Du nouveau dans l’affaire Sonatrach-Saipem : la justice italienne avance à grands pas

Si à Alger le dossier de corruption à Sonatrach est au point mort, en Italie, en revanche, les juges chargés de l’affaire Saipem poursuivent inlassablement leur travail. Ainsi, la juge d'instruction près le tribunal de Milan, Alessandra Clemente, a autorisé la saisie de dizaines de millions d’euros d’actifs appartenant à trois personnes impliquées dans le scandale des contrats pétrolières en Algérie. Parmi ces trois accusés concernés par cette décision de justice, il y a le fameux intermédiaire Farid Bedjaoui qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par le tribunal de Milan. L’information a été révélée par le très sérieux journal italien Economia.Le juge milanais a ordonné cette saisie le 9 octobre. Outre Farid Bedjaoui, la saisie concerne également les biens immobiliers et financiers de Pietro Varone, ancien directeur des opérations à Saipem et Samyr Ouraied, administrateur de la société de Farid Bedjaoui, Perle Partners Limited, titulaire de comptes bancaires à Hong Kong et au Liban. En se basant sur l’enquête menée par les Italiens, le journal Economiarelève le lien existant entre Farid Bedjoui et Chakib Khelil. Farid Bedjaoui et les deux autres personnes suscitées sont accusés de complicité dans une opération de corruption à l’échelle internationale, en mettant en place un «vaste système de pots de vin» utilisé pour décrocher des contrats d’exploitation de champs de pétrole en Algérie. Cette affaire de pots-de-vin, dans laquelle le nom de l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil est plusieurs fois cité, devra passer devant le tribunal de Milan en décembre prochain. Elle concerne le versement de commissions et de rétro-commissions de près de 200 millions d’euros pour l’obtention de plusieurs contrats de marchés de neuf milliards d’euros en Algérie. L’enquête menée par le tribunal de Milan a prouvé l’implication de Farid Bedjaoui dans cette vaste machine de corruption, en tant que «facilitateur» et «intermédiaire».
Si l’ancien responsable d’ENI, Paolo Scaroni, a été acquitté, les autres mis en cause risquent de lourdes peines, tant les chefs d’inculpation qui pèsent sur eux sont d’une extrême gravité et les preuves tangibles. Farid Bedjaoui, Pietro Varone et Samyr Ouraied ont, en effet, comme le découvrent les enquêteurs milanais, tissé une véritable toile d’araignée qui leur permettait d’encaisser et de décaisser d’importantes sommes d’argent dans plusieurs pays sans attirer de soupçons. Ainsi, ils disposent de comptes bancaires à Hong Kong, au Liban, au Luxembourg et en Suisse. Les comptes déjà saisis en Suisse et en Asie par la justice italienne sont estimés à 37 millions de dollars. Mais le gros de la richesse se trouve surtout en Asie et aux Etats Unis, sous forme de biens immobiliers. Selon ce journal italien qui se base sur les résultats de l’enquête, ces trois inculpés disposent de neuf comptes au Luxembourg et d’un certain nombre de biens immobiliers aux Etats-Unis pour un peu plus de 220 millions de dollars, y compris deux suites présidentielles dans l’ancien hôtel Palace de New York. La décision de la justice italienne de saisir les biens de ces trois mis en cause est une preuve que les soupçons de corruption qui pesaient sur eux se confirment. L’enquête pourrait aller plus loin si la justice italienne arrivait à mettre la main sur Farid Bedjaoui qui connaît les noms des responsables algériens ayant participé à cette grave entreprise de corruption. L’affaire ne fait que commencer, donc.
Rafik Meddour

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