Bouabdallah : «Ouyahia mérite le titre de bourreau des cadres»

Dans une interview accordée au journal El-Khabar, l’ex-DG d’Air Algérie Ouahid Bouabdallah s’est violemment attaqué à l’ex-Premier ministre et actuel directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, en disant de lui qu’«il mériterait le titre de bourreau des cadres» pour toutes les mesures de rétorsion prises par l’ancien chef de gouvernement contre des dirigeants d’entreprises publiques, dont lui-même. Bouabdallah accuse Ouyahia de l’avoir limogé de la direction de l’Anep, «sans aucun motif autre que celui d’avoir, selon lui, refusé de grossir le quota réservé aux journaux appartenant au général Betchine». Une mesure qu’il dit avoir «très mal vécue». Tout en reconnaissant que la plupart des cadres ont été nommés soit par favoritisme, soit pour leurs compétences, il estime néanmoins que leur mise à l’écart a été décidée pour des raisons injustes «soit parce qu’ils sont trop compétents, soit parce qu’ils ont refusé de rendre service à leurs chefs, soit enfin pour une question de règlement de comptes avec leurs proches parents», lâche-t-il. Il cite, par exemple, le cas de son prédécesseur à la tête de Cosider qui, d’après Bouabdallah, a été sanctionné seulement parce que son frère, le général Taghit, alors commandant des forces navales, «dérangeait par ses positions, sa compétence et son franc-parler». «Beaucoup de cadres ont été jetés en prison comme de vulgaires personnes», accuse-t-il. Tout en accablant Ahmed Ouyahia, Ouahid Bouabdallah estime néanmoins que l’ex-chef de gouvernement n’est pas seul responsable du sort «catastrophique» qu’ont connu plusieurs chefs d’entreprise. «Cette culture, explique-t-il, a été adoptée à plusieurs niveaux. Tant de cadres innocents ont été victimes de délits de gestion qu’ils étaient forcés de commettre ou de mauvaises décisions pour lesquelles ils sont excusés parce que leur action n’était pas guidée par une vision ou une orientation.» Interrogé sur l’existence de favoritisme à Air Algérie, Bouabdallah estime que cette campagne de dénigrement «a été alimentée après l’intégration de fonctionnaires issus de Khalifa Airways, alors en faillite». «Avant d’être des enfants de responsables, se défend-il, ce sont avant tout des Algériens compétents qui constituaient une ressource humaine à la disposition de la compagnie.» Revenant sur cet épisode, il révèle que 450 agents techniques avaient quitté Air Algérie à cause des mesures «aberrantes» adoptées par le gouvernement. A la question de savoir si l’ex-DRS «confectionnait des dossiers de corruption contre des personnalités innocentes pour les inculper», l’ex-DG d’Air Algérie refuse de critiquer une institution nationale «légitime qui a accompli son devoir dans la lutte contre le terrorisme et la sauvegarde des fondements de l’Etat algérien à un moment où celui-ci était menacé d’effondrement». «Je ne voudrais pas reprendre le cliché : “Qui tu qui ?” et dire : “Qui a fait quoi ? ” C’est très dangereux parce que toute attaque contre le DRS est une attaque contre le président de la République», assène-t-il. Néanmoins, il faudrait, selon lui, enquêter sur les fortunes amassées de manière illégale et celles distribuées de façon scandaleuse entre les barons politico-financiers, en citant le DG de la résidence d’Etat, Melzi. Dans le même sillage, Bouabdallah juge que la rupture de confiance entre le général Toufik et le président de la république a été «programmée et dirigée à partir d’officines très pointues», et se dit persuadé que l’histoire finira par donner raison à «cet homme qui a bien accompli sa mission». Enchaînant : «Les officiers du DRS ont établi des rapports, il appartenait à la justice de juger : s’il y a eu des erreurs, il fallait interroger ceux qui avaient traité ces rapports au niveau judiciaire ou politique.» C’est pourquoi il récuse l’idée que les affaires Sonatrach ou de l’autoroute Est-Ouest, pour démentir Amar Saïdani, soient des montages. «Ce serait insulter la justice algérienne», s’insurge-t-il. Interrogé sur les demandes de réhabilitation de Chakib Khelil, Bouabdalla estime que c’est «légitime» pour leurs auteurs, tout en rappelant le rôle joué par l’ex-ministre de l’Energie dans la mise à l’écart de Cosider dans le marché du gazoduc GR2 dans lequel la société algérienne aurait pu gagner, d’après son ex-DG, 2,5 milliards net.
R. Mahmoudi  

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