Tunisie : des centaines de policiers manifestent pour leur «protection»
Des centaines de policiers tunisiens ont manifesté vendredi pour réclamer l’adoption d’un projet de loi très controversé visant à «protéger» les forces de sécurité, au lendemain du décès d’un des leurs, poignardé par un «extrémiste».
A Sfax (centre-est), deuxième ville du pays, des policiers, certains en uniforme, ont défilé avant de se rassembler devant la préfecture en chantant l’hymne national. D’après des médias tunisiens, des manifestations similaires ont eu lieu dans plusieurs villes comme Gabès (sud), Bizerte (nord) et Siliana (nord-ouest).
«Nous exigeons une loi qui interdise les agressions contre les policiers», «cette loi est un droit et pas une faveur», pouvait-on lire sur des pancartes. «Ô martyr, sois tranquille, nous continuerons le combat», ont scandé les manifestants.
Jeudi, l’un des deux policiers poignardés par un «extrémiste» devant le Parlement la veille à Tunis et grièvement atteint au cou a succombé à ses blessures.
Son décès a suscité une vague d’émotion et ravivé le débat sur un projet de loi de «protection» des agents des forces armées, réclamé par les syndicats de police et vivement décrié par la société civile qui le juge «dangereux» pour la transition démocratique.
Le texte entend garantir «la protection des agents des forces armées» – policiers, militaires et douaniers – contre «les agressions menaçant leur sécurité et leur vie afin de garantir la stabilité de la société tout entière». Mais pour plusieurs ONG, le projet de loi «menace les libertés d’expression et de manifestation» et crée «une immunité spéciale» pour les agents.
Jeudi, trois organismes syndicaux émanant des forces de l’ordre ont appelé à des mouvements de protestation dans toutes les villes tunisiennes et ont fixé un ultimatum au Parlement, menaçant d’organiser des sit-in si les élus ne mettaient pas dans les quinze jours à leur programme le passage en plénière de ce projet de loi.
Le président du Parlement, Mohamed Ennaceur, avait indiqué mercredi, jour de l’attaque contre les policiers au Bardo, que «d’un côté nous devons protéger les forces de sécurité (…), mais d’un autre il y a les droits de l’Homme qu’il faut considérer, respecter et appliquer». Ses propos ont été critiqués par les syndicats de police et le président Béji Caïd Essebsi a souligné «la nécessité d’accorder une priorité absolue» au projet de loi.
R. I.