Il est bien trop tard pour les excuses !
Par Kamel Moulfi – C’est un rapport des plus officiels, rédigé par les autorités de son propre pays, sur l’affaire irakienne, qui permet de classer l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et, dans son sillage, l’ex-président américain Georges W. Bush, parmi les criminels de guerre. Seront-ils traités comme tels ? On le savait déjà, mais c’est mieux que l’aveu vienne du Royaume-Uni : c’est un prétexte absolument faux, autant dire un mensonge éhonté, qui a été utilisé pour l’envahissement de l’Irak en 2003 par les troupes américaines et britanniques, avec, comme conséquence, l’emprisonnement et l’exécution de Saddam Hussein, après une parodie de procès destiné à alimenter la propagande occidentale et à attiser la haine chez les musulmans. La conclusion du rapport établi par la commission d’enquête présidée par John Chilcot, est sans ambiguïté : l’intervention militaire britannique en Irak s’est faite sans bases légales, elle est «hors-la-loi». Blair a fini par reconnaître s’être «trompé» dans l’affaire irakienne, autrement dit, avoir lancé une guerre qui a entraîné la mort d’un million d’Irakiens et la destruction des infrastructures de ce pays qui a été plongé dans un cycle infernal d’actes terroristes, le dernier en date étant les deux explosions qui ont frappé Bagdad dans la nuit de samedi à dimanche, et qui ont fait, selon un bilan révisé, 290 morts et 180 blessés. Blair croit suffisant d’exprimer sa «peine» et ses «excuses».
Y aura-t-il, un jour, un grand tribunal des peuples, à l’échelle internationale, pour rattraper tous ces Bush, Sarkozy, Cameron, Blair et consorts et rendre justice aux malheureuses victimes et aux familles endeuillées par leurs actes criminels ? En Grande-Bretagne, les familles des soldats tués en Irak crient en chœur que s’il y un terroriste, c’est bien Tony Blair ! Aux Etats-Unis, les vétérans de la guerre d’Irak ne cessent de dénoncer l’imposture de la Maison-Blanche et du Pentagone. En France, la classe politique, même si elle n’accuse pas Sarkozy directement – par lâcheté ou par intérêt – , est cependant unanime pour affirmer que le drame libyen est la conséquence directe de l’intervention franco-britannique conduite par le binôme Sarkozy-Cameron dans ce pays aujourd’hui offert sur un plateau d’argent aux hordes sauvages de Daech. La fin justifie les moyens ; c’est ce qu’ont appliqué les criminels de guerre, maintenant bien identifiés, pour se débarrasser de dirigeants d’autres pays, Saddam Hussein (Irak, 2003) et Mouammar Kadhafi (Libye, 2011), et pour tenter d’éliminer Bachar Al-Assad. Mais ce dernier résiste grâce au réveil tardif, certes, mais salvateur de la Russie.
K. M.
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