Ksentini : «On ne peut pas se contenter d’une démocratie de façade»

Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, affirme que les élections en Algérie manquent de transparence et de sincérité. Pour lui, il est impératif d’aller vers des élections qui «reflètent le choix des volants». «On ne peut plus se contenter d’une démocratie de façade qui n’existe que dans les textes», a estimé Me Farouk Ksentini sur les ondes de la Chaîne III. Pour l’invité de la Radio nationale, la révision de la Constitution annoncée par le président Bouteflika pourra rattraper le coup et mettre le pays sur la voie de la démocratisation. Il cite le cas de l’institution d'un mécanisme indépendant de surveillance des élections, prévue dans la nouvelle Constitution, qui est «un pas gigantesque» pour la démocratie en Algérie et qui répond, selon lui, à une revendication essentielle de l’opposition. Me Ksentini a souligné le fait que «si l'opposition n’a pas participé d'une manière directe à la rédaction de la future Constitution, ses idées et propositions ont été prises en compte». Il considère cela comme rassurant en ce sens que le chef de l’Etat a tout de même tendu l’oreille aux cris de l’opposition. Me Ksentini insiste sur le rôle de l’opposition qui est primordial dans une véritable démocratie. Ainsi, il a qualifié d’«avancée considérable» le rôle plus actif donné à l’opposition parlementaire qui sera dotée de nouveaux moyens comme la saisine du Conseil constitutionnel. Me Ksentini s’est félicité de la prise en compte des constantes nationales, à savoir la préservation et la sauvegarde de l'unité nationale consolidée autour de l'histoire, l'identité, les valeurs spirituelles et civilisationnelles algériennes. «Il faut que nous ayons des références morales, historiques, intellectuelles et culturelles qui nous caractérisent», a-t-il martelé, considérant que de telles références «sont absolues et incontournables». Pour le président de la CNCPPDH, la séparation des différents pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) est également l’une des bases de la démocratisation d’un pays. «Si l'on veut aller vers la démocratie, il faut absolument insister sur la séparation de ces pouvoirs qui est l'essence même de la démocratie», a-t-il insisté. Me Ksentini, qui connaît bien les rouages de la justice, n’a pas hésité à critiquer la dépendance du magistrat du pouvoir exécutif. Il considère qu’actuellement la justice est loin d’être indépendante. «La Constitution se doit de respecter l’indépendance de la justice et de faire en sorte que le magistrat ne soit plus influencé par le pouvoir exécutif, mais de dire la loi en toute conscience». «Dès lors que la justice se soumet à l’Exécutif, souligne-t-il, les choses sont faussées.» Le juge, insiste-t-il, ne doit obéir qu’à la loi et à sa conscience. Me Ksentini a dénoncé dans ce sillage la détention provisoire dont l’usage est devenu excessif et injustifié. Il estime, en outre, que l’alternance au pouvoir est une «nécessité absolue». Car, il est extrêmement important de transmettre le flambeau aux générations futures. Il considère que les changements opérés aux plus hauts sommets de l'Etat «sont une consécration de ce principe d’alternance». Me Ksentini a, par ailleurs, critiqué le contenu des rapports produits par des ONG internationales. «Ces rapports sont manipulés, excessifs, dirigés et orientés contre l'Algérie. Ils (rapports) ne m'impressionnent pas du fait que nous connaissons leur provenance», a-t-il dit tout en reconnaissant qu’en matière de respect des libertés il y a encore des efforts à faire. «Les libertés sont, dans leur ensemble, respectées en Algérie, même si, de temps à autre, il y a des incidents qui sont regrettables et que nous dénonçons systématiquement», a-t-il affirmé.
Rafik Meddour

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