Une contribution de Youcef Benzatat – Censure du journal Le Monde : leurs guerres, notre souveraineté

L’affaire des «Panama Papers» est ce qu'il y a de plus explicite pour exprimer la lutte féroce qui oppose le projet d’un monde unipolaire voulu par les Américains, sur lequel ils espèrent régner en maître absolu, aux vœux d'un monde multipolaire prôné par les Russes et leurs alliés pour le bien et l’équilibre de toute l’humanité. Les «Panama Papers» sont la conséquence directe de cette lutte. Les Américains ont pris conscience qu’ils avaient perdu la guerre de propagande et d’information dans le conflit syrien, qui a vu leur image se dégrader significativement aux yeux de l’opinion mondiale, surtout après les dénonciations de la part de personnalités américaines sur l’implication de leurs responsables politiques et militaires dans la manipulation et l’instrumentalisation des groupes terroristes. Aussi, ont-ils monté de toutes pièces cette opération des «Panama Papers» dans l’espoir de rattraper le terrain perdu au profit de leur rival direct, la Russie de Vladimir Poutine. Alors qu’ils étaient censés venir au Moyen-Orient apporter la démocratie et délivrer les populations locales de la dictature, de l’obscurantisme et du terrorisme islamiste, avec leur armada militaire et les pétrodollars des monarchies du Golfe, au lieu de cela, ils n’ont laissé derrière leur passage que destructions, guerres civiles et des millions de morts après plus d’une décennie de leur présence. L’opinion mondiale a basculé définitivement en leur défaveur lorsque Poutine avait réussi, en quelques mois seulement, à anéantir les groupes terroristes et rétablir la paix civile en Syrie. Surtout après avoir dévoilé dans la foulée, au monde entier, la supercherie de la stratégie américaine au Moyen-Orient par l’instrumentalisation des différents groupes terroristes qui menacent la stabilité et la souveraineté des Etats de la région. Il fallait donc influencer négativement l’opinion mondiale sur la cote de popularité de Vladimir Poutine qui ne cesse d’exploser, pour tenter de réduire à néant ses exploits en Syrie. Pour cela, des agents de la CIA, spécialisés en propagande et en information, furent mobilisés au sein du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), en piratant les données informatiques du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, d’où cette affaire est partie. D’emblée, des cibles principales avaient été désignées, dont Vladimir Poutine, Bachar Al-Assad et Abdelaziz Bouteflika. Pour paraître crédibles, un espace de «dégâts collatéraux» visant des personnalités secondaires fut aménagé, dont beaucoup font l’objet d’impopularité ou ayant déjà fait l’objet de condamnations pour corruption ou pour d’autres malversations financières, telles que les Français Platini, Cahuzac et Balkani. Enfin, des personnalités déjà à terre. Près de 109 médias nationaux de 76 pays parmi leurs principaux alliés furent sollicités pour collaborer à cette gigantesque opération de propagande planétaire. Parmi eux, le quotidien français Le Monde, dont le financement provient en grande partie des caisses de l’Etat français. L’Algérie sera visée par cette propagande parce qu’elle figure comme une cible imminente dans l’agenda impérialiste américain pour l’Afrique du Nord. Leurs alliés, vassalisés, dont la France, n’ont d’autres choix que de s’y soumettre. De plus, l’insertion à l’allure d’une précipitation sur une charogne de l’image de Bouteflika, parmi les principales cibles parues à la une du quotidien Le Monde, résonne comme un passage à l’acte d’un refoulé qui plonge ses racines dans l’époque de la guerre de décolonisation. Cette attitude revancharde contraste sournoisement avec le silence de ce même média – et de tous ceux qui se sont solidarisés avec lui – pour protester contre le refus du visa pour son journaliste affecté à la couverture de la rencontre au sommet franco-algérienne à Alger, sur le blanchiment en France de l’argent mal acquis de la part des membres du pouvoir algérien depuis des décennies. Comme pour la Russie de Poutine, c’est l’immoralité de l’image de l’Algérie, à travers celle de Bouteflika, qui est jetée en pâture à l’opinion mondiale. On est en droit de se méfier d’apparences trompeuses, d’amitiés et d’autres balivernes, criées sur tous les toits lors des rencontres au sommet entre la diplomatie algérienne et son homologue française. On se souvient qu’à la veille de l’assassinat de Mouammar Kadhafi et la destruction de la Libye, ce dernier fut accueilli en grande pompe à l’Elysée et son caprice préféré fut exaucé jusqu’au ridicule ; celui de dresser sa tente bédouine en plein cœur de Paris. A force d’user et d’abuser compulsivement de propagande et de manipulations grossières, à des fins de domination du monde, l’Occident impérialiste ne cesse de réinventer la guerre pour arriver à ses fins. L’affaire des «Panama Papers», qui se voulait une ultime guerre de propagande dirigée contre les Etats qui lui résistent et adressée sournoisement à l’opinion mondiale, est le signe d’un désespoir qui traduit une fuite en avant pouvant déboucher sur une guerre totale. Les Algériens ont, depuis longtemps, compris que la solidarité avec leurs dictateurs dans pareilles circonstances n’est pas une soumission de plus, mais une nécessité patriotique pour faire face à la menace qui pèse sur leur souveraineté et l’intégrité de leur territoire. Car ce qui est visé par les contenus de cette ultime offensive de propagande n’est pas à proprement parler Bouteflika et son clan de prédateurs, mais bel et bien la souveraineté de l’Algérie et ses richesses.
Youcef Benzatat

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