Encore un anniversaire de Novembre sans incrimination du colonialisme français

Par Cheikh Hamdane – Bientôt, nous célébrerons le 61e anniversaire du 1er Novembre. Cette célébration gardera un goût amer tant que le colonialisme français n’a pas été incriminé pour ses crimes contre l’humanité et de guerre. A cette occasion, nous saluons la position du ministère des Moudjahidine et de l’ONM, qui sans cesse ont revendiqué l’incrimination du colonialisme. Le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine, Saïd Abadou, a appelé encore une fois les forces nationalistes et les patriotes à adopter une loi incriminant le colonialisme français en Algérie. L’ONM, qui a tenu son congrès à Alger, a insisté pour faire adopter le projet de loi incriminant le colonialisme français en Algérie : «Nous nous n’abandonnerons jamais ce projet, c’est une question de principe pour tous les Algériens.» Le secrétaire général de l’ONM a dénoncé l’ancien Parlement pour avoir mis en veilleuse le projet de loi qui accuse le colonialisme de crimes contre la population algérienne. «Pourquoi ce texte a été rejeté par le bureau du Parlement ? Pour nous, c’est une déception, car le texte remis à l’APN demeure dans un tiroir à l’APN depuis 2010.» Les députés ont une responsabilité devant l’Histoire et les martyrs. Pour des citoyens algériens, cette mise en veilleuse de ce projet d’incrimination du colonialisme est le reflet d’une certaine complicité avec l’ennemi d’hier, alors pour d’autres, il s’agirait de la préservation d’intérêts de certains hauts responsables qui possèdent des biens en France. Plus encore, d’aucuns constatent que certains collaborateurs du colonialisme sont infiltrés au sein du pouvoir. En conclusion, aucun discours n’a été diffusé pour permettre aux Algériens de comprendre les raisons réelles de ce silence et de la mise en veilleuse ou de l’ajournement du projet. Ce silence radio a entraîné bien évidemment des spéculations. Quant aux anciens moudjahidine et aux patriotes, ils ne sont pas encore mobilisés pour mettre toute la pression afin que ce projet soit adopté et validé par les députés. Il faut rappeler que Ahmed Ouyahia, ancien chef de gouvernement et secrétaire général du parti politique RND, fut l’un des plus farouches opposants à ce projet de loi élaboré par 25 députés, soutenus par Abdelaziz Belkhadem. «C’est un fonds de commerce !» avait-il déclaré alors que les initiateurs du projet redoublaient d’agitation. Mais ce projet envoyé au gouvernement Ouyahia fut bloqué. Abdelaziz Ziari avait justifié cela en 2009 par le souci de ne pas envenimer les relations diplomatiques entre Alger et Paris, qui étaient au point mort à cause de l’affaire du diplomate Hassani arrêté en France. Ouyahia va plus loin encore, ses déclarations à Al-Khabar confirment que l’Etat ne veut pas enfourcher ce cheval de bataille de la famille révolutionnaire. En fait, il a le mérite d’assumer publiquement le fait de jouer le mauvais rôle et que le sobriquet d’«homme des sales besognes» ne le dérange pas. C’est un peu la même chose quand Ouyahia avait invité Erdogan à ne pas faire de la «guerre d’Algérie un fonds de commerce» pour «punir» la France qui voulait pénaliser la négation du génocide arménien. La déclaration avait effarouché les islamistes du MSP notamment, mais tout le monde a fini par comprendre qu’Ouyahia parlait au nom de l’Etat algérien. Concernant la guerre de Libération nationale, l’ex-patron du RND maintient sa ligne de conduite qui consiste à soutenir que l’Algérie n’a pas besoin d’excuses de la part de la France et que cela relève de la politique politicienne. Il fait sien le discours de Boumediene à l’adresse de Giscard d’Estaing : «la page du colonialisme est tournée mais pas déchirée». Une façon de suggérer que l’exigence du pardon de la France n’est plus à l’ordre du jour. L’a-t-elle été un jour, d’ailleurs ? Oui, diront les patriotes, mais cessons de ménager les Français et considérons que la France comme n’importe quel pays, donc, pas de privilèges ! Des intellectuels considèrent que certains hauts responsables veulent ménager l’ancienne puissance colonialiste du fait que leurs enfants sont inscrits dans les écoles et universités de France, et que certains influents Algériens ont «investi» en France des fortunes. L’Algérie ne pardonnera pas à ces gens-là !
C. A.

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