Afrique du Sud : enquête rouverte pour un crime de l’apartheid

Afrique du Sud Ahmed Timol
Ahmed Timol. D. R.

La justice sud-africaine a rouvert officiellement ce lundi une enquête sur la mort d’Ahmed Timol, un militant anti-apartheid décédé en 1971 d’une chute du dixième étage du quartier général de la police. «Il y a suffisamment d’éléments pour rouvrir cette enquête, dans l’intérêt de la justice», a déclaré le juge Billy Mothle lors d’une audience au tribunal de Johannesburg. «Considérant l’ensemble des documents qui ont été soumis, il ne fait aucun doute, pour moi, qu’au cours de ces procédures nous allons en tant que Sud-Africains rouvrir une porte qui ravivera de mauvais souvenir.»

En octobre 1971, Ahmed Timol, un militant communiste de 30 ans, avait fait une chute de dix étages depuis le commissariat central de Johannesburg où il était détenu. L’enquête avait rapidement classé l’affaire, concluant à un suicide. Pendant 45 ans, la famille d’Ahmed Timol, notamment son neveu, s’est battue pour que la justice se saisisse de nouveau de l’affaire, persuadée que le militant avait été torturé et tué par la police. Après de nombreux refus, elle a finalement eu gain de cause lorsqu’en octobre le parquet a accepté de rouvrir le dossier.

L’audience devrait amener son lot de révélations grâce aux témoignages de plusieurs acteurs-clés du dossier, dont Saleem Essop, arrêté en même temps que Timol et présent à la barre lundi. «J’ai reçu un gros coup de poing dans l’estomac. Ensuite, les policiers ont enlevé mes lunettes et m’ont mis une série de grosses baffes qui m’ont fait voir 36 chandelles», a raconté Essop se souvenant de son interpellation alors qu’il était accusé d’être impliqué dans la mort de soldats sud-africains. «On était agressés, frappés et personne ne nous expliquait pourquoi. Je suis même tombé dans le coma», ajoute-t-il, assurant avoir aperçu une dernière fois Timol incapable de marcher et traîné de force par des policiers dans le commissariat.

Un témoignage sera particulièrement attendu dans ces prochains jours, celui de Joao Rodrigues, l’un des policiers présents dans la salle d’interrogatoire d’où Ahmed Timol est tombé. Cette audience doit permettre à la justice d’établir si des poursuites peuvent être engagées ou non. «Toute information pouvant aider la cour dans cette procédure est la bienvenue», a indiqué le juge Mothle.

R. I.

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