Si les barons parlaient…

Par Kamel Moulfi – Dans l’ambiance de morosité qui caractérise depuis quelques mois l’Algérie – gouvernement et peuple, selon la formule utilisée en d’autres occasions –, un secteur se porte bien, mais ne le montre pas : l’informel. Il tire son épingle du jeu et continue de prospérer comme s’il était immunisé contre les incidences du contexte qui, pourtant, d’après les experts, est défavorable à toute activité. Si les barons de l’économie parallèle se mettaient à parler, qu’est-ce qu’ils diraient ? «Pourvu que ça dure !» On ne les entendrait pas se plaindre du «manque de visibilité» dans la démarche du gouvernement et de l’absence de cohérence du discours officiel, au contraire, tout ce qui est flou sert leurs intérêts. Ils sont en dehors de la loi, mais passent pour faire de la résistance au système… fiscal dont l’injustice, certes, est flagrante, mais pas à leur encontre, plutôt sur les salariés «prélevés à la source». L’informel est le parfait indicateur de l’indigence de l’Etat de droit dans notre pays, dans la mesure où il est le premier et grand bénéficiaire du laxisme dans l’application des lois, et pas seulement celles qui concernent les activités économiques et commerciales. Il est indéniable que cette situation ne peut naître et se développer sans la corruption, à travers les pratiques de concussion et de trafics d’influence qui neutralisent le cadre juridique qui régit les activités économiques et commerciales. C’est une vraie formule «gagnant-gagnant» qui a été mise en œuvre par les acteurs du secteur de l’informel pour créer des vides juridiques de fait, et le grand perdant est le citoyen honnête qui paie, d’une façon ou d’une autre, la différence. Dans son interview accordée à Algeriepatriotique,Slim Othmani dénonce implicitement cette absence d’Etat de droit qui fait que les Algériens sont désarmés face à l’informel. Aux pratiques des acteurs de l’économie parallèle, qui ne cherchent que leur profit au détriment du reste, l’Etat répond honteusement par la mansuétude à travers les supplications à rejoindre les rangs du formel. Autant les encourager à persévérer.
K. M.

Comment (15)

    TheBraiN
    23 février 2016 - 10 h 59 min

    Il faut , là aussi, sortir
    Il faut , là aussi, sortir des clichés stéréotypés sur l’économie et aborder ce problème de l’informel sous un angle réaliste et typiquement Algérien (tenant compte et de la mentalité locale et des règles et us islamiques) .
    Autant l’état se doit d’exercer sa souveraineté sur l’économie dans sa globalité , autant il doit comprendre que ce secteur informel peut être plus ou moins orienté vers la croissance « formelle » et la création d’emplois « déclarés » .

    Anonyme
    22 février 2016 - 21 h 40 min

    Comment prétendre réguler un
    Comment prétendre réguler un marché qui n’existe pas ?
    Comment attendre une réaction de l’Etat, puisque l’Etat n’existe pas ?
    Non l’ Etat n’est pas absent, l’Etat n’existe pas. La composante des institutions, à savoir ses ressources humaines, a été parachutée dans tous les domaines par ceux là même qui veulent cette situation du marché informel qui rapporte pour les besoins personnels une valeur inestimable. Sinon comment comprendre que le ministre des Finances avait décidé d’intégrer la sphère informelle au sein de la sphère réelle et une des mesures qui était l’obligation, à compter du 01 juillet 2015, de l’utilisation de chèques dans les transactions commerciales, cinq millions de dinars pour l’achat de biens immobiliers et un million de dinars pour l’achat de yachts ou bateaux de complaisance , matérielle roulant neufs et d’équipements industriels neufs , de véhicules neufs soumis à immatriculation auprès des concessionnaires automobiles ou autres distributeurs agréés.
    Nous sommes Fevrier 2016 et cette mesure n’a pas été concrétisée.
    Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l’effet inverse et lorsqu’un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation sociale, la société enfante ses propres règles pour fonctionner qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s’éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer. Et sans s’attaquer à l’essence, les mesures conjoncturelles seront sans effets. La lutte contre la sphère informelle ne relève pas fondamentalement de solutions techniques mais d’une décision politique.

    benchikh
    22 février 2016 - 20 h 21 min

    que l’état voit si près les
    que l’état voit si près les groupes des barons qui se propagent comme des champignons aux parallèles du pouvoir et ses institutions.

    Bekaddour Mohammed
    22 février 2016 - 19 h 03 min

    L’informel est aussi illustré
    L’informel est aussi illustré par le fait que l’administration ne fonctionne pas selon le canon d’une administration vraie, un appel écrit ne devient audible que si un baron l’ordonne, avec cette formule « Prenez soin de Essi Flen »… Entre temps, le baron a pris son butin… de guerre. Si Kateb Yacine vivait encore, il aurait complété par « L’Algérie est le butin de guerre des barons, et autres parents », etc… Et si les parents eux aussi parlaient, juste pour dire qu’est-ce qu’ils veulent pour leur progénitures, il faut faire un sondage, peut-être alors que les barons, qui sont eux aussi des parents, se repentiront, et mettront leur génie, (Ils sont géniaux, n’est-ce pas !), au service d’un état inédit depuis l’indépendance.

    Bekaddour Mohammed
    22 février 2016 - 18 h 47 min

    Il est bon parfois de se
    Il est bon parfois de se ré-ancrer, par exemple la définition française de « Informel » : « Se dit d’une réunion sans règles fixes, ni ordre précis, mais qui s’ordonne d’une façon spontanée »… Sur ce territoire Algérie s’est érigé l’anti état, très puissant, trop puissant, un ennemi de la raison, un monde fou, qui exige une réaction qui semble impossible, cet anti état est La Laideur en personne, les barons et leurs baronnes ont tout détruit, tout… Ah, si les baronnes parlaient elles aussi !

    tahar
    22 février 2016 - 17 h 19 min

    l’informel économique dans
    l’informel économique dans notre pays a ses causes, ses protecteurs, ses ramifications et ses réseaux politiques et institutionnels. Il produit la corruption et s’en nourrit.

    Il est apparu au grand jour, durant la décennie rouge, sous le coup de la loi de 1991, levant le monopole de l’État sur le commerce extérieur, et sous le coup, quelques années plus de l’État de non-droit, produit par l’État d’urgence.

    Certains barons de l’import-import, ont commencé à disposer des boulevards de non-droit nocturne, ou seuls les camions de la nomenklatura circulaient librement de nuit dans le pays, transportant toutes sortes de marchandises, dégrevées de tout impôt, de toute taxe, hormis la tchippa payée aux protecteurs, pour ceux qui ne disposaient pas du sésame de libre circulation.

    Une nouvelle race de commerçants- importateurs, et d’affairistes va s’engouffrer à son tour dans le créneau, pour inonder le marché de produits, vendus hors tva, sans facture, à des revendeurs ne disposant eux-mêmes ni de locaux commerciaux ni de registres de commerce, ni même de comptes bancaires.

    Une faune de contrebandiers, d’hommes de pailles, de trabendistes, a commencé à inonder; à coup de containers de 40 pieds, d’immenses souks à ciel ouvert, comme souk Tadjenanet à Mila, ain-al-fakroun, khroubs, sidi-aissa, sidi-khettab (ouvert une fois par semaine de minuit au lendemain à midi).

    On voyait d’énormes cargaisons de marchandises de toutes sortes, ( allant du textile, du prêt-à-porter, aux cosmétiques en passant par les meubles, l’électroménager, les pneumatiques et même des marchandises prohibées, exposées à des prix défiant toute concurrence ( hors taxes et hors impots)

    Pendant la décennie rouge sont apparus aussi, les petits importateurs intermittents, qui sillonnaient le monde, flanqués de « kbech » qu’ils prenaient en charge à l’aller et au retour, pour leur servir de mule, et les aider à faire passer les quantités tolérées par les douanes algériennes, dans les aéroports. De Marseille, Istanbul, Barcelone, milan, dubai, syrie, égypte, jusqu’en chine, ils revenaient chargés de vêtements, téléphones portables, pièces détachées, et autres accessoires et équipements. Business qui enrichissait tout le monde, corrupteurs et corrompus.

    l’intrusion de ces nouveaux commerçants de l’informel, dont beaucoup devinrent des milliardaires et d’autres d’éminentes personnalités politiques aujourd’hui, a introduit également la notion de vente sans factures et sans usage de chèque, pour empêcher toute traçabilité des transactions commerciales.

    En face de cela, l’administration fiscale, toujours égale à elle-même, sans réactivité et sans imagination, continua avec ses vieilles opérations coup de poing et ses campagnes d’éradication du commerce informel,sans jamais réussir à toucher aux causes profondes d’un phénomène social, produit par des politiques beaucoup plus préoccupées à ravaler les façades qu’a restaurer la confiance.

    A tout cela, s’ajoute une pression fiscale qui n’est pas faite pour résorber le commerce informel mais pour l’amplifier. Un commerçant quel qu’il soit, a besoin, pour écouler sa marchandise très vite, de pratiquer des prix concurrentiels, tout en gardant sa marge bénéficiaire intacte. Il a le choix, entre compresser ses couts d’approches (salaires, frais de transport, loyers, services divers) ou contourner les taxes et impots en vendant en hors taxes. Il est beaucoup plus tenté d’aller vers l’informel que d’en revenir.

    L’administration fiscale de son coté a le choix entre augmenter ses recettes fiscales en pressant comme des citrons, les contribuables qui sont recensés dans ses filets, ou augmenter ses recettes fiscales en élargissant son assiette fiscale, pour y introduire les commerçants de l’informel, tout en diminuant ses taxes et ses impots, pour rendre le commerce formel attractif.

    Aujourd’hui, des anciens trabendistes milliardaires sont devenus d’honorables hommes politiques, vous parlent de la chose publique, de moralité et d’éthique, oubliant d’où ils viennent et comment ils y sont arrivés.

    Avant d’assainir le commerce informel, il faudra commencer par assainir nos institutions.

    Voilà par quoi commencer pour rétablir la confiance,..

    mohamed el Maadi
    22 février 2016 - 16 h 49 min

    Quand une bande de pouilleux
    Quand une bande de pouilleux tient tout un pays en otage c’est le début de la fin.Il n’y a pas d’État en Algérie à t- il au moins exister j’en suis pas sur.
    Un algérien ne comprend que la force pas les supplications et c’est la guerre d’Algérie qui nous l’a appris .
    Il est comme cela l’Algérien su tu ne le bride pas et ne l’éduque pas à comprendre qui est le maître il n’en fait qu’à sa tête.
    Quand pendant la guerre d’Algérie il ne voulait pas payer sa cotisation et participer à la libération du pays seul le lacet de la chaussure mettait fin à sa rébellion ..

    Anonyme
    22 février 2016 - 16 h 02 min

    PENSER AUX MORTS DE CE
    PENSER AUX MORTS DE CE PAYER.
    DONNER A VOTRE PAYS
    ALGÉRIE A BESOIN DE VOUS AUJOURD’HUI
    NOS ENFANTS ONT BESOIN DE VOUS
    CONSTRUISONS L’ALGÉRIE DE DEMAIN POUR NOS ENFANTS

    Anonyme
    22 février 2016 - 15 h 58 min

    UN PATRIOTE ALGÉRIEN DOIT
    UN PATRIOTE ALGÉRIEN DOIT DÉCLARER ET PAYER CES IMPÔTS.
    LA PRISON POUR CES SABOTEURS DE L’ALGÉRIE
    LA FERMETÉ POINT

    Fakou dz
    22 février 2016 - 15 h 45 min

    Souvent les maux de l’Algérie
    Souvent les maux de l’Algérie sont présentés comme une fatalité. Or, la réalité est bien autre.
    les problèmes qui gangrènent notre pays ne sont nullement spécifiques à l’Algérie et aux Algériens, bien des pays ont connu et connaissent l’économie informelle et autres incongruences dans des dimensions bien réduites, car il y un État, des lois et des Citoyens qui dénoncent et refusent la compromission. Ce n’est pas très sorcier.
    Chez nous si ça perdure, c’est qu’on le veut bien, du décideur (État) à Mr Tout le monde. Tout le monde y trouve son compte, et tout le monde critique hypocritement, et personne ne fera rien pour changer quoi que ce soit.
    Nous sommes imbattables dans le blabla. le jour où nous déciderons de changer, les choses changeront et l’Algérie avec.

    Anonyme
    22 février 2016 - 14 h 20 min

    @Par Anonyme (non vérifié) |
    @Par Anonyme (non vérifié) | 22. février 2016 – 13:25

    Pourtant certains barons parlent : saidani…ghoul..haddad…etc…Ils sont connus pour être tous proches des bouteflika d’ailleurs….

    ______________

    Mais non, ceux que vous avez cités ne sont que les hauts parleurs des vrais barons dans l’ombre.

    Algérienne
    22 février 2016 - 14 h 09 min

    Le formel + l’informel = même

    Le formel + l’informel = même Zari3a

    Chacun fait son beurre dans cette anarchie.
    Regardez juste L’APN…Beaucoup de beznassa qui ont eu droit à une chaise.
    Ce sont les trabendistes analphabètes qui votent les lois en Algérie , d’où on ne peut avoir une loi ferme contre ces maffieux.
    Commencez par dissoudre le FLN, cette association des suceurs de l’Algérie.

    Ameziane
    22 février 2016 - 14 h 00 min

    Sans l’informel, on aura des
    Sans l’informel, on aura des industries créatrices d’emploi et de prospérité en Algerie. Ces industries feront travailler des millions d’algeriens. Il y aura des familles qui pourront avoir 3 a 4 salaires par mois. L’Algerie n’aura donc pas le besoin d’importer meme des allumettes. Tout sera fabriqué chez nous – meme les allumettes et le tabac a chiquer. Alors ce scénario n’arangera pas messieurs – 20% sous la table. Donc il faudrait tuer tout ce qui est algerien et tout ce qui pourrait etre produit en Algerie. Voila pourquoi l’informel, le trabendo et les eaux troubles sont la monnaie courante de toute république bananiere qui se « respecte »… Sans production locale on doit importer et si on importe ils pourront acheter des appartement a paris sur place. Sinon c’est pas normal d’etre normal … Alors il faudraie mener la guerre a tout ce qui est algerien et local. La preuve est visible partout.

    Anonyme
    22 février 2016 - 12 h 25 min

    Pourtant certains barons
    Pourtant certains barons parlent : saidani…ghoul..haddad…etc…Ils sont connus pour être tous proches des bouteflika d’ailleurs….

    Anti-Makhzen et Anti-AlSaoud
    22 février 2016 - 11 h 33 min

    L’économie mondiale, c’est
    L’économie mondiale, c’est l’économie créé par les Occidentaux et bah l’informel, c’est l’économie créée par les Algériens.

    Chaque est bien dans ce qu’il crée lui-même.

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