Importation des intrants : les producteurs de céramique interpellent Ouyahia

Ouyahia ACA importation
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia. New Press

Par Hani Abdi L’Association des céramistes algériens (ACA) interpelle le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur la situation de cette filière d’activité depuis l’interdiction à l’importation de deux intrants. Dans une lettre ouverte publiée dans la presse nationale, l’ACA fait appel au Premier ministre afin qu’il débloque la situation et sauve cette filière appelée à se développer rapidement à la faveur de l’interdiction des produits céramiques finis.

L’ACA parle d’une «situation plus qu’alarmante qui touche l’industrie de la fabrication des revêtements céramiques, représentant un secteur très important, avec tous ses impacts sociaux, sociétaux, économiques et environnementaux». L’Association des céramistes algériens estime que «la décision du ministère du Commerce d’inclure des matières premières de la céramique (frites et engobe) dans la liste des produits interdits à l’importation est la cause de cette situation alarmante».

L’ACA rappelle que, «par le passé, ce secteur ne représentait qu’un maillon faible de notre tissu industriel et ne couvrait qu’un léger ratio de la demande du marché national». «Aujourd’hui, souligne cette organisation des céramistes, ce secteur est devenu un pôle de grande envergure et fait face aux produits finis importés, tant en quantité qu’en qualité.» L’ACA remercie, au passage, l’Etat algérien pour «la décision courageuse prise quant à la limitation d’acquisition de ces produits de l’étranger par le système des quotas et qui ne fera que freiner la saignée des devises par des importations non justifiées».

L’ACA explique dans sa lettre que l’importation de certains intrants entrant dans la fabrication de la céramique a toujours fait l’objet d’assistance, de tests de laboratoire et d’essais semi-industriels pour s’adapter aux tessons (corps de la céramique avec ses spécificités) de chaque fabricant et à chaque typologie de revêtement à fabriquer. L’ACA assure qu’«à l’heure actuelle, aucun producteur national, et nous insistons sur cela, n’est en mesure de fournir ni en quantité ni en qualité ces deux intrants». La fabrication de ces matières (frites et engobe) nécessite des investissements tant dans les équipements que dans la main-d’œuvre spécialisée de haut niveau.

«Un tel processus, explique l’ACA, ne peut se faire du jour au lendemain. Il exige un transfert graduel de technologie». Pour l’ACA, ces intrants, qui demeurent très compliqués, doivent subir des analyses très approfondies selon des procédures de fabrication bien définies et selon un know how fondé sur des bases scientifiques pour être adaptés à leur utilisation finale. L’ACA poursuit en estimant que «par une démarche d’interdiction, prise sans concertation, on veut ramener ces acquis de longue haleine à un stade précaire».

L’ACA craint qu’avec le maintien de cette interdiction, les céramistes algériens ne pourront pas honorer leurs engagements envers les utilisateurs de ces produits, qu’ils soient publics ou privés. Elle précise dans ce sillage que la facture d’importation de tous les fabricants de céramique de ces deux intrants pour l’année 2017 n’a pas excédé les 23 millions d’euros. Cela alors que celle de l’importation de biscuit de céramique (qui est fabriqué au niveau national avec une qualité meilleure) s’élève à des millions d’euros.

Pour l’ACA, les restrictions d’importation devraient trivialement toucher les biscuits et les produits finis en céramique à pâtes rouges, pour lesquels on note une vraie maîtrise par les opérateurs algériens. L’ACA attend ainsi d’Ahmed Ouyahia une intervention pour débloquer la situation qui risquerait à court terme de paralyser ce secteur, un vecteur de croissance pour l’économie nationale.

H. A.

Commentaires

    Anonyme
    18 février 2018 - 14 h 32 min

    « La fabrication de ces matières nécessite des investissements tant dans les équipements que dans la main-d’œuvre spécialisée de haut niveau. »
    Il faut bien sur répondre à ce besoin; les producteurs de céramique ne peuvent-ils pas s’associer pour créer une telle entreprise en y prenant des participations??

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