L’avocat Khaled Bourayou : «La justice a été humiliée dans l’affaire de Chakib Khelil»

Le célèbre avocat Khaled Bourayou a considéré le retour de l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil en Algérie sans qu’il soit inquiété par la justice comme une humiliation à cette institution. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision privée KBC, Me Bourayou a estimé que c’est toute la justice qui a été humiliée dans cette affaire. Car, a-t-il rappelé, Chakib Khelil a été ciblé par un mandat d’arrêt international lancé par le parquet d’Alger. «La justice est un corps homogène. Quand on rentre dedans, on a deux portes de sortie : soit on est acquitté, soit on est condamné. Dans le cas de Chakib Khelil, aucune de ces issues n’est utilisée», a-t-il regretté, insistant sur le fait que l’affaire Khelil est intéressante en ce sens qu’elle reflète le fonctionnement de la justice algérienne. Pour Me Bourayou, «la justice a été humiliée dans cette affaire. Le procureur général, qui a veillé à l’application des instructions qu’il a reçues, a été évincé. Et la moindre résistance est sanctionnée». Cette situation, estime-t-il, est le résultat concret de l’utilisation de la justice à des fins politiques. Cette utilisation rend le métier du juge moins attractif qu’il ne devrait l’être. Khaled Bourayou assure qu’il y a beaucoup de juges qui sont très bons et qui ont une conscience professionnelle et un grand sens de responsabilité. «Nous avons des juges excellents. Nous avons des juges qui croient à la justice», a-t-il soutenu. Mais, a-t-il rappelé, il y a des mécanismes de suivi du travail des juges très rigoureux et pernicieux. «L’Inspection générale est utilisée pour sanctionner les juges qui veulent être indépendants de toute chapelle politique», a-t-il encore précisé, considérant ainsi que la justice est aujourd’hui au cœur «des luttes entre deux parties au pouvoir ; entre une partie qui cherche à préserver le système et une autre qui veut un nouveau mandat». Me Bourayou n’exclut cependant pas que le dossier de Chakib Khelil soit rouvert à l’avenir si le pouvoir politique change. «La situation dans laquelle se trouve aujourd’hui Chakib Khelil est imposée par le pouvoir politique. C’est une situation qui pourrait changer avec le changement du pouvoir en place. Chakib Khelil n’est pas définitivement tiré d’affaire», a-t-il insisté. Pour Me Bourayou, il n’y a pas que l’affaire Khelil qui illustre la dépendance de la justice du pouvoir exécutif. La détention provisoire qu’il qualifie d’injuste depuis des mois du général à la retraite Hocine Benhadid caractérise, selon lui, cette «justice aux ordres». Sinon, explique-t-il, comment expliquer que pour «un délit d’opinion», cet ancien haut gradé de l’armée puisse se trouver derrière les barreaux depuis plus de six mois sans qu’il soit jugé. Me Bourayou est revenu sur la situation des libertés en Algérie, en affirmant que la liberté d’expression est en recul. Selon lui, les rapports d’ONG internationales accablant l’Algérie en matière du respect de la liberté d’expression reflètent la réalité algérienne.
Sonia Baker
 

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