Lettre à Amar Saïdani et ses cicérones

Je ne suis militant d’aucun parti politique. Je suis l’Algérien lambda qui, comme la majorité des Algériens non embrigadés, travaille pour nourrir sa famille et, dans la mesure du possible, pour le mieux-être de son quartier populaire. Les rassemblements stériles et les kermès ne sont pas ma tasse de raïb (petit lait).

Je ne suis militant d’aucun parti politique. Je suis l’Algérien lambda qui, comme la majorité des Algériens non embrigadés, travaille pour nourrir sa famille et, dans la mesure du possible, pour le mieux-être de son quartier populaire. Les rassemblements stériles et les kermès ne sont pas ma tasse de raïb (petit lait).
Monsieur Saïdani, vous rendez-vous compte du tort que vous êtes en train de faire à l’Algérie ? N’y a-t-il personne dans votre entourage ou dans l’entourage du président de la République pour vous dire, honnêtement, qu’à travers votre comportement et vos déclarations, vous êtes en train d’obtenir l’effet inverse du but recherché ? A moins que votre démarche ait pour objectif final d’isoler le président Bouteflika. Mais au profit de qui ?
Hier, vous avez, sur ordre, chargé l’ex-général Toufik et l’institution qu’il dirigeait, le DRS. En agissant à votre manière, vous les avez rendus plus sympathiques aux yeux du peuple algérien. Le saviez-vous ? De nombreux Algériens considèrent, aujourd’hui, le général Toufik comme une victime de son intégrité. Le saviez-vous ? Aujourd’hui, vous annoncez votre soutien à l’ANP. Saviez-vous que les militaires, les vrais, ont horreur des louanges émanant des opportunistes ? Question à un centime : votre fils a-t-il effectué son service militaire ?
Actuellement, vous vous attaquez à des ministres, dont le ministre d’Etat directeur de cabinet de la Présidence, M. Ahmed Ouyahia. Savez-vous que vous êtes en train de vous attaquer à de hauts cadres de la nation que le Président a nommés ? Faites comprendre aux Algériens comment vous prétendez soutenir le Président alors que vous vous attaquez à ses hommes les plus proches ! Faites comprendre aux Algériens et aux chancelleries étrangères, en qualité de quoi et au nom de qui vous agissez de la sorte !
Vous reprochez aux partis de l’opposition de s’intéresser au pouvoir. Alors, selon vous, quel est l’objectif d’un parti politique, si ce n’est d’arriver au pouvoir ?
Que reprochez-vous à Ahmed Ouyahia ? Le fait qu’il soit un Algérien de souche ? Le fait qu’il soit plus instruit que vous ? Le fait qu’il soit plus compétent que vous ? Le fait qu’il soit intègre ? Ou le fait qu’il maîtrise l’arabe, le kabyle le français et l’anglais ? Monsieur Ziari, un cadre supérieur du FLN, a déclaré récemment, qu’Ouyahia est devenu gênant pour certains (mafia polico-financière, comme disait feu Mohamed Boudiaf). En tout cas, c’est ce qui est retenu par les Algériens qui travaillent pour nourrir leur famille.
Aujourd’hui, et selon les dernières déclarations de certains responsables algériens, dont le général Gaïd-Salah, l’Algérie est en danger. En fait, il ne s’agit pas d’un seul danger, mais de plusieurs. Le premier émane de la Libye, du nord du Mali et du Sud tunisien, et il est lié à la réorganisation du grand Moyen-Orient, en faisant basculer la crise violente (terrorisme, Daech) du Proche-Orient vers l’Afrique du Nord. Le deuxième émane du Maroc qui cherche à régler ses comptes avec le Front Polisario et avec son principal soutien, le peuple algérien ; il paraît qu’il y a des bruits de bottes du côté de nos frontières du sud-ouest. Tes amis du Makhzen qui croient en leur supériorité militaire et qui sont ensorcelés par les soutiens de la France, des monarchies du Golfe persique et du lobby sioniste, pensent que l’Algérie est en difficulté (les forces armées éparpillées, les services de renseignement affaiblis, la crise économique et les luttes intestines…) et donc le moment est idéal pour tenter de régler par la force un problème politique et juridique. Les dernières attaques contre Ban Ki-moon, préparées de longue date, sont révélatrices de l’état d’esprit qui règne au palais royal. Le troisième danger, il est prévu en Algérie, durant ce mois d’avril 2016, et il concerne la célébration des «printemps berbère» et le «printemps noir» en Kabylie. Des gens, des souverainistes notamment, ont, avec le soutien du Makhzen et d’autres parties étrangères, décidé, paraît-il, de semer le désordre. Monsieur Saïdani, je vous prie de bien vouloir me croire que de nombreux Algériens qui travaillent pour nourrir leur famille sont plus que convaincus que l’Algérie a besoin d’hommes comme Ouyahia pour faire face à ce genre de situations auxquelles vous ne comprenez rien du tout. Car les injures et les kermès ne les règleront pas.
Tous les Algériens qui ont vécu les émeutes d’octobre 1988, peuvent en témoigner. Quand les jeunes se sont soulevés, leurs premières cibles furent les locaux du FLN. Devinez pourquoi, Monsieur Saïdani, et imaginez l’avenir !
Mohamed Belamine

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