Si les barons parlaient…
Par Kamel Moulfi – Dans l’ambiance de morosité qui caractérise depuis quelques mois l’Algérie – gouvernement et peuple, selon la formule utilisée en d’autres occasions –, un secteur se porte bien, mais ne le montre pas : l’informel. Il tire son épingle du jeu et continue de prospérer comme s’il était immunisé contre les incidences du contexte qui, pourtant, d’après les experts, est défavorable à toute activité. Si les barons de l’économie parallèle se mettaient à parler, qu’est-ce qu’ils diraient ? «Pourvu que ça dure !» On ne les entendrait pas se plaindre du «manque de visibilité» dans la démarche du gouvernement et de l’absence de cohérence du discours officiel, au contraire, tout ce qui est flou sert leurs intérêts. Ils sont en dehors de la loi, mais passent pour faire de la résistance au système… fiscal dont l’injustice, certes, est flagrante, mais pas à leur encontre, plutôt sur les salariés «prélevés à la source». L’informel est le parfait indicateur de l’indigence de l’Etat de droit dans notre pays, dans la mesure où il est le premier et grand bénéficiaire du laxisme dans l’application des lois, et pas seulement celles qui concernent les activités économiques et commerciales. Il est indéniable que cette situation ne peut naître et se développer sans la corruption, à travers les pratiques de concussion et de trafics d’influence qui neutralisent le cadre juridique qui régit les activités économiques et commerciales. C’est une vraie formule «gagnant-gagnant» qui a été mise en œuvre par les acteurs du secteur de l’informel pour créer des vides juridiques de fait, et le grand perdant est le citoyen honnête qui paie, d’une façon ou d’une autre, la différence. Dans son interview accordée à Algeriepatriotique,Slim Othmani dénonce implicitement cette absence d’Etat de droit qui fait que les Algériens sont désarmés face à l’informel. Aux pratiques des acteurs de l’économie parallèle, qui ne cherchent que leur profit au détriment du reste, l’Etat répond honteusement par la mansuétude à travers les supplications à rejoindre les rangs du formel. Autant les encourager à persévérer.
K. M.
Comment (15)
Les commentaires sont fermés.