Louh à propos du dossier Khelil : «Je n’ai pas le droit de commenter le travail de la justice»

Acculé par des députés des partis de l’opposition, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, a répondu aujourd’hui en déclarant son «incapacité» à parler du dossier de l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil, revenu en Algérie comme un héros il y a deux semaines. «Je n’ai pas le droit en tant que ministre de commenter le travail de la justice qui est indépendante du pouvoir exécutif. Je ne peux donc commenter le dossier de Chakib Khelil, ni même son retour en Algérie», a affirmé Tayeb Louh d’un ton plutôt acéré, signe d’une gêne face aux insistantes questions de certains parlementaires qui lui ont demandé des explications sur le mandat d’arrêt lancé puis annulé par le parquet d’Alger. «Comme je l’ai déjà dit, je ne peux commenter le travail de la justice et je ne peux donc parler du mandat d’arrêt lancé lancé il y a trois ans de cela», a insisté le garde des Sceaux pour qui tout commentaire du travail de la justice est une atteinte à l’indépendance de ce pouvoir consacrée par la Constitution. Tayeb Louh a fait allusion aux responsables qui ont commenté le mandat d’arrêt lancé contre l’ancien ministre de l’Energie, à l’instar du secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, et du secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, qui ont accusé, sans retenue, le procureur général de la cour d’Alger d’avoir émis ce mandat d’arrêt sur un «coup de fil». «Parler des affaires judiciaires en tant que responsable dans l’Exécutif est une atteinte au pouvoir judiciaire et une remise en cause du principe de la séparation des pouvoirs, qui constitue la base de la construction d’un Etat de droit», a-t-il souligné devant les députés présents à cette séance plénière. Tayeb Louh a mis en garde dans ce sillage ceux qui tentent de ternir l’image de la justice, des juges et de l’institution législative en générale. Le garde des Sceaux a assuré que personne ne peut être au-dessus de la loi. Tayeb Louh, faut-il le rappeler, a été vivement interpellé par des députés lors de la séance plénière de mardi consacrée à l’examen du projet de loi complétant l'ordonnance n° 66/156 portant code pénal visait la lutte contre le phénomène de recrutement de combattants pour le compte des organisations terroristes. Parmi ces députés «révoltés» contre Tayeb Louh, il y a des islamistes de l’Alliance de l’Algérie verte (AVV), à l’instar de Hassan Aribi, des députés du Parti des travailleurs et le très médiatique Tahar Missoum, alias «Spécifique». Les interventions ont été particulièrement musclées de la part de ce dernier qui a eu un vif échange avec le président de l’APN, Ould Khelifa. Mais il n’a pas été le seul à dénoncer la réhabilitation de celui qui allait être présenté devant la justice il y a trois ans de cela. Pour le député Hassan Aribi, il s’agit d’une «démarche scandaleuse» et d’un «coup de poignard» dans le dos des Algériens qui sont invités à serrer la ceinture pour «aider» l’Etat à surmonter la crise économique due à un mauvais usage de la rente pétrolière. Pour le député du Front pour la justice et le développement (FJD), Chakib Khelil ne peut être étranger aux scandales de corruption qui ont touché Sonatrach ; sa responsabilité est engagée d’une manière ou d’une autre.
Sonia Baker

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