Mokri change l’emballage
Par Kamel Moulifi – Les islamistes, entendre les Frères musulmans, ont inventé un nouveau concept pour se démarquer : «al-ahhzâb al-wassati’ya», sans que l’on sache ce que cela signifie au juste, au plan politique : modérés ? Centristes ? Islamo-centristes ? Et puis, c'est par opposition à quoi ? Pour se démarquer de qui ? Des extrémistes ? Des terroristes ? Des wahhabites ? Le président du MSP, Abderrezak Mokri, ne sait plus sur quel pied danser. Son complexe nourri par la relation directe entre l'islamisme politique et le terrorisme incarné par Daech, empoisonne l’existence du MSP et de ses semblables au Maghreb et au Moyen-Orient. La revendication de l’Etat islamique a été discréditée, compromise, voire définitivement détruite par l’usage qu’en a fait le groupe terroriste Daech en en accaparant l’appellation. Les partis islamistes qui cherchent à se faire accepter dans le paysage politique sont obligés de déplacer leur curseur vers un «centre» ou un « milieu » indéfinis, mais qui donnent l’impression qu’ils sont prêts à admettre, par exemple, une dose de laïcité dans leur projet, comme veut le faire croire Ghannouchi, pour Ennahda, chez nos voisins tunisiens. Ces partis veulent-ils prouver qu’ils ont rompu tout lien les Frères musulmans et qu’ils ne sont pas des satellites de ce mouvement qui est réprimé dans beaucoup de pays arabes ? En tout cas, le MSP et ses semblables cherchent à se débarrasser de l’étiquette «islamiste» collée à leur identité politique. Ils ne veulent même pas être rangés dans la case «islamiste modéré». C’est une démarche qui se veut commune aux partis islamistes affidés de la confrérie égyptienne dans les pays du Maghreb. Le MSP a organisé avec eux une réunion à Alger pour entériner leur nouvelle tactique visant à faire passer dans un autre «emballage» plus acceptable, le même projet de société islamique. C’est la pratique du double langage qui leur est propre, la ruse de guerre qui leur a permis de faire de l’entrisme pour tenter d’exercer leur influence et même leur pouvoir d’en haut. Il ne faut pas être naïfs et exiger de Mokri ou de Ghannouchi ou de leurs pairs de la sincérité dans leur activité politique et encore moins d’arrêter d’instrumentaliser la religion pour tromper la population.
K. M.
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