Vietnam-Algérie : quelques données comparatives

février 17, 2016 - 10:41 apdz 0 Commentaire

Par Mohamed Benallal – «La croissance économique se mesure universellement par une progression annuelle du produit intérieur brut (PIB) d'un pays donné. Thermomètre récurrent de la fièvre productiviste et consumériste, cette mesure, calculée en pourcentage, exclut des paramètres de son calcul tout ce qui pourrait en contredire la fonction.» Jean-Claude Besson.
L’économie algérienne somnole tout juste après avoir terminé sa «kayloula»* (petite sieste) parce que la rente formidable issue des puits de pétrole était sa cigarette préférée ou plutôt son «joint» qui lui a permis de perdre la tête et de voir en un ru une rivière et en un ruisseau semblable un fleuve. La grosse cagnotte en dollars, la défaillance de la stratégie économique et l’absence de modèle, ou plus populairement d’une recette de développement économique, ont fait que la grosse cagnotte s’est rétrécie. Le pouvoir avantage cette fratrie de «boys de Chicago» au détriment du sens, du bon sens, de la raison, de la règle (droit-démocratie-séparation des pouvoirs-justice-moralisation…) et a bafoué les règles de l’Etat encore très embryonnaires (laisser-faire = morale de M. Friedman). Un pays comme le Vietnam qui a été ravagé par la puissance de feu américaine, un pauvre petit pays sans défense, a pu renaître de ses cendres. L’intelligence, la volonté et l’intégrité des Vietnamiens ont remis leur pays debout. Il faut rappeler que l’Algérie du temps de feu Houari Boumediene (Allah yarahmou) avait soutenu ce pays par tous les moyens, car il croyait au génie des Vietnamiens comme à celui des Algériens. Les données comparatives entre l’Algérie et le Vietnam portant sur l’économie, la géographie, la population, etc. montrent beaucoup de différences, politiques, économiques, sociales et culturelles.
Le Vietnam était scindé en deux Etats : au nord, la République démocratique du Vietnam, et au sud, la République du Vietnam. Les Américains avaient pris le relais des Français dans la protection de la République du Sud contre le Nord. En 1963, le président du Sud-Vietnam est renversé, et le pays devient instable et menacé par le Front national du Sud-Vietnam, le Viêt-Cong (appellation des Américains), soutenu fortement par le Nord. En 1964, les Américains interviennent militairement au Vietnam (la résolution du golfe du Tonkin), cette intervention saccage toutes les infrastructures et même l’environnement du pays, malgré cela les Américains n’arrivaient point à contenir l’insurrection des «Viêt» et le conflit s’étend au Cambodge et même au Laos. Les Etats-Unis cherchaient une issue par tous les moyens. De longues et dures négociations aboutissent en 1973 aux accords de paix de Paris et au retrait américain. Par la suite, le Nord-Vietnam réalise son offensive finale contre le Sud. Le Vietnam est réunifié en 1976. Le pays sort ravagé de la guerre et doit, avec la réunification, affronter de multiples difficultés économiques. A partir de la seconde moitié de la décennie 80, le Vietnam entame sa «perestroïka» et sa «glasnost», avant celle de Gorbatchev en 1986, il libéralise son économie, s'affirmant progressivement comme un pays émergent dynamique. Le système politique demeure cependant autoritaire, le Parti communiste vietnamien gouvernant en tant que parti unique.
La restructuration de l’économie vietnamienne avait pour but principal l’application simple et à la lettre des formules économiques qui mènent à l’augmentation du PIB (produit intérieur brut), c'est-à-dire augmenter qualitativement la demande en investissements, développer une industrie efficace orientée vers l’exportation et encourager la demande intérieure, de simples formules pour atteindre l’objectif fixé. En 2015, la croissance vietnamienne a atteint 7% (bureau national des statistiques), le PIB national connaît une croissance de 7%. Cela s'explique principalement par le développement de la production industrielle et de nouveaux investissements étrangers. En 2014, la croissance du PIB du Vietnam s'est chiffrée à 6%. A en croire le FMI, au Vietnam, la croissance vietnamienne se maintient à un niveau élevé grâce aux exportations des entreprises qui ont reçu des investissements étrangers et à la demande intérieure. La Banque centrale du Vietnam a dévalué trois fois sa monnaie nationale, la raison est bien légitime, et ce, afin d'encourager les exportations de l’excédent de la valeur ajoutée. Cependant, les effets positifs de la planification économique permirent de redresser l'économie après la fin de l'embargo américain. Depuis les années 2000, on parle même d'un décollage économique, puisque le taux de croissance réel du PIB prend une forte allure ascendante. Certes, le Vietnam est l'un des partenaires principaux des Etats-Unis dans la région, malgré la récession qui a quelque peu affecté le commerce entre les deux pays. Le Vietnam est devenu par la force de son économie un exportateur important de produits agricoles et aussi d'énergie (tout d'abord de pétrole brut) sur le marché américain. Le dynamisme de l'économie américaine est par conséquent très important pour la santé économique du Vietnam. Le Vietnam est un des leaders mondiaux dans les domaines du thé, du café, des fruits de mer, du maïs et de certains fruits exotiques ; les secteurs industriels à forte valeur ajoutée se développent eux aussi ces dernières années, ils ont boosté la croissance à un niveau très appréciable. C'est le cas, par exemple, de la construction navale : aujourd'hui, le pays couvre ses propres besoins en la matière, mais exporte également une partie de sa production. L'industrie du bois progresse, elle aussi, de manière considérable. Les investissements étrangers dans ce secteur ne cessent de croître, les entreprises principales se trouvent au centre et au sud du pays. Une partie importante des meubles produits par le Vietnam est ensuite exportée vers plus de 100 pays y compris l’Algérie vu leur bonne qualité. Le Vietnam est un pays agricole, industriel et touristique, il a su jouer dans ces trois secteurs formidablement et dynamiquement. L'inflation est également au plus bas depuis 15 ans, elle est à 0,63%, presque insignifiante. La croissance du tourisme se traduit par l'implantation de chaînes d'hôtels de niveau international, l'augmentation de la qualité des services, l'injection de capitaux étrangers dans le secteur de l'hôtellerie et la restauration, ainsi que l'ouverture de nouveaux lieux de divertissement et de repos. En 2016, la croissance économique devrait se chiffrer à 6,7%. Selon l'agence Bloomberg, le gouvernement vietnamien envisage de faciliter et d'améliorer le travail des hommes d'affaires, ainsi que d'accorder une attention particulière au secteur privé. Le Premier ministre vietnamien (Nguyễn Tấn Dũng), a promis au Parlement, il y a quelque temps, d'augmenter la productivité du pays entre 2016 et 2020. Petite comparaison : la surface de l’Algérie fait environ sept fois celle du Vietnam, alors que ce pays est deux fois et demie plus peuplé que l’Algérie. Seulement, le chômage est moins important au Vietnam (2,1% contre 9,8% en Algérie), alors que le PIB est de 5 361 dollars en Algérie grâce à la rente et de 1 895 dollars au Vietnam grâce à la valeur ajoutée. Place aux commentaires des lecteurs.
M. B.

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