Benkhalfa : «Des salaires pour compenser la levée des subventions»

Une stratégie de sortie du système des subventions généralisées vers un modèle de subventions ciblées sera engagée, et ce, à travers une libéralisation des prix qui sera compensée par l'octroi d'une allocation financière aux couches défavorisées, a indiqué mercredi le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa. «Nous avons une stratégie pour sortir, d'ici à deux ou trois ans, des subventions généralisées des prix pour aller à une vérité des prix, puis nous allons procéder à un soutien frontal à travers l'octroi d'une sorte de deuxième salaire pour les citoyens ayant des revenus inférieurs à un certain seuil», a déclaré M. Benkhalfa sur les ondes de la radio nationale. Le gouvernement, qui se penche sur la finalisation de la segmentation des populations visées, veut que les prix des produits de base comme le lait, le sucre ou l'huile, aujourd'hui inférieurs de 50% de leurs valeurs réelles, «augmentent progressivement» et que les personnes percevant un revenu inférieur à un seuil à déterminer plus tard, «recevront une sorte de deuxième salaire», a-t-il précisé. Selon lui, le gouvernement compte également libérer progressivement, dès 2016, les prix des produits tels ceux des carburants, de l'électricité et du gaz, pour les remettre «à leur valeur réelle». Le projet de loi de finances pour 2016, adopté lundi par l'APN, prévoit déjà l'augmentation des prix de ces produits énergétiques en ajustant le taux de la TVA pour passer de 7% actuellement à 17% sur la vente de gasoil, sur la consommation du gaz naturel dépassant 2 500 thermie/trimestre et sur la consommation d'électricité dépassant les 250 kilowatt-heure/trimestre, rappelle-t-on. Pour le ministre, le maintien du modèle actuel de subventions des prix, c'est à dire de manière généralisée et sans distinction entre les riches et les pauvres, est un pur gaspillage de l'argent public. «Nous allons progressivement libérer les prix parce que nous sommes à un niveau de gaspillage qui n'est supportable par aucune économie», a-t-il argué en ajoutant qu'«aucun pays ne peut maintenir, dans une telle conjoncture, 1 800 milliards de dinars (19 milliards de dollars) de transferts sociaux». Interrogé, par ailleurs, sur l'objectif escompté par l'article 66 du projet de loi, autorisant l'ouverture du capital des entreprises publiques à l'actionnariat national résident, le ministre a expliqué que le motif de cette disposition est la modernisation et le renforcement de la capitalisation de ces entreprises d'une part et «l'attrait de l'argent qui dort dans les sacs» d'autre part. «Nous sommes en 2015 et aucun pays au monde ne fonctionne avec des entreprises publiques à 100% ou s'appuie à 100% sur son budget», souligne-t-il. «Toutes nos entreprises doivent s'ouvrir, s'internationaliser y compris les grandes entreprises publiques», a-t-il insisté. Toute ouverture de capital d'une entreprise publique devra cependant respecter un certains nombre de pré-requis à savoir l'obtention de l'aval du Conseil des participations de l'Etat (CPE) et la possession d'argumentaires valables et d'instruments juridiques protégeant l'emploi et les filières concernées, a-t-il avancé. En plus, cette ouverture «n'est pas destinée aux étrangers mais elle profite uniquement aux investisseurs locaux et aux gens possédant de l'argent qui dort», a-t-il encore soutenu. Quant à l'article 71 du PLF 2016, autorisant le ministre des Finances à réajuster les budgets à travers un simple décret sans passer par le Parlement, M. Benkhalfa a estimé que cet article est entouré de «beaucoup d'incompréhension». Pour lui, il est temps que l'Algérie, à l'instar des autres pays, «dispose d'un instrument de vigilance et d'une capacité de gestion de son budget mois par mois», surtout que les projets «se comptent par milliers alors que les financements sont en baisse». Evoquant, par ailleurs, l'opération de bancarisation de l'argent informel, M.Benkhalfa a fait part d'un «bon déroulement» de l'opération mais sans indiquer le montant. Il a avisé, à cet effet, les Algériens détenteurs de fonds à l'étranger du fait que plusieurs pays s'orientent vers plus de rigueur en termes de secret bancaire, en les invitant à rapatrier ces fonds pour les investir en Algérie. «Ces gens risquent de perdre leur argent car les comptes bancaires dont les sources sont inconnues seront fermés dans plusieurs pays dans le monde», a-t-il mis en garde. Il a aussi fait savoir que le Groupe d'action financière (GAFI), chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent, va tenir sa prochaine réunion annuelle en Algérie en janvier 2016.
R. E.

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