Benflis : «L’unité nationale mise en péril par le clanisme»

Le président de Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, a rendu un vibrant hommage aux femmes et aux hommes qui se sont sacrifiés le 8 mai 1945 pour faire avancer la marche des Algériens pour l’indépendance. Dans un discours prononcé devant un parterre de militants, l’ex-candidat à l’élection présidentielle de 2014 estime qu’il est impératif de revisiter l’Histoire pour bien choisir le bon chemin. «L’Histoire nationale retient et retiendra pour toujours que ce combat pour la liberté de notre peuple a franchi une étape décisive à Kherrata, à Guelma et à Sétif et que c’est là également qu’a été entamée la marche de notre pays vers le recouvrement de son indépendance et la restauration de sa souveraineté», a-t-il souligné, assurant que «comme tous les combats pour la liberté, ce combat a été dur et éprouvant mais il n’a pas été vain car notre peuple est libre et cela vaut tous les sacrifices». Ali Benflis rappelle que la marche vers l’indépendance de notre pays «a été particulièrement douloureuse et a vu se lever puis tomber au champ d’honneur les meilleurs de cette génération de géants à laquelle moins d’une décennie a suffi pour écrire les deux plus belles pages de notre Histoire contemporaine : la page écrite par les précurseurs du 8 Mai 1945 et la page écrite par les continuateurs du 1er Novembre 1954». Ali Benflis considère comme «très rare » qu’une seule génération produise «des femmes et des hommes de cette trempe-là. Notre terre sacrée l’a fait». Une manière pour ce chef politique, qui est dans l’opposition, de faire comprendre aux militants de son parti que rien n’est impossible et que le changement voulu pourrait se produire grâce à la persévérance des uns et des autres. «L’Histoire de l’humanité nous enseigne qu’à travers tous les âges les générations, les unes après les autres, s’emploient à relever les défis que leur désigne leur marche vers l’accomplissement de leur destinée. La génération des géants qui ont écrit les épopées du 8 Mai 1945 et du 1er Novembre 1954 a assumé la part la plus grande de ces défis : recouvrer l’indépendance de notre pays et libérer notre peuple. Cette génération de géants a ainsi réglé nos plus grands problèmes ; elle a fait front à des défis qui paraissaient au-delà de ses forces et impossibles à relever ; elle a gagné des paris qui apparaissaient pour beaucoup comme audacieux, insensés et désespérés. Comparativement à cette génération de géants, les défis auxquels ont eu à faire face les deux générations qui les ont suivies jusqu’ici ne soutiennent pas la comparaison avec les leurs», a-t-il encore relevé. Le président de Talaie El-Houriyet enchaîne en faisant la comparaison avec la situation de notre pays aujourd’hui. Une situation qui est, selon lui, en deçà des espérances des martyrs. «Chacun d’entre nous voit et chacun d’entre nous sait que les ressources de notre terre qu’ils ont enlevées des mains des spoliateurs pour les remettre entre les mains de notre peuple font aujourd’hui l’objet de déperdition, de pillage et de prédation», a-t-il dénoncé. Ali Benflis poursuit en affirmant que «la grande œuvre d’unité nationale qui les a conduits à la victoire est aujourd’hui mise en péril par le clanisme, le népotisme, le favoritisme et le régionalisme tout comme elle est mise en péril par le déni de citoyenneté, le mépris de la souveraineté populaire, la répression des libertés et la négation des droits». Ce chef politique, coordinateur du Pôle des forces du changement, parle aussi de l’effritement des valeurs morales. «Les hautes valeurs morales ont cédé la place, regrette-t-il, à la décadence éthique qui est la source de tous les maux qui affligent notre pays en ces temps si peu propices à la satisfaction et à la quiétude.» Ali Benflis considère ainsi que l’Algérie souffre plus que jamais d’une crise de légitimité. Il réaffirme «l’illégitimité de toutes nos institutions». Et pas seulement. L’Algérie, aux yeux d’Ali Benflis, souffre de «la gouvernance pitoyable des affaires politiques, économiques et sociales de la nation, de l’absence de crédibilité de nos gouvernants, de la perte de confiance de nos concitoyennes et de nos concitoyens en eux et de l’absence d’un projet national mobilisateur et rassembleur». Mais cela ne décourage pas cet ancien chef du gouvernement qui assure que «le 8 Mai 1945 et le 1er Novembre 1954 nous ont fait apprendre de nos pères et de nos grands-pères comment aller à la victoire : avec la foi, avec le sens du sacrifice et le peuple avec soi».
Sonia Baker
 

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