«Pléthorisme»

air Naftal
Que ce soit à Orly Sud ou à Houari-Boumediene, les mêmes images désolantes : les passagers en otages. D. R.

Par M. Aït Amara – 9 000 employés à Air Algérie, 110 000 à Sonatrach, 30 000 à Naftal, 27 000 à Algérie Télécom, 4 000 à l’ENTV… De combien de travailleurs ces entités économiques publiques ont-elles besoin réellement ? Dans une déclaration à nos confrères d’Echorouk, le PDG d’Air Algérie a juré par tous les dieux qu’aucune augmentation des salaires ne sera accordée en dépit des mouvements de grève à répétition qui perturbent le bon fonctionnement de la société à la tête de laquelle il a été nommé récemment. Allache Bekhouche hérite d’une entreprise en quasi faillite, longtemps gérée comme une «affaire familiale», certaines catégories professionnelles qui la composent s’accordant des privilèges qui affectent son budget et attentent à sa réputation.

Il en est ainsi des billets gratuits, de la distribution des produits destinés à la vente, telle une rente viagère – boissons alcoolisées, cigarettes, parfums, etc. Une pratique tellement répandue et érigée en règle que la compagnie a fini par ne plus assurer cette prestation sur ses vols. Le défunt Tayeb Benouis, ancien PDG d’Air Algérie, confiait un jour en off à des journalistes que les pilotes de ligne affiliés au SPLA, qui lui faisaient des misères à l’époque déjà, ne révélaient pas leurs vrais salaires et les nombreux «à-côtés» dont ils jouissaient – et continuent de jouir –, notamment une prime mensuelle en devise étrangère.

Il en est ainsi, également, de ces «primes de départ» mirobolantes accordées aux cadres de sociétés déficitaires et dont certaines commercialisent des produits subventionnés, à l’image de Naftal. Comment se peut-il qu’une société qui vend du carburant payé en partie par le contribuable verse une telle prime ? A quoi ce bonus correspond-il ? Aux chiffres positifs réalisés par l’entreprise ? Peut-il y avoir des résultats bénéficiaires dans une société assistée par l’Etat ?

«Pléthorisme». Ce néologisme sied parfaitement à la définition de la doctrine économique choisie par l’Algérie depuis l’Indépendance. Les Algériens, qui ont tété à la mamelle du socialisme, n’arrivent pas à se débarrasser de cet atavisme qui mène le pays à sa ruine. Cachés derrière l’argument de la sauvegarde de l’outil de production, cher à Karl Marx, des partis politiques aux visions archaïques et des syndicats qui s’accrochent à des avantages excessifs et immérités militent pour la perpétuation de ce dogme anachronique.

Paradoxalement, c’est la persistance à vouloir laisser les choses en l’état qui nourrit la corruption, l’enrichissement illicite, la rapine, le marché parallèle, la pénurie, la nonchalance… Bref, l’ère de la vache à lait est révolue mais les intouchables continuent à traire des mamelles taries.

M. A.-A.

Comment (18)

    hadad
    29 janvier 2018 - 12 h 19 min

    Eli Pariser est un sioniste déguisé en ONG .org c’est la stratégie des sionites!

    Anonyme
    29 janvier 2018 - 1 h 06 min

    Allez voir les salaires des fonctionnaires des institutions algériennes en France et vous aurez du surprises, pas n’importe qui qui pourrait être recruté, c’est des entreprises réservées.

    Anonyme
    28 janvier 2018 - 22 h 55 min

    Ah les parasites qui infestent le secteur étatique ! Un exemple : fonction officielle : gardien de nuit ( une nuit sur 2 de 17 h à 07 h du matin ) à ne rien garder et plutôt à dormir dans sa piaule (car les établissements publics sont fermés dans ce créneau horaire), puis récupération (journée chômée et payée ) le lendemain. Un lendemain de récupération plutôt très bizness consacré à une activité informelle très juteuse comme par exemple la vente des voitures d’occasion . Résultat des courses : un gardien de nuit peut s’offrir une voiture de luxe et une maison de haut standing beaucoup plus rapidement qu’un professeur en chirurgie cardiaque !
    L’économie et les finances en Algérie sont à reconsidérer de fond en comble (chose hautement improbable par manque de volonté politique) sinon ce pays ira au diable, ce que nulle personne censée ne souhaite.

    Anonyme
    28 janvier 2018 - 22 h 26 min

    L’inculture crasse et l’ingratitude pathologique de certains les fait insulter le socialisme. Savent-ils au moins ce qu’est le socialisme ces parvenus endimanchés. Qu’étaient-ils en 1962 et que seraient-ils devenus eux et leur progéniture sans le socialisme à l’algérienne (certes imparfait ) qui les a nourris, soignés, logés, scolarisés, promus à des emplois et des postes, enrichis à milliards ? On vient d’apprendre par le biais d’un journal algérien en ligne que Ali Haddad vient de se faire offrir 200 millions de dollars d’une banque algérienne pour se lancer dans la sidérurgie. Nul doute que l’acier qui sera fourni sera de la même trempe que le bitume de sa fameuse autoroute.

    Felfel Har
    28 janvier 2018 - 17 h 06 min

    Je vais vous faire découvrir ce que l’entreprise socialiste algérienne subissait du temps de la GSE (Gestion Socialiste des Entreprise) et j’en parle en connaissance de cause car j’étais DAF de l’une d’entre elles. Aux fonctions classiques que sont les approvisionnements, la production et la commercialisation, l’État-propriétaire nous a imposé la prise en charge, sur fonds d’entreprise, du transport du personnel, des oeuvres sociales dont les colonies de vacances, les centres médico-sociaux et les coopératives, et d’un sureffectif de l’ordre de 10% (emploi des Anciens Moudjahidine et des enfants de chouhada). A celà s’ajoute les livraisons obligatoires à d’autres entreprises publiques sans contrat, ni bon de commande si bien que les créances impayées représentaient trois fois le montant de nos dettes exigibles à court terme. Chaque mois, je me voyais signifier par ma tutelle de payer les employés en aggravant notre découvert bancaire. Bien que l’entreprise croulait sous les dettes, les syndicalistes de l’ATU campaient dans mon bureau pour exiger (ils se disaient co-gestionnaires sans accepter la responsabilité de leurs décisions) des primes (PRI et PRC) et même une prime de mouton pour l’aïd. Comment voulez-vous qu’une entreprise réussisse dans ces conditions? L’État-providence nous promettait une couverture de nos déficits d’exploitation sans songer aux effets néfastes de son immixtion dans la gestion. L’obligation de résultat ne figurait pas dans mon contrat de travail. Mon ministre de tutelle m’a un jour suggéré de ne plus parler de rentabilité économique et financière, mais de considérer aussi la rentabilité sociale. J’ai alors compris qu’il valait mieux rendre le tablier!

    Abou Stroff
    28 janvier 2018 - 16 h 17 min

    air algérie n’est qu’une structure qui répond aux intérêts bien compris de la marabunta qui nous gouverne, laquelle domine le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation qui nous avilit et nous réduit à des moins que rien.
    en effet, tous les algériens lambda savent que cette compagnie sert à caser les fils et filles de si flen et de si felten, d’où la pléthore d’agents qui passent leur temps à vadrouiller dans les allées des aéroports et à « faciliter » le passage de ceux (les membres de la marabunta, entre autres) qui ne veulent pas se mêler à la plèbe.
    PS1: que ceux qui critiquent par naïveté ou plutôt par manque de culture politique le socialisme sachent que le fonctionnement du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation est aux antipodes de tous les système basés sur le travail, y compris le socialisme qui reste à construire. s’il y a une critique pertinente à faire, qu’elle soit dirigée vers le système rentier et non vers un système qui ‘a jamais émergé en algérie malgré les slogans creux de nos augustes dirigeants.
    PS2: que ceux qui croient que des analphabètes trilingues qui se prétendent chefs d’entreprise peuvent booster les entreprises publiques en se les appropriant prennent le temps observer ce que font déjà ces analphabètes avec l’argent public.

    nectar
    28 janvier 2018 - 15 h 31 min

    Le plein emploi est un euphémisme dans une économie dirigée par le larbinisme, la courbette et le copinage..C’est ce que j’ai toujours qualifié d’organigramme en grappe de raisins ( un qui produit et dix qui ne foutent rien, en plus ils perturbent celui qui travaille, par leur va et vient). Dans ces grosses boîtes étatiques, on peut diviser les effectifs par deux sans se tromper, pour peu, que la sélection se fasse sur la qualification et non sur les autres critères propres à notre société… A l’époque de Boumedienne, ces sureffectifs peuvent s’expliquer par le fait, que les sociétés nationales servaient de centres de formation, chacune dans son ou ses métiers..Mais après les années, quatre vingt, il fallait revenir aux normes de gestion rigoureuses, afin d’élever les performances et de s’accrocher aux rendements internationaux..Malheureusement, les choses se sont plus dégradées et toutes les sociétés nationales sont devenues déficitaires, mais avec des salaires qui ont augmentés et alourdis les charges…Je connais des sociétés qui ne foutent pratiquement rien à longueur d’année et les salaires sont payés par un déficit abyssal auprès des banques ( l’ordre vient d’en haut de continuer à assister ces fainéants, au détriment de l’avenir du pays et en plus de payer du variable jusqu’à 170% du salaire contractuel aux cadres dirigeants)…

    BraÏdji
    28 janvier 2018 - 14 h 41 min

    Vous voila, Mr AMARA, au carrefour de plusieurs routes ! Vous continuez sur la même direction …. Vous déplorez le corporatisme de certains syndicats qui veulent produire de moins en moins et être de plus en plus payés, partant de plus en plus tôt à la retraite (…)
    Des hommes ambitieux, qui firent parti du pouvoir, annoncent depuis plus d’une décennie le malheur pour le lendemain si on ne leur confie pas le pouvoir sans passer par les urnes ; des individus, connus uniquement des médias, clament à qui veux les entendre que s’ils ne sont pas devenus président c’est la faute du pouvoir, malgré leur intelligence subliminale alors que Bouteflika est un (…) tyran parmi les dictateurs.
    Des gens, comme Saïd Sâdi, qui en 2011 manifestait avec son mentor et ami BHL pour pousser l’Algérie à se joindre à la meute occidentale pour attaquer la Libye, avait accusé Bouteflika d’être complice de Kadhafi et de lui avoir fournit des armes.
    Pratiquement tous les partis menacent le pouvoir, s’il entame des privatisations, d’un tsunami arabe .
    De véritables citadelles corporatistes -les employés d’Air Algérie, Sonelgaz , Sntf , El Hadjar, transports publics, Hôpitaux ,Éducation Nationale – considèrent les entreprise qui les emploient comme leur propriété et non pas de l’état, c’est à dire de la nation !
    Dans leur conscience claire et nette personne ne doit leur contester quoi que se soit sous peine de paralyser indéfiniment le pays quitte à plonger la majorité de la population dans une pauvreté à l’égale de ce que fût l’atroce misère infligée par la colonisation.
    (…) Sans compter la vermine islamiste qui ne rêve que de réussir là où la France a échoué: la disparition pure et simple de l’Algérie.
    Il y a une douzaine d’années, un audit demandé par le gouvernement à un cabinet américain rendit son rapport soulignant qu’il y avait 5000 personnes de trop à Air Algérie.

    Larbi Benmhidi
    28 janvier 2018 - 14 h 04 min

    « Les Algériens, qui ont tété à la mamelle du socialisme »…. Y’ avait-il du socialisme ou plutôt du KHORTIZME?
    Si durant le règne du patriote H. Boumédiène (paix à son âme), il y’ avait 10% de sureffectif dans les sociétés nationales, il disait (et il le savait) que cela pouvait se corriger à moyen terme quand les travailleurs et les cadres allaient réaliser des gains de productivité. Ce qui était réaliste et réalisable car le système était bâti sur la méritocratie; école et université algériennes n’avaient rien à envier aux mêmes institutions des pays avancés; l’exemple de la probité était donné par le chef de l’état: il n’ y avait pas de frères, cousins autour de lui à la présidence, les ministres et cadres supérieurs suivaient ce chemin. À la mort du défunt, le sinistre Brahimi a « restructuré » les sociétés nationales en plusieurs centaines d’E.P.E et il n’y avait pas assez de managers pour gérer ces E.P.E et on assistera au parachutage de bras cassés et protégés de Hlima et consort, le seul diplôme exigé était le certificat de naissance de MAzouna; l’article 120 du FLN finira le reste du sale boulot en parachutant les plus vils et vulgaires opportunistes sans qualification que celle de s’aplatir devant le chef de Kasma. N’importe quel quidam coordo de Kasma, chef de cellule F.L.N d’E.P.E, pseudo-responsable du syndicat unique pouvait imposer sa fille et son fils à des postes indus démoralisant le reste des travailleurs honnêtes et méritants et comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, dés l’ouverture des départs volontaires, ce furent les meilleurs qui s’en allèrent laissant l’entreprise aux bras cassés, les goujats et les voleurs qui continuèrent gaiement à détruire ce que les générations précédentes avaient bâti, le terrorisme islamiste brûlera et détruira des entreprises, écoles et moyens de transport comme si les enfants de ce pays s’étaient ligués pour détruire ce pays.
    Ce qui reste aujourd’hui de ces entreprises continuera la même descente aux enfers tant et aussi longtemps que le problème politique central ne sera pas résolu: la démocratie réelle pour faire accéder aux hautes fonctions électives, la méritocratie pour accéder aux responsabilités.
    À la fin, n’insultez pas le socialisme, il n’a rien à voir avec nos pratiques. Revenez 20 ans en arrière et consultez les bilans (non maquillés comme chez nous) des entreprises publique de chez FAFA, vous trouverez que Renault bien public était bénéficiaire de même qu’Air France, de l’autre côté de l’Atlantique au Canada, l’entreprise de production et de distribution de l’électricité est publique et reverse au trésor chaque année 5 Mds de $…. À méditer

      El kenz
      28 janvier 2018 - 16 h 02 min

      Entièrement d’ accord avec votre diagnostique , sauf que les parachutés à la tète des grandes entreprises du pays ne sont pas de Mazouna mais bel et bien composées à 80 % de gens du triangle Tizi Ouzou, Béjaia et Bouira. Sonatrach et toutes ses filiaires, Sonalgaz, Naftal, Air Algérie, Cosider, ENF .ou rouh ou rouh … chose vérifiables par une vue d’esprit. Cette situation ressemble à s’y méprendre à ce qu était l’ ANP avant les15/20 ans passés composée de Batna,Tebessa SouK Ahras.

        MELLO
        4 février 2018 - 17 h 18 min

         » … sauf que les parachutés à la tète des grandes entreprises du pays …composées à 80 % de gens du triangle Tizi Ouzou, Béjaia et Bouira…. » Étonnant pour un triangle qui manque de tout : Manque d’investissement Etatique, pas de nouvelles usines, manque d’eau, coupure récurrente d’électricité, état des routes lamentable, impôts les plus exubérants , une administration « rugueuse » en pratique , un taux de chômage au dessus de la moyenne nationale, etc… Des régions mises à l’index où rien ne semble bouger. La mise à mort , quoi !!…

    Socrate
    28 janvier 2018 - 13 h 49 min

    Le socialisme est mortel ! Que ce soit en Europe, en Asie, en Afrique. La Chine et l’Inde n’ont réellement décollé que lorsqu’elles ont jeté par dessus bord le communisme et le socialisme qui est son petit frère.

    MELLO
    28 janvier 2018 - 13 h 29 min

    Un sérieux coup de pied doit être donné dans cette fourmilière d’entreprises étatiques, avec une remise en cause des organigrammes de chaque entreprise. Le principe est de définir d’abord toutes les fiches de poste de chacun des agents (employés) avant d’aller vers un organigramme où les fonctions seront bien définies.
    Un audit généralisé de toutes ces entreprises budgétivores doit être engagé sans aucune attente ni animosité afin de dégager une organisation rationnelle, à même de permettre un fonctionnement efficace.

    seddiki
    28 janvier 2018 - 10 h 29 min

    salem, mon cher Aït Amara rendez-vous à l’évidence, il n’y a plus de pilote dans l’avion. Cela commence à durer. Il est de moins en moins question de l’Algérie. Quant au pavillon national : Air Algérie, ce n’est pas un hasard tous ses déboires. Ce n’est que conséquences.

    reda
    28 janvier 2018 - 10 h 12 min

    Des bras casés à Air Algérie.
    Le PDG doit fermer des agences en France qui servent à rien sauf payer des bras casés en euros.

    LOUCIF
    28 janvier 2018 - 10 h 05 min

    Cet article est juste et vrai !!

    lhadi
    28 janvier 2018 - 9 h 26 min

    N’en déplaise aux nombreuses résistances ; celles d’abord de certains hauts dirigeants; celles ensuite d’une large partie des responsables et des cadres qui craignent de voir réduits leurs privilèges et leurs prérogatives; et puis celles aussi d’une partie des travailleurs, qui ont trouvé des formes d’accommodement avec le système actuel et qui donc, comme dit le proverbe populaire, « savent ce qu’ils vont perdre, mais non ce qu’ils vont gagner », il importe de mettre en oeuvre des reformes qui élargissent le secteur privé, de donner plus d’importance aux mécanismes de marché et de laisser agir plus largement le stimulant de l’intérêt individuel.

    En ce sens, pour plus de transparence, de rigueur, d’efficacité et de justice sociale, il est impérative d’ouvrir le capital des sociétés publiques aux citoyennes algériennes et aux citoyens algériens.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Zaatar
    28 janvier 2018 - 7 h 33 min

    Non l’air de la vache à lait n’est pas encore révolu. Le pétrole est à plus de 70 dollars le baril et il y a encore beaucoup de réserves de gaz notamment de schiste et une grande partie du sud du pays encore inexplorée. Aussi les partisans de la distribution de la rente et de la prédation ont encore de beaux jours devant eux et tant que le peuple ne déclenchera pas sa révolution rien ne changera dans le pays jusqu’à épuisement de toutes ses richesses. Ça sera alors l’ere Mad Max et tant pis pour les plus faibles.

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