Embouteillages à Alger : un casse-tête chinois

Par Zerrouk Benmokhtar – Prendre sa voiture pour aller travailler est devenu un calvaire pour beaucoup d'Algérois. D'autres préfèrent prendre le bus. Eh bien, c'est pire ! En novembre 2013, le tout nouveau ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, déclarait qu’«Alger sera dotée d'une autoroute à étages à partir de 2014 pour juguler la circulation automobile». A l'époque tout le monde y a cru, ça a mis du baume au cœur des automobilistes qui ne demandaient que ça. Deux années après, ce projet, présenté comme la solution idoine à ce sérieux problème d'embouteillages, n'a pas vu le jour, le problème reste entier et même pire qu'avant. Ce n'est pas qu'il n'existe pas de solution à ce problème, mais les responsables du secteur du transport préfèrent faire la sourde oreille que de s'aventurer dans des projets qui demandent beaucoup de compétence et d'études approfondies, qui manquent énormément au secteur. Plutôt que de s'engager devant les citoyens par une décision claire et précise qui réglerait cette situation qui empoisonne leur quotidien, les responsables se perdent dans des déclarations contradictoires. Depuis, le nombre de voitures en circulation est en hausse permanente, près de quatre millions de véhicules transitent quotidiennement par Alger et ses environs, alors que la capitale est conçue pour seulement une centaine de milliers de véhicules par jour. Pour se déplacer d'un endroit à l'autre, c'est le parcours du combattant. Rejoindre son lieu de travail, avant 8 h, devient pénible : il faut se lever tôt, boire à la hâte son café… pour arriver en retard ! Les embouteillages sont une perte de temps et donc d'argent. C'est une perte économique importante. Un quart d'heure de retard par-ci, une demi-heure par-là, et c'est le patron qui vous engueule. Le plus souvent, c'est carrément une heure de perdue pour chacun des citoyens. Faites le compte, comptabilisez le nombre d'actifs dans tous les domaines, et ces retards deviennent des journées entières de travail qui partent en fumée. Les usagers des autoroutes sont dans l'incapacité d'éviter les embouteillages ; pour eux, les jours se suivent et se ressemblent, de jour comme de nuit, surtout durant l'été, des bouchons se forment dans les deux sens, et quel que soit l'itinéraire emprunté. Ajouter à cela les innombrables barrages fixes de la police et parfois de la gendarmerie, qui restent une des causes de ces bouchons, en l'absence de feux tricolores. Un manque flagrant de ces feux est constaté, 4 à 5 feux existent pour tout Alger, malgré les promesses pour la réalisation de 500 carrefours avec des feux rouges de l'ancien ministre des Transports, Amar Ghoul, et l'installation d'un centre de régulation de la circulation que la direction des transports de la wilaya d'Alger avait annoncé. Nombreux sont ceux qui se rabattent sur le métro ou le tramway. Ce mode de transport ne concerne, malheureusement, que quelques quartiers de la périphérie. Les citoyens qui habitent la région ouest de la capitale sont largement sanctionnés. En attendant, les responsables du secteur ont imaginé un système inédit, le transport maritime entre les villes côtières. Des lignes maritimes devaient relier ainsi les villes d'Alger, Zéralda, Tipasa et Boumerdès. Au départ, cette navette devait desservir le côté est de la capitale, entre la Pêcherie et Tamenfoust. Au dernier moment, les pouvoirs publics se sont rendu compte qu'il n'y avait pas de quai d'accostage. Une navette Alger-Béjaïa est lancée en grande pompe par le ministre des Transports, Boudjemaâ Talai, avec l'affrètement de deux bateaux d'une capacité de 206 places chacun par l'Entreprise nationale de transport maritime des voyageurs (ENTMV) et une autre qui reliera plus tard Alger à Skikda et Annaba. La ligne maritime Alger-Béjaïa sera interrompue deux semaines après sa mise en service. La cause, le bateau qui assure cette liaison est tombé en panne et est immobilisé. D'ici là, si aucune décision politique de vigueur n'est prise par les responsables du secteur pour revoir toute la stratégie du transport à Alger, la capitale risque de remporter le record tristement détenu par la région de Pékin, en Chine, du plus grand embouteillage de l'histoire.
Z. B.

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