Une contribution de Résistance – Les «Panama Papers» ou les prétentions vertueuses de la presse

C’est formidable : des journalistes d’investigation ont su aller pêcher onze millions de documents dans les ordinateurs d’un cabinet d’avocats qui montrent la corruption de quantité de particuliers et de sociétés qui vont se camoufler dans les banques de ce paradis fiscal qu’est le Panama. La presse atlantiste exulte et étale ces révélations avec enthousiasme. En effet, le sens est clair : quand on est malhonnête, il y a toujours un «lanceur d’alerte» pour dénoncer ces vauriens. Cela montre que le système est sain et qu’il est capable de s’autoréguler !
Mais il y a un problème, parce que, sans enquêter plus en détail et rien qu’à lire la presse, regarder la télé ou écouter la radio, une chose est claire : ceux qui se sont fait prendre la main dans le sac sont aussi ceux que les Etasuniens classent parmi leurs ennemis, à commencer par Vladimir Poutine (enfin pas lui directement, il est trop malin, mais son entourage). Mais aussi Bachar Al-Assad, le Hezbollah et quelques autres. On trouve aussi ce que les Etasuniens classent parmi leurs «amis»… mais pas très sûrs, comme David Cameron (embrouillé dans le Brexit) ou le président ukrainien Petro Porochenko (incapable de répondre aux attentes étasuniennes). Mais aussi la Fifa, détestée des Etasuniens pour avoir eu l’outrecuidance de ne pas organiser de Coupe du monde chez eux et qui n’a eu de cesse d’être attaquée depuis. Mais dans la liste, il n’y a surtout aucune société étasunienne ni aucun ressortissant étasunien. Ainsi, détenir le passeport américain conférerait comme par automaticité une honnêteté exemplaire… Si on a le droit d’y croire, on peut aussi penser qu’il y a là une stratégie anglo-saxonne.
D’abord, on peut remarquer que les soi-disant «journalistes d’investigation» qui ont sorti l’affaire – le consortium international des journalistes d’investigation, ICIJ in english – font partie d’une organisation qui est présentée dans une délicieuse vidéo du journal Le Monde, comme ayant vocation à enquêter sur les errements des puissants. La question du financement est bien entendu abordée, mais elle ne se résume qu’à l’existence de «mécènes», sans plus de précisions. Pourtant, cette question du financement est importante. En fait, l’ICIJ est une émanation du «Centre pour l’intégrité publique», qui est financé par Georges Soros (celui qui, entre autres, a financé le coup d’Etat en Ukraine et l’attaque contre la Grèce), mais aussi la fondation Ford (l’automobile), Rockefeller (le pétrole), Kellogg’s (les céréales), et quelques autres du même acabit ! N’en doutons pas, avec de tels sponsors, l’honnêteté et les valeurs morales sont au rendez-vous ! Notons au passage que deux membres français de l’ICIJ sont aussi salariés de Médiapart : Fabrice Arfi et Karl Laske.
On peut donc voir que les révélations des «Panama Papers» entrent dans une stratégie étasunienne. Elle est à plusieurs niveaux. Le premier niveau consiste à discréditer les paradis fiscaux qui ne proviennent pas de l’aire anglo-saxonne. Souvenons-nous des attaques contre les banques suisses, lesquelles ont été contraintes d’abandonner (en partie) leur «secret bancaire» suite à plusieurs révélations. Souvenons-nous aussi de l’attaque contre les banques chypriotes qui ont ratissé les comptes de leurs riches clients.
Mais aucune «révélation» n’est venue secouer la City de Londres ! Pourtant, cette City n’est pas un simple quartier de Londres où siègent les grandes banques britanniques. C’est, en fait, un véritable Etat indépendant avec ses propres lois, en particulier dans les domaines économique et fiscal ! Il semble même que ce soit le premier paradis fiscal au monde ! Personne ne dénonce davantage les îles «anglo-normandes», Jersey et Guernesey qui ne sont bizarrement pas des territoires britanniques. Ces îles dépendent directement de la reine d’Angleterre et ne sont donc ni britanniques ni même européennes.
Evidemment, quel est le journaliste d’investigation qui nous parlera de l’autre paradis fiscal qu’est le petit Etat du Delaware, aussi important que la City, idéalement situé entre New York et Washington ? L’affaire est basique : les Etasuniens veulent liquider tous les paradis fiscaux qui ne sont pas anglo-saxons.
Evidemment, nous ne sommes pas en train de défendre les paradis fiscaux, mais ils existent et ils peuvent se montrer bien utiles. Il faut se souvenir de la Libye de Mouammar Kadhafi qui a vu ses avoirs purement et simplement confisqués quand ils étaient déposés dans des banques européennes ou étasuniennes ! Une bonne petite zone franche, que sont aussi les paradis fiscaux, aurait été la bienvenue. Un exemple : comment peut faire le Hezbollah pour gérer son argent s’il doit faire confiance à des banques occidentales qui soutiennent Israël ? Ou le gouvernement syrien, victime du blocus occidental ? Au nom de quelle moralité faudrait-il que les paradis fiscaux soient exclusivement anglo-saxons ?
Mais il y aurait une autre raison aux révélations des «Panama Papers». Le Réseau Voltaire a publié un article sur le sujet. Des économistes étasuniens, dont une dénommée Christina Romer (qui occupe un poste clé de conseillère économique à la Maison-Blanche), estiment que le redressement économique après la crise de 29 n’a pour origine ni le New Deal de Roosevelt ni la Seconde Guerre mondiale, mais provient de l’afflux des capitaux européens à partir de 1936, qui étaient dus autant aux préparatifs de guerre de l’Allemagne qu’aux mouvements sociaux. Alors, l’idée qu’ont eue les Etatsuniens pour surmonter leurs difficultés économiques actuelles (parmi lesquelles leur dette immense) a été de déstabiliser suffisamment les pays européens pour que les capitaux aillent se réfugier dans leurs propres banques. Les «Panama Papers» y contribuent (avec l’aimable complicité de la presse du capital !) tout comme, en vrac, la «crise des migrants» (organisée avec la complicité de la Turquie), les attentats récents, les amendes que furent contraintes de verser des banques et entreprises (entre autres) françaises, et toutes sortes d’autres manipulations.
Enfin, les «Panama Papers» constituent une bombe à retardement, tous les documents n’ayant visiblement pas encore été exploités dans leur totalité. On peut donc parier que certaines entreprises européennes et des personnalités sont prêtes à tous les compromis… pourvu que leurs noms n’apparaissent jamais !
Une fois de plus, les prétentions vertueuses de notre presse, qu’on peut bien qualifier de pourrie, cache parfois (sinon toujours) de bien vilaines choses.
D. R.
Pour Algeriepatriotique

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