La supercherie du ministre marocain délégué aux Affaires étrangères Nasser Bourita
L’Union africaine est fondée sur le principe de l’égalité souveraine et de l’interdépendance de tous ses Etats membres. Elle est portée par les idéaux d’unité, de solidarité et de cohésion entre les Etats et entre les peuples. Elle est par vocation l’instrument de l’affirmation de l’identité africaine commune. Cette nature distinctive de l’Union africaine, à nulle autre organisation internationale comparable, s’exprime par la proclamation d’une raison d’être prééminente, se confondant avec la défense de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de ses Etats membres. Lu en conjonction avec le principe de l’intangibilité des frontières héritées aux indépendances, cet objectif que le Maroc a fait sien, en ratifiant l’Acte constitutif, est fondateur d’une reconnaissance, au moins implicite, de la RASD par le royaume chérifien.
De par son adhésion à l’Acte constitutif de l’UA, le royaume du Maroc sera appelé à interagir avec la RASD dans le cadre des activités de l’UA. Le Maroc peut ne pas entretenir de relations diplomatiques formelles avec la RASD, mais cette attitude est à présent assujettie aux obligations que ce pays a accepté de contracter en adhérant «sans condition et de bonne foi» à l’Acte constitutif de l’UA, dont la RASD est l’un des rédacteurs.
En effet, l’Acte constitutif de l’UA rompt avec la conception traditionnelle de la reconnaissance d’Etats en son sein pour associer tous ses Etats membres, égaux en droits et en devoirs, dans une communauté de destin qu’ils assument solidairement, au nom des intérêts supérieurs des peuples africains. Cette reconnaissance fonctionnelle d’un Etat membre fondateur de l’UA par un autre membre nouvellement admis est amplement ancrée dans le fonctionnement et les méthodes de travail des institutions de l’UA qui font prévaloir la cohésion autour du consensus et qui favorisent la collégialité dans la gestion des intérêts de l’Union.
Sous cet éclairage, il n’est pas indispensable que le Maroc accomplisse, à ce stade, un acte protocolaire de reconnaissance de l’Etat sahraoui, la valeur symbolique d’un tel acte résidant plutôt dans l’expression d’une volonté de réconciliation entre deux peuples voisins et frères.
L’Union africaine et l’OUA ont toujours inscrit leurs actions dans le strict respect du droit en défendant la légalité internationale, notamment le droit des peuples à l’autodétermination. Les prétentions marocaines sur un territoire dont la souveraineté est un attribut inaliénable du seul peuple sahraoui, et qu’aucun Etat ni organisation ne reconnaît au Maroc, encore moins les instances juridictionnelles internationales et européennes qui la lui dénient, sont si manifestement contraires à l’Acte constitutif de l’UA que la «supercherie» serait de faire croire que la puissance d’occupation aurait quelque titre pour perpétuer un fait accompli militaire. Nasser Bourita, qui a étalé les états d’âme de son roi dans un média marocain, a encore un gros effort à faire…
Karim B.
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