Face à l’agitation qui caractérise la scène politique et la rue : des têtes pourraient tomber

Contrairement à son apparente impassibilité face aux événements qui se précipitent et à la machine qui s’emballe, le pouvoir est fortement tourmenté par les affaires qui occupent l’opinion publique depuis plusieurs semaines. Deux faits importants sont venus briser la monotonie de la vie politique alors que le gouvernement, l’opposition et la rue étaient focalisés sur la chute brutale des cours du baril de pétrole, ses lourdes incidences sur la vie économique et financière du pays et son impact sur le pouvoir d’achat des citoyens durement éprouvé. Les regards se sont brusquement détournés précocement vers la présidentielle de 2019 dont l’enjeu capital a poussé les antagonistes de cette prochaine échéance électorale capitale à passer à la vitesse supérieure avant l’heure, vu la visible dégradation de l’état de santé du président Bouteflika. Une dégradation révélée par des officiels et des médias français provoquant ainsi une levée de boucliers disproportionnée de ce côté-ci de la Méditerranée, alors que tout indiquait qu’Alger et Paris allaient poursuivre leur lune de miel dans la sérénité la plus totale. Fragilisé par les révélations des «Panama Papers», impliquant des hommes politiques algériens, le socle du pouvoir a été ébranlé alors même qu’il peine à sauver un quatrième mandat sérieusement entamé par les inquiétudes des citoyens quant aux véritables cercles qui tiennent les rênes du pays en l’absence du chef de l’Etat, physiquement démuni. Avec le soudain retour de Chakib Khelil au pays et la surprenante montée au créneau du richissime homme d’affaires Issad Rebrab, il est difficile de croire que les deux hommes n’entretiennent aucune prétention politique et que les prochains rendez-vous électoraux ne sont pas inscrits dans leurs agendas respectifs. La pagaille suscitée par le blocage du rachat d’un groupe médiatique par le magnat de l’agroalimentaire a eu un effet boule de neige. Tout porte à croire que ce qui est censé être un simple contentieux commercial tend à se transformer en une confrontation ouverte entre le pouvoir et un de ses plus probables et plus sérieux concurrents en 2019 ou avant cette date, si la maladie du Président le rendait incapable de continuer d’assumer sa fonction et si son pouvoir de décision déclinait dangereusement. Cette agitation tous azimuts finira bien par pousser le président Bouteflika à opérer un remaniement ou à accélérer son calendrier politique pour éviter que la situation échappe à son contrôle et que des acteurs influents et à l’appétit vorace soient tentés, au sein même de son camp, par la prise du pouvoir sous le prétexte fallacieux de la sauvegarde de la sécurité et de l’intégrité du pays face aux menaces qui l’exposent aux pires risques. Des changements au sein du gouvernement et même dans la plus haute hiérarchie militaire – à plus ou moins court terme – ne sont pas à exclure. Car le silence prolongé de la Présidence au milieu de ce fatras assourdissant ne fera que renforcer l’idée que Bouteflika ne dirige plus et que son plus proche entourage cherche une hypothétique alternative pour finir – ou raccourcir le quatrième mandat – sans faire davantage de dégâts, vu les ravages causés par le passage en force d’avril 2014.
M. Aït Amara

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