Des voix s’élèvent en France contre la mainmise d’une poignée de prédateurs sur les médias

La mainmise des gros bonnets sur le monde de la presse et des médias en Europe se consolide chaque jour un peu plus, grâce aux largesses dont ils bénéficient auprès des différents gouvernements, de droite comme de gauche, mais aussi en raison de l’étiolement des résistances dans les salles de rédaction, où la lutte pour la survie s’accompagne souvent de concessions morales qui ont fait perdre leur âme à tant de titres glorieux. La tendance aujourd’hui, comme le relève le dernier éditorial du Monde Diplomatique, s’accentue avec toujours plus de «concentration» de monopole entre les mains d’une poignée d’hommes d’affaires qui constituent aujourd’hui une véritable puissance qui impose sa loi. Insatiables, des magnats de la presse comme Rupert Murdoch rachètent pêle-mêle des titres en difficulté : de Fox News prisé par les retraités américains, au Sun britannique, connu pour ses scandales et ses couvertures sensationnelles, au Wall Street Journal, le grand quotidien new-yorkais des milieux d’affaires, aucune barrière idéologique n’empêche ces prédateurs de s’en emparer. Le même schéma se reproduit en France où un seul baron, Bernard Arnault, a fait main basse sur Le Parisien-Aujourd’hui en France, Radio Classique et Les Echos qui, à l’apparence, n’ont aucun lien. Un autre prédateur, Drahi, s’est emparé du prestigieux quotidien de gauche Libération, la station radio RMC, l’hebdomadaire de droite L’Express et la chaîne de télévision BFM TV. Bolloré, lui, a accaparé Direct Matin, Canal Plus et CNews (ex-iTélé) auxquels il impose d’ailleurs une gestion des plus draconiennes. Devant cette offensive inédite, où les mastodontes de la presse capitalisent des dizaines de milliards d’euros en Bourse, comme c’est le cas de Drahi ou de Bolloré, les patrons «traditionnels» des médias comme ceux de la première chaîne de télévision française TF1 vont bientôt passer pour de «petits artisans désargentés», estime le directeur du Monde Diplomatique, Serge Halimi. «En tout cas, explique-t-il, un gouvernement insuffisamment respectueux des vaches sacrées du libéralisme aurait quelque souci à se faire s’il trouvait face à lui trois chaînes d’information continue de ce genre…»
R. Mahmoudi

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