude et son indignation quant à la volonté du nouveau wali de restreindre le champ des libertés et d’activité de la société civile, et de freiner son essor et son dynamisme qui constitue aujourd’hui un modèle de réussite à l’échelle du tout le pays». Pour la LADDH, «le nouveau wali qui, à son installation, s’est engagé à redémarrer la machine de développement dans la wilaya de Béjaïa exprime bien sa vision étriquée, alors que le développement ne peut être réussi qu’avec l’implication et la participation de la société civile locale». La LADDH estime, en effet, «que la culture ne se résume pas aux spectacles et aux carnavals, mais englobe bien l’éducation au sens large et la sensibilisation de la société sur toutes les questions qui la concernent». «Les organisations de la société civile qui souffrent déjà du manque des espaces d'activités, du soutien financier et matériel de l’Etat et des travers de la nouvelle loi sur les associations viennent de subir une nouvelle attaque qui ne vise que l'étouffement du droit d’association et d'organisation», note encore la LADDH qui interpelle les autorités du pays à lever cette interdiction «en contradiction avec le droit». La LADDH a appelé les associations et organisations de la société civile locale à une réunion de concertation ce mercredi au CDDH de Béjaïa pour «étudier cette nouvelle situation et chercher les voies et moyens en vue d'une riposte citoyenne concertée et commune».
RCD : «Le wali se trompe d’époque et de région»
Réagissant à l’arrêté du wali de Béjaïa, le bureau régional du RCD de Béjaïa estime, de son côté, que cette interdiction «invite à chanter les louanges du pouvoir et l’allégeance aux maîtres du moment». Dans une déclaration au vitriol, rendue publique mardi et intitulée «Atteintes aux libertés à Bgayet : l’horloge déréglée du wali», le parti de Mohcine Belabbas juge qu’«après avoir voulu interdire aux élus tout déplacement en dehors de leur wilaya sans son autorisation, cette nouvelle sortie du wali est bien un fait d’autocrate, d’un personnage qui se trompe d’époque et de région». Et de poursuivre : «Vouloir étouffer le dynamisme politique et associatif de la région, et chercher à museler l’expression citoyenne ne peut être accepté.» Plus virulents, les auteurs de la déclaration parlent d’«une feuille de route obsolète dictée par un pouvoir corrompu et illégitime qui a longtemps ruiné la région et étouffé son essor». «Si ce wali, lit-on encore, veut s’attaquer aux urgences, assez nombreuses, dont ne cessent de décrier les citoyens de la wilaya, il n’a qu’à se mettre au travail !» Le RCD accuse ouvertement le premier magistrat de la wilaya de Béjaïa de vouloir, à travers cette instruction, «remettre en cause la liberté d’expression, de regroupement et de manifestation» et appelle à «des actions fermes de tous les acteurs qui luttent pour l’idéal démocratique».
R. Aït Ali

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