François Asselineau : «La France a commis des choses répréhensibles en Algérie»
Invité de la chaîne Berbère Télévision, François Asselineau, candidat de l’Union populaire républicaine (UPR) à l’élection présidentielle française, n’a pas échappé à la question portant sur la mémoire qui pèse sur les relations entre l’Algérie et la France. Il reconnaît que «la France a commis des choses répréhensibles en Algérie», «c’est le moins que l’on puisse dire, c’est tout à fait exact», souligne-t-il. Mais lui n’ira pas jusqu’à dire comme Emmanuel Macron, autre candidat à l’élection présidentielle française, que «la colonisation est un crime contre l’humanité». Il estime que, parler ainsi, c’est prendre le risque de mécontenter tout le monde. Dans un premier temps, dit-il, beaucoup de Français qui sont d’origine pied-noir vont être furieux, et, ensuite, avec le rétropédalage consistant à affirmer que «ce n’est pas ce que j’ai dit», c’est le gouvernement algérien qui va être furieux, selon lui.
François Asselineau n’a pas tari d’éloges pour l’Algérie et les Algériens en évoquant un séjour qu’il a passé il y a deux ans dans notre pays, plus précisément en Kabylie, pour assister au mariage d’un membre du bureau national de l’UPR. Des 18 jours qu’il a passés en Algérie à cette occasion, il a gardé le souvenir d’«un pays magnifique» et de «gens extrêmement gentils», et il semble déplorer le fait qu’il y ait très peu de touristes. Il a été frappé de constater que «beaucoup d’Algériens parlent le français et regardent vers la France, où ils ont de la famille».
Avec l’Algérie et en allusion, sans doute, au passé colonial de la France dans notre pays, François Asselineau pense qu’il faut «passer à autre chose» et «regarder vers l’avenir de façon positive». En exposant sa conception des relations entre l’Algérie et la France, il exprime sa volonté, s’il est élu à la présidence de la République, de renouer «des liens d’amitié, de coopération» avec l’Algérie, mais en partant du fait que «chacun est indépendant», c’est-à-dire sur un pied d’égalité, ce qui est une position rare dans la classe politique française.
Il affirme éprouver «beaucoup de sympathie pour la francophonie en général et pour nos amis du Maghreb en particulier». Il fait observer que «ce qui rapproche la France de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie est incomparablement supérieur à ce qui rapproche la France de la Lettonie, de la Slovaquie ou de la Finlande». Il cite l’exemple de son parti, l’UPR, dont plus de 15% des adhérents sont d’origine maghrébine avec une surreprésentation de berbère dont il flatte la «finesse d’analyse sur la situation politique française supérieure à bien des Français de souche» et qu’il explique par le fait que les Algériens sont très intéressés par la politique, mais surtout par leur double culture qui leur donne un regard plus intelligent, estime-t-il.
Sur les relations avec les anciennes colonies africaines qui sont dans la zone CFA, il plaide pour «travailler la main dans la main en se respectant chacun». Il faut, dit-il, que la France mette fin à la françafrique. Il prend l’engagement d’aider les pays de la zone CFA qui veulent la quitter, à le faire, mais ne veut pas que la France parte, «ce serait un drame humain, on a trop de liens familiaux, historiques, culturels et trop d’affinités».
Houari Achouri
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