La contre-offensive d’Ahmed Ouyahia va-t-elle sauver son gouvernement ?

Ouyahia RND
Ahmed Ouyahia adopte deux méthodes antagoniques. New Press

Par R. Mahmoudi – C’est en sa qualité de secrétaire général du RND qu’Ahmed Ouyahia a choisi de réagir aux attaques et aux critiques en cascade qu’il a essuyées ces dernières semaines. Est-ce parce qu’il ne dispose plus au gouvernement d’une marge de manœuvre suffisante ou une manière de sa part pour faire peser son parti dans cette double lutte à la fois de survie et de conquête ?

Dans sa riposte, Ouyahia avance sur deux niveaux, en adoptant parallèlement deux méthodes antagoniques : la supplique et la réplique. Supplique, en encensant parfois outrancièrement le chef de l’Etat, allant par exemple jusqu’à dire de lui qu’il s’était opposé à l’interdiction de la fameuse conférence de Mouloud Mammeri, en avril 1980, et aussi à la répression des manifestations qui s’en étaient suivies, alors qu’on sait qu’à cette époque l’actuel Président de la République était déjà écarté du pouvoir. Plus attendu sur l’instruction présidentielle recadrant ses décisions relatives au projet de partenariat public-privé et à la privatisation des entreprises publiques, avant même le coup d’envoi, Ouyahia s’est claquemuré dans un silence qui en dit long sur la gravité et la profondeur du malaise provoqué par les injonctions du chef de l’Etat et qui maintient donc toute la confusion autour de cette affaire.

Restant dans sa logique de «soutien inconditionnel» au Président, le Premier ministre a préféré éluder complètement le sujet, certainement pour ne pas avoir à se contredire et à s’attirer, en même temps, les foudres de ses rivaux qui l’attendent au tournant pour l’«achever». Or, en mettant l’accent sur «l’attachement de son gouvernement à la justice sociale», Ouyahia fait profil bas, en désavouant tacitement une orientation «trop libérale» de son plan économique. Donc, même codé, son message est très clair. Reste maintenant à savoir si cet aveu est suffisant pour lui éviter le purgatoire.

Son prédécesseur, Abdelmadjid Tebboune, se trouvant presque dans la même posture, n’avait pas eu le réflexe de se déjuger plus intelligemment.

Dans sa réponse à ses détracteurs, qui se recrutent aussi parmi les soutiens du Président, Ahmed Ouyahia a également pris le soin de dissocier leur rôle de porte-voix du chef de l’Etat et de vigies du système de tout le reste. Ainsi, par exemple, il n’a pas soufflé mot sur la «tripartite bis» organisée au siège du FLN, et a évité de répondre à Djamel Ould-Abbès qui l’a maintes fois tancé sur des sujets liés à sa gestion et à son bilan. Il a préféré ramener le débat à une histoire de «probité» et d’«efficacité» politiques entre deux partis qui se disputent les faveurs du Président.

R. M.

Comment (4)

    Anonyme
    19 janvier 2018 - 16 h 41 min

    Pourquoi il roule en Audi, une Symbole made in Bladi c’est mieux!

    khalilsadek
    19 janvier 2018 - 13 h 59 min

    Monsieur OUYAHIA est un homme d’état aguerri par les épreuves securitaires et economique qu’a vecu nore apys depuis plus de vingt ans et a montré son efficacité dans les périodes les plus difficiles . Donc il est connu par les différentes couches de la population, ses compétences, son franc parler, sont courage ne sont ni a démontrer ni a prouver a quiconque.
    Notre president en tant que fin connaisseur sait ce qui est bon pour un pays auquel il a donné tout sa vie et quel et quand mettre l’homme qu’il faut a la place qu’il faut.
    CHURCHIL disait «tous le monde voit le patrons comme un homme a abattre ou comme une vache traire personne ne voit en lui l’homme qui tire la charrette ».
    Une économie prospere forte ne peut-etre faites que par un effort commun entre patronat et public , c’est ce qu’a voulu faire Mr Ouyahia.
    Pour ceux qui me prendront pour chayette je ne suis ni RNDiste ni FLNiste, je juge juste un homme comme je le vois en mon ame et conscience.

    Anonyme
    19 janvier 2018 - 9 h 47 min

    ha ha ha privatisation?! il suffit juste de constater dans quel état de délinquance se trouve le transport!

    Djemel
    19 janvier 2018 - 7 h 58 min

    Concernant le projet de privatisation, il reste des questions sans réponses. En impliquant activement le président du FCE dans la définition de ce projet, ce dernier a intérêt que les règles du jeu favorisent l’acquisition, dans les meilleures conditions (moindre coût, coupure de postes…), des entreprises publiques par les gens d’affaires. D’ailleurs, son rôle est de défendre les intérêts des gens d’affaires. En impliquant activement le président du syndicat, qui défend les employé(e)s, un équilibre peut être atteint à condition qu’il y a une éthique personnelle et professionnelle. Or, pour un tel enjeu, on fait une erreur grave si on ne compte que sur la bonne foi de l’humain. Ce sont les règles bien établies et appliquées correctement qui garantissent le bon déroulement des privatisations. Ces règles doivent être définies par le gouvernement, avec des consultations de plusieurs acteurs, y compris des représentants de la population. Est-ce que la stratégie mise œuvre par le premier ministre renforcera l’économie du pays?

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