Abdelmalek Sellal aux Algériens : «L’Etat ne vous abandonnera pas !»
Dans une interview télévisée retransmise mercredi soir sur les chaînes publiques, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a annoncé une réunion de la tripartite en mars 2017 pour faire le point, évaluer la situation économique et renforcer le secteur productif. Il a surtout voulu faire passer quelques messages appuyés avec de nombreux chiffres et indicateurs pour rassurer les Algériens sur ce qui les attend en 2017.
Il s’est adressé en priorité aux couches défavorisées pour insister sur le maintien de la politique sociale de l’Etat et qu’il n’y aura pas d’austérité, ce qui signifie pour lui plus de pauvreté et de problèmes pour le pays. Il insiste : il n’y a pas de remise en cause des acquis sociaux, comme le logement social ou l’appui à l’emploi des jeunes qui a donné, selon lui, de bons résultats. Il souligne que l’Algérie est une république démocratique et sociale et qu’il n’y aura pas, au plan idéologique, de libéralisme dans notre pays, parce qu’il signifie la sauvagerie.
Les transferts sociaux et les subventions seront maintenus (10,8% du PIB, qu’il compare aux 5% de la Tunisie et aux 4,9% du Maroc). Il abandonne l’idée de recourir au ciblage dans les subventions, solution non faisable dans les conditions actuelles du pays, admet-il. Ceci dit, M. Sellal fait savoir qu’il n’y aura pas d’augmentation des salaires en 2017 ; au contraire, il a suggéré aux entreprises de baisser volontairement les mensualités qu’elles versent. Il reconnaît que la CNR est en difficulté financière et doit avoir recours à l’apport de la Cnas pour pouvoir verser les pensions des retraités. Il reconnaît également que l’appel aux opérateurs de l’informel à placer leur argent dans les banques n’a pas donné les résultats escomptés, mais annonce que cette démarche se poursuit avec plus de mesures incitatives.
Deuxième message : le cap sur 2019 qui doit voir l’Algérie devenir un pays émergent grâce à la diversification de l’économie nationale pour la dégager de la dépendance des hydrocarbures. Il y a, dit-il, une vision prospective jusqu’en 2019. Dans ce sens, il a rappelé les facilités accordées aux investisseurs pour créer des entreprises, notamment l’accroissement des crédits accordés par les banques publiques à l’économie (les banques privées faisant dans le commerce, déplore-t-il) et estime qu’il y a de bons résultats (une croissance de 16% dans la création d’entreprises en 2016). Il annonce pour 2017 de nouvelles mesures en faveur de l’entreprise et une réduction des importations (à 45,6 milliards de dollars) pour renforcer l’économie nationale. Il prévoit un taux de croissance de 3,9%. Il cite, à ce propos, le modèle de la Malaisie et de l’Indonésie qui ont emprunté, d’après lui, la bonne voie.
Pour M. Sellal, tous les indicateurs prouvent qu’il y a une maîtrise de la situation, y compris le taux d’inflation qu’il situe à 4% en moyenne en 2016. Il affirme qu’il n’y a pas eu d’augmentation du coût de la vie. La production pétrolière est repartie à la hausse de 9,9% en décembre, alors qu’elle avait été réduite auparavant, rappelle-t-il. Dans d’autres domaines aussi, M. Sellal estime qu’il a une amélioration, notamment le recul de la bureaucratie et des tracasseries administratives que rencontraient les Algériens et qui ont disparu grâce au recours aux documents biométriques. Autres indicateurs satisfaisants pour le Premier ministre : le PIB s’est amélioré et il continuera de croître, l’endettement extérieur (privé) est à 3 milliards de dollars (1,8% du PIB) à peine, les réserves de change tiennent bon (à 114 milliards de dollars en décembre 2016), les investissements dans l’industrie permettent d’envisager la satisfaction des besoins nationaux et aller vers l’exportation en Afrique, comme pour la production de ciment. Il cite l’exemple de la Turquie et de l’Iran qui se sont créé des marchés en Asie pour développer leurs économies. Par ailleurs, M. Sellal n’exclut pas le recours à l’endettement extérieur, mais ne l’envisage pas aussi.
Houari Achouri
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