Intervention à huis clos du ministre des Finances : le gouvernement a-t-il des choses à cacher ?

Les nombreux journalistes partis couvrir les travaux de la tripartite (gouvernement-patronat-UGTA) ont été surpris aujourd’hui dimanche par la décision du Premier ministre de les faire sortir avant l’intervention du ministre des Finances sur l’évolution de la situation financière du pays. Pourtant, l’intervention de M. Benkhalfa était très attendue dans ce contexte de morosité économique et de grandes incertitudes sur l’avenir du pays. Abdelmalek Sellal a eu, lui-même, à brosser un tableau peu reluisant de la situation économique du pays, dont les indicateurs sont tous au rouge. Il a en effet prévenu que même si les prix des matières premières, essentiellement le pétrole, revenaient à des niveaux élevés dans le futur, ils ne suffiront pas à couvrir le développement socioéconomique du pays. Dans son intervention à l’ouverture de la tripartite, le Premier ministre a souligné que la résilience de l'Algérie face à la chute brutale des cours pétroliers «ne doit en aucun cas justifier le statu quo ou l’attentisme qui nous serait fatal». «On doit bouger maintenant et ensemble pour poursuivre la mue de notre économie vers la création de richesse et d'emplois», a-t-il soutenu, estimant que désormais la croissance doit être cherchée en dehors des hydrocarbures, c'est-à-dire «dans la sphère économique réelle, là où l'entreprise, publique ou privée, est la clé de voûte». Il relève que les réserves de change sont actuellement à 136,9 milliards de dollars. Mais si la situation économique ne s’améliore pas, ces réserves risquent de fondre comme neige au soleil. Si l’intervention d’Abderrahmane Benkhalfa sur l’évolution de la situation financière du pays s’est déroulée à huis clos, c’est assurément pour lui permettre de dire toute la vérité aux représentants du patronat, mais aussi des travailleurs. Une situation qui ne prête certainement pas à l’optimisme quand on sait que la fiscalité pétrolière a fortement baissé et que le Fonds de régulation des recettes va bientôt se vider. Le gouvernement cherche par tous les moyens à améliorer les recettes fiscales sans y parvenir. Le lancement de l’emprunt obligataire national constitue sa dernière chance au risque d’avoir des problèmes de trésorerie à partir de 2017, et donc des difficultés à assurer les salaires des fonctionnaires de l’Etat dont le nombre dépasse les 1,5 million, sans compter les corps constitués qui sont une catégorie à part.
Sonia Baker

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