Sellal : «Aucune intervention étrangère n’a mis fin à la violence»

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a affirmé que l'Algérie ne ménagera aucun effort pour soutenir toute démarche visant à unifier les rangs arabes et à affermir la cohésion de la Nation arabe. «Concernant la situation dans le monde arabe, nous soutenons que le retour de la stabilité et de la sécurité est une priorité majeure et que sans cette donne nous ne pouvons envisager une action arabe réussie ou influer sur les événements, notamment, en ce qui concerne nos dossiers importants à leurs tête la question palestinienne qui reste centrale», a indiqué M. Sellal dans un entretien accordé à la revue égyptienne El Ahram El Arabi. «L'Algérie ne ménagera aucun effort pour appuyer toutes les démarches visant à unifier les rangs arabes et à consolider la cohésion de la nation arabe» pour que celle-ci préserve sa place au sein de la communauté internationale et relève le défi du développement et du progrès, a-t-il poursuivi. S'agissant des bouleversements que connaît le monde arabe depuis 2011, M. Sellal a précisé que le temps et aussi les évènements «ont prouvé la pertinence de la lecture algérienne par rapport à ce qu'on appelle le printemps arabe». «Bien que reconnaissant indéniablement la sincérité et l'innocence de milliers de jeunes sortis dans les rues dans certaines grandes villes arabes ainsi que la légitimité de leurs revendications, l'Algérie a cependant émis dés le premier instant des réserves quant aux signes d'effondrement des Etats, d'atteinte à leur souveraineté et à leur intégrité territoriale, d'ingérence étrangère et de recrudescence de la violence verbale et physique», a-t-il cependant souligné. «Nous n'avons jamais été convaincus par un modèle unique de démocratie car nous pensons que chaque nation façonne son propre destin en se référant à son histoire, à sa civilisation et au libre arbitre de ses enfants», a -t-il encore dit. Concernant les conflits confessionnels et ethniques exploités par l'Occident pour embraser la région arabe, M. Sellal a précisé que «lorsque nous disons qu'en Algérie, l'Islam, l'Arabité et l'Amazighité sont les composantes de l'identité nationale, cela ne veut pas dire qu'au sein de notre société coexistent trois groupes ethniques car dans la personnalité de chaque algérien, l'on retrouve la foi du musulman, la sagesse du fils du désert, la bravoure de l'homme arabe et la fierté de l'Amazigh». «Il y a sans doute à l'étranger ceux qui profitent des conflits ethniques et confessionnels dans les pays musulmans et arabes ce qui doit nous interpeller et nous conduire à tirer avantage de nos différences et en faire une force et une source de richesse intellectuelle, culturelle et sociale», a-t-il soutenu, ajoutant que les Algériens ont choisi «de libérer la religion, l'identité et la langue des surenchères politiciennes et de les promouvoir en leur conférant un caractère constitutionnel et en les académisant au service de l'unité du peuple et des intérêts du pays». Interrogé sur la position de l'Algérie à l'égard de la situation en Libye sur les plans politique et sécuritaire, M. Sellal a répondu que la catastrophe dans ce pays frère était surtout humanitaire. «Les Libyens vivent une véritable tragédie et ne voient aucune issue pour sortir de la crise ni même aucun espoir de se soustraire aux manœuvres étrangères avec le spectre de la menace terroriste et de l'intervention militaire qui pèse sur leur pays», a poursuivi le Premier ministre. Il a réitéré, dans ce cadre, l'attachement de l'Algérie au principe de souveraineté de la Libye et son intégrité territoriale, appelant toutes les parties à rejeter la violence et à privilégier la voie du dialogue pour surmonter les différends et aller vers une entente nationale dans le cadre de la légalité internationale et des résolutions de l'ONU loin de toute ingérence étrangère. Concernant la crise syrienne, M. Sellal a réaffirmé que le dialogue constituait le «moyen idoine» pour le règlement de cette crise, précisant que le parrainage des Nations unies représentait une garantie de son succès. «Les souffrances du peuple syrien n'ont que trop duré et doivent cesser à travers un processus consensuel syro-syrien qui préserve l'intégrité territoriale de ce pays, sa souveraineté, son indépendance et concrétise les aspirations légitimes de son peuple à la liberté et la démocratie», a-t-il encore souligné. Le Premier ministre a évoqué la menace terroriste qui prend de l'ampleur dans la région et cible la paix mondiale. Il a souligné à ce propos que le terrorisme après «avoir détruit en grande partie l'Irak et la Syrie, a pu invraisemblablement faire le trafic du pétrole.» S'agissant de la coopération algéro-tunisienne en matière de lutte anti-terroriste, M. Sellal a affirmé que la confiance mutuelle, les intérêts communs et le respect de la souveraineté de chaque pays «sont les principes de cette coopération non seulement sur le plan sécuritaire mais dans tous les domaines». «La Tunisie est passée par une étape critique et l'Algérie a choisi d'être à ses côtés en cette période délicate», a-t-il dit, faisant remarquer que la coopération entre les deux pays dépassait l'aspect sécuritaire et portait sur une coordination politique permanente de haut niveau sur les questions d'intérêt commun aux plans régional et international. Il a tenu, à ce sujet, à réaffirmer le souci de l'Algérie de préserver ses relations privilégiées avec ce pays frère et son ambition de les hisser aux plus hauts niveaux. Sur la possibilité de voir l'Algérie participer à des actions militaires antiterroristes hors de ses frontières, M. Sellal a indiqué qu'avant d'évoquer l'option de participation à des actions militaires antiterroristes, «il conviendrait pour nous d'envisager l'efficacité et l'efficience d'une telle option. Je peux me tromper mais il ne me souvient pas qu'il y ait déjà eu une intervention militaire qui a réussi et qui a mis fin à l'existence des groupes armés. Cette démarche entraîne dans la plupart des cas des problèmes plus complexes que ceux que l'on cherche à résoudre». Après avoir rappelé l'empêchement constitutionnel à l'engagement de l'Armée nationale populaire dans des missions de combat à l'étranger, M. Sellal a indiqué que «le désespoir n'est pas permis pour un responsable politique, car, en effet même si la situation dans certains pays de notre région est extrêmement complexe, il n'est pas impossible de la régler par le dialogue et les moyens pacifiques. Nous ne devons pas accepter que l'extrémisme prenne en otage l'avenir de nos peuples». Au sujet des relations algéro-françaises, le Premier ministre a souligné que la France était un partenaire économique «important», ajoutant que les domaines de coopération bilatérale sont «nombreux et multiples» et que les deux pays travaillent actuellement sur des dossiers «précis et clairs» dans le cadre de leurs intérêts communs. Concernant la communauté nationale établie à l'étranger, M. Sellal a affirmé que l'Etat algérien «est à ses côtés en cette conjoncture délicate et rejette toutes les formes de discrimination qui la ciblent et toutes les tentatives d'assimilation du terrorisme à l'Islam».
R. N. 

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.