Mohamed Ali : l’Américain converti à l’islam qui a dit non à la politique arrogante de Washington

Avant d’évoquer Mohamed Ali le sportif, il faut d’abord lui rendre un vibrant hommage pour son courage politique et son grand humanisme. L’homme qui excellait sur le ring cachait au fond de lui un sens élevé du respect de la dignité humaine. Ses uppercuts, il les réservait à ses adversaires en face desquels il n’a jamais transgressé les règles du noble art. Sur le terrain des batailles engagées par l’armée américaine pour étendre son hégémonie au reste du monde, Mohamed Ali a été parmi les rares Américains à crier haut et fort sa réprobation de la politique arrogante des Etats-Unis, en refusant de servir dans l’armée alors en guerre au Vietnam. Ce refus lui vaudra d’être interdit de compétition, jusqu’à ce qu’il fût réhabilité par la justice, après avoir été condamné à une peine de cinq ans de prison. «Je n’ai rien contre le Viêt-Cong», «aucun Vietnamien ne m'a jamais traité de nègre», criait-il à la face d’une opinion publique américaine en pleine ébullition guerrière, aggravée par le conflit avec le bloc de l’Est qui menaçait l’humanité d’une nouvelle conflagration mondiale. Mohamed Ali, le musulman, est un exemple de pacifisme et de tolérance, si bien que le gouvernement américain lui demande, au milieu des années 1980, de négocier la libération d’otages enlevés au Liban. Cinq années plus tard, déjà atteint de la maladie de Parkinson, il se rend en Irak, à la veille de la première guerre du Golfe, pour demander à Saddam Hussein d’éviter de provoquer une guerre terrible dans la région. Un quart de siècle plus tard, les craintes du boxeur visionnaire se sont confirmées. Ni les faucons de Washington ni le dictateur irakien imbu de sa personne ne l’avaient écouté. Il s’en est suivi un conflit sans fin qui a fait, à ce jour, des millions de morts et détruit des Etats entiers. Mohamed Ali incarne l’islam vrai ; celui qui prône la paix et l’altruisme. Il est aux antipodes du salafisme et du wahhabisme rétrogrades entretenus par l’administration américaine à laquelle il opposa un refus catégorique lorsqu’elle voulut lui imposer une guerre qui n’était pas la sienne. De la trempe de Malcolm X et du révérend Martin Luther King, cet autre Noir américain fait partie de ces hommes libres qui ont osé affronter le gigantesque complexe politique, militaire et médiatique complètement voué à la belligérance et à la conquête. Il est un exemple à suivre par l’ensemble de ses citoyens américains obnubilés par l’image trompeuse de «peuple supérieur» que leur renvoie le miroir falsifié par la machine à rêve hollywoodienne.
M. Aït Amara

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