La colère des policiers révèle l’inertie des politiques français face au risque terroriste
Dans les banlieues «à problèmes», les autorités françaises achètent la paix sociale par la «non-intervention» contre les dealers, les délinquants et les voyous qui sont connus des services de police et qui, en toute impunité, font régner leurs lois dans les cités. C’est ce qu’a révélé le témoignage sidérant – mais à visage couvert – d’un policier français dans une émission consacrée à la grogne de ses collègues. «On les connaît tous, mais la hiérarchie nous interdit d’intervenir de peur que notre intervention provoque des émeutes», a-t-il, en quelque sorte, expliqué. Et quand les policiers interviennent pour arrêter les délinquants et les remettre à la justice, celle-ci les relâche. Est-elle actionnée par les décideurs politiques pour éviter que la situation s’envenime ou pour «récupérer» les voyous à d’autres fins, comme cela se fait ailleurs, ou pour une autre raison ?
Les policiers qui ont manifesté à Paris et dans plusieurs autres villes de France, ne le font pas seulement pour exprimer leur mécontentement concernant leurs conditions de travail. C’est pourquoi ils ne croient pas aux mesures proposées par leur ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Ils laissent entendre qu’ils attendent la vraie solution qui ne se limite pas à une question de moyens ou de renforcement d’effectifs uniquement. Sans doute pensent-ils à la démarche globale de lutte contre le terrorisme qui doit reposer sur le dispositif de sécurité dans les banlieues.
Les profils des auteurs des derniers attentats terroristes en France tracés par les experts, indiquent qu’ils commencent quasiment tous par la petite délinquance et se muent en tueurs sauvages en donnant à leur comportement antisocial une couverture religieuse qui va légitimer leur passage à l’acte terroriste. Tant que ces individus étaient destinés à quitter leurs banlieues pour rejoindre des champs de bataille en dehors du territoire français, en Syrie par exemple, pour servir les objectifs des pays occidentaux d’enlever Bachar Al-assad de la tête de ce pays, il y avait une rationalité dans la démarche complaisante des autorités face aux apprentis terroristes, mais aujourd’hui que ce sont des villes françaises et européennes qui sont visées, rien ne justifie la «non-intervention» de la police contre les voyous des banlieues.
La volonté de prévenir et de condamner les horreurs du terrorisme devrait se vérifier sur le terrain même d’où elles partent. Face aux fanatiques en puissance qui s’annoncent dans les cités et dans les ghettos réservés aux «immigrés d’origine musulmane», les policiers peuvent-ils faire preuve d’insubordination et mener la lutte antiterroriste à sa source pour réduire à la naissance le radicalisme et l’extrémisme avant qu’ils ne se transforment en actes criminels qui entraînent la mort de personnes très souvent innocentes, puisqu’elles n’ont absolument rien à voir avec les conflits qui sont à la base du développement du terrorisme ?
Résultat de la «non-intervention» : le nombre de «radicalisés», par diverses voies, directement ou à travers internet, susceptibles de passer à l’acte terroriste, a atteint 15 000 individus qui doivent être surveillés en permanence.
Houari Achouri
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