Carnage à Nice : des méthodes terroristes moins complexes et plus difficiles à contrer
La France est de nouveau ébranlée par une attaque terroriste de grande envergure, dont les auteurs ou commanditaires ont innové, cette fois-ci, en utilisant un moyen de transport lourd qui a foncé dans le tas pour massacrer le plus grand nombre de personnes possible, à un moment où le plan Vigipirate était pourtant maintenu à son niveau le plus élevé à travers tout le territoire français. Ce nouveau carnage qui sème l’horreur dans un pays qui vit, depuis plus d’une année, dans la peur d’être attaqué à tout moment, prouve la fatuité de tous les dispositifs sécuritaires mis en place pour parer aux risques d’attentats. Il est venu confirmer les appréhensions du patron du renseignement intérieur, Patrick Calvar, qui, dans une déclaration il y a deux jours, avait évoqué les risques d’attentats «à la voiture piégée». Il va sans dire que ses services ont été incapables d’empêcher cette attaque dans la ville de Nice.
Au plan politique, ce nouvel attentat meurtrier est susceptible de rendre encore plus vulnérable la classe dirigeante, dont des signes de fissure commencent à apparaître sur fond de course vers l’Elysée. Il achève de discréditer aussi bien la gauche au pouvoir actuellement, que la droite sous la conduite du va-t-en-guerre Nicolas Sarkozy, qui, à travers leur politique étrangère foncièrement agressive et ostensiblement alignée sur la stratégie de Washington et des pétromonarchies du Golfe, ont engagé la France dans des guerres qui ne sont pas les siennes. Une politique qui n’a fait qu’attirer le danger terroriste vers l’Hexagone.
En soutenant les insurrections armées en Libye et en Syrie depuis 2011, les gouvernements successifs ont pris ainsi le risque de galvaniser les cellules dormantes liées ou affiliées à l’organisation terroriste dite «Etat islamique en Irak et au Levant», qui nichent depuis de longues années partout en Europe, profitant du laxisme des autorités à leur égard. Plus grave encore, les services de renseignements français trouvent aujourd’hui d’énormes difficultés à surveiller et, partant, à empêcher le «retour» des jeunes «djihadistes» français partis combattre en Syrie par centaines ces dernières années. Selon les dernières statistiques officielles, le nombre de terroristes français signalés sur le front syrien dépasserait 1 700.
Par ailleurs, le modus operandi qui a fait pas moins de 84 morts et 18 blessés dont le pronostic vital est engagé, selon des sources médicales locales, démontre que l’exhibition de l’attirail des forces armées françaises à l’occasion du 14 Juillet devient absolument désuète. Le monde affronte depuis de longues années un nouvel ennemi qui n’a pas besoin de gros moyens pour tuer. Après les voitures piégées – une méthode utilisée à grande échelle en Irak, notamment –, les fusillades, les attaques contre les policiers, les soldats, etc., les terroristes ont choisi un moyen bien plus simple à Nice, mais dont l’horrible conséquence fait craindre de nouveaux carnages, pour peu que des jeunes endoctrinés par les salafistes, qui continuent d’évoluer en toute liberté dans un Occident permissif à leur égard, ne soient pas inquiétés.
Il se pose un grand problème d’adaptation des législations dans cette région du monde à cette menace transfrontalière qui, pourtant, ne date pas d’aujourd’hui. Plusieurs dizaines de milliers d’Algériens ont été massacrés par les hordes sauvages pendant toute une décennie, sans que ce même Occident bouge le petit doigt. Aujourd’hui, les Français, les Belges et demain peut-être d’autres ressortissants occidentaux vivront les mêmes scènes d’horreur à cause des graves erreurs géostratégiques de leurs dirigeants et l’alignement aveugle de leurs médias dominants sur leur doctrine belliciste.
Tant que les peuples d’Europe ne réagiront pas contre les responsables directs de cette vague de terrorisme islamiste, en tête desquels Nicolas Sarkozy et Bernard-Henri Lévy en France, et Tony Blair et David Cameron en Grande-Bretagne, et tant que Paris continuera à s’allier à Washington dans ses interventions militaires intempestives dans plusieurs régions du monde, le terrorisme persévérera dans l’horreur et adoptera des méthodes de moins en moins complexes et de plus en plus difficiles à contrer.
R. Mahmoudi
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