Sur quoi a porté réellement l’entretien téléphonique entre Sellal et la chancelière allemande ?

Le communiqué officiel transmis par le Premier ministère – ou la présidence de la République – à l’APS ne dit rien sur le contenu de l’entretien téléphonique qui a eu lieu entre le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et la chancelière allemande, Angela Merkel, hier. Rédigé dans la langue de bois habituelle et tournant autour du pot, le contenu du communiqué ne nous renseigne pas sur la teneur de cet entretien, sur la partie qui en a pris l’initiative et, surtout, sur les raisons de ce contact. Le communiqué officiel «précise» que «les deux parties ont abordé la question de la circulation des personnes» et qu'«il a été retenu de coordonner les actions conformément au cadre légal existant, en l'occurrence l'accord algéro-allemand sur la réadmission signé en février 1997». Dans les médias allemands, point d’information sur cet «événement». On ne saura donc pas plus sur ce que les deux responsables politiques se sont dit lors de cet échange et lequel des deux a décidé d’appeler l’autre et pourquoi. Il a été question, lors de cette communication, de «réadmission» et d’un «accord signé en 1997» entre l’Algérie et l’Allemagne. De quoi s’agit-il ? Ce protocole d’accord qui a été ratifié en février 2006, stipule que «les autorités algériennes réadmettront sans formalité les ressortissants algériens séjournant de manière illégale sur le territoire national de la République fédérale d’Allemagne, même lorsque ceux-ci ne sont pas en possession d’un passeport ou d’une carte d’identité valides, à condition qu’il soit prouvé ou démontré de manière crédible que lesdites personnes possèdent la nationalité algérienne». L’Allemagne reproche-t-elle à l’Algérie de ne pas faire assez d’efforts dans ce domaine ? «Si la nationalité ne peut pas être prouvée ou démontrée de manière crédible à l’aide des documents présentés, les autorités consulaires algériennes procéderont, sans délai, à une audition du présumé dans les établissements pénitentiaires ou les centres de refoulement», est-il encore stipulé dans le protocole d’accord qui indique, néanmoins, que l’Algérie peut émettre des réserves en cas de non-conformité de la procédure à cet accord. En effet, est-il souligné, «si la partie algérienne considère que la mise en œuvre de (…) la reprise en cas d’erreur n’est pas conforme à l’esprit et à la lettre de cette disposition, elle peut, après consultation et provisoirement, suspendre la procédure de réadmission». L’entretien téléphonique de ce mardi pourrait signifier que des divergences sont apparues dans le traitement de ce dossier, d’autant que l’accord avait été signé en 1997, c’est-à-dire au moment où l’Algérie faisait face au terrorisme islamiste qui était perçu, à l’époque, comme une «guerre civile» et, donc, comme un conflit interne à l’Algérie. La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme avait alerté, en janvier dernier, suite à la visite qu’avait effectuée Abdelmalek Sellal en Allemagne, sur la situation des ressortissants algériens menacés d’expulsion par les autorités allemandes, «après le feu vert officiel» donné par Alger.
Karim Bouali

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