Le marché du label «halal» provoque une grande polémique entre les musulmans de France
L’organisation «Mosquées et musulmans solidaires» (MMS) s’élève contre l’utilisation frauduleuse du label halal à des fins purement commerciales. Dans un communiqué adressé à Algeriepatriotique, MMS interpelle vivement les autorités françaises afin de mettre fin à ce qu’elle qualifie de «souk» du label halal. «En ces temps où toute occasion est bonne pour discréditer les musulmans et leur religion, il y urgence à mettre fin au souk du label halal», a indiqué cette organisation qui relève qu’au fil des ans qui passent, «le concept du halal est devenu un attrape-nigaud qui sert à attirer des consommateurs musulmans crédules». Elle dénonce le fait qu’il soit fortement exploité par trois grandes mosquées, «arbitrairement désignées par les pouvoirs publics français, au mépris de la loi sur la séparation de la religion et de l’Etat en France, pour agréer les sacrificateurs dans les abattoirs». MMS accable la Grande Mosquée de Paris à laquelle cette organisation impute l’entière responsabilité de cette situation. «Après l'avoir agréée pendant plusieurs années, soutenue, voire faciliter son introduction dans la grande distribution et auprès d'industriels spécialisés en produits carnés destinés à l'exportation, la Grande Mosquée de Paris se dit victime du comportement de sa société de certification (SFCVH) qu’elle qualifie de frauduleux», a dénoncé MMS, affirmant que «la SFCVH, comme beaucoup de sociétés de certification créées par les grandes mosquées qui sont cautionnées par l’Etat laïc, s'est surtout distinguée en accordant le label halal à des chaînes d’abattage de poulets tout en sachant que c'est trop compliqué de les contrôler». «Elevés sans voir la lumière, les poulets sont stressés et 8% des volailles arrivent mortes à l’abattage, victimes de crises cardiaques. Par rapport au Coran, il est interdit de manger un animal mort avant l’abattage rituel, ce qui devrait empêcher légalement ces sociétés de certifier ce genre d'abattoirs. Pourtant, ces poulets sont vendus dans le commerce comme de la viande halal», poursuit cette organisation dans le même communiqué. Pour MMS, «il n’est pas exagéré d’estimer ainsi que la moitié de la viande qu’on prétend halal ne le soit pas réellement, sans pour autant qu’elle soit vendue comme tel de manière malhonnête». Parce que l’Etat français, «en contradiction totale avec les principes de la laïcité qu’il est chargé de défendre, de faire respecter et de respecter, a décrété que l’abattage rituel doit être effectué exclusivement par un sacrificateur habilité par les mosquées de Paris, d’Evry et de Lyon sans qu’un consensus ait pu être dégagé entre les organisations religieuses musulmanes de France sur la définition du halal, que Mosquées et musulmans solidaires étudie sérieusement la nécessité de saisir le Conseil d'Etat pour faire annuler tous les décrets pris dans ce domaine, plus particulièrement le décret 97-903 du 1er octobre 1997». Du côté de la Mosquée de Paris, on accuse la société en charge de la certification. Dans une récente réaction, le recteur de la mosquée de Paris accuse la société SFCVH d’avoir commis de graves erreurs. Il a rappelé que toute utilisation malveillante du logo est illégale. «Cette société est passée du mandat de contrôle au mandat d’agrément, ce qui peut avoir des conséquences néfastes pour le consommateur», a-t-il affirmé, estimant ainsi que le logo de la SFCVH est «frauduleux». «Un audit interne, durant le second semestre 2014, nous a permis de constater un manquement réel de la Société française de contrôle de viande halal quant à l’exécution des termes de nos conditions préalablement acceptées par celle-ci du contrat enregistré (…) le 15 mai 2014», a-t-il ajouté. L’organisation MMS estime que seuls les musulmans peuvent s’accorder sur la définition du halal et sur les procédures de contrôle et de certification pour éviter que les confusions les plus absurdes continuent de prospérer lorsqu’il s’agit de traiter du marché halal. Cette organisation relève un autre fait : l’absence de label ou de certification claire, comme pour les produits bio, qui laisse place à toutes les interprétations. Pour remédier à cela, MMS propose à ce que des experts dans les domaines appropriés planchent sur une norme halal conforme aux exigences réglementaires de la certification en France. A travers une telle démarche, MMS vise ainsi à «faire naître un label France halal dont les retombées financières contribueront en partie au financement du culte et d'institutions éducatives, universitaires et de formation des jeunes citoyens français de confession musulmane».
Sonia Baker