La IIe République

République
Abdelaziz Bouteflika en visite à Jijel, en septembre 2007. New Press

Par Rabah Toubal – Revendiquée avec plus ou moins d’arguments convaincants et parfois avec une légèreté aux forts relents populistes, la IIe République, chère à Hocine Aït Ahmed, est paradoxalement en train de voir le jour sous l’ère de Abdelaziz Bouteflika.

En effet, après vingt ans de règne absolu, que reste-t-il aujourd’hui de la République algérienne démocratique et populaire, dont Bouteflika est l’un des pères fondateurs, instaurée en 1962 conformément à la «République sociale» annoncée par la Proclamation du 1er Novembre 1954 ? En vérité, très peu de choses, surtout sur les plans économique et social.

La plupart des entreprises économiques nationales et locales ont été cédées, parfois au dinar symbolique, à des amis algériens ou étrangers. Et les acquis sociaux – dont deux ou trois produits alimentaires encore subventionnés par l’Etat – sont devenus des coquilles vides qui ont perdu, les uns après les autres, tout attrait pour les citoyens de plus en plus désabusés, confrontés à la réalité des prix et nombreux à débourser de l’argent afin de bénéficier d’une supposée meilleure qualité de produits ou de services chez le privé, qui a pratiquement investi tous les secteurs.

La république sociale est morte, vive la république libérale !

A doses homéopathiques, le président Bouteflika a euthanasié la république sociale au profit de sa IIe République d’essence libérale, soutenue par un arsenal de textes législatifs et réglementaires adoptés et promulgués par un Parlement non indépendant et un Exécutif chargé de mettre en pratique un programme qui lui est dicté d’en haut.

Il est vrai que le Président a été aidé par un concours de circonstances favorables exceptionnel, comme l’augmentation vertigineuse des prix des hydrocarbures (qui constituent plus de 98% des exportations algériennes) dans les années 2005, laquelle a permis à notre pays de racheter la quasi-totalité de sa dette extérieure, de lancer d’importants projets structurants et à l’Etat algérien d’acheter une paix sociale, notamment avec la construction de centaines de milliers de logements sociaux. Une période durant laquelle la transition entre la première et la IIe République a eu lieu sans heurts majeurs ou dramatiques.

En tout état de cause, les accusations de gabegie, de mauvaise gouvernance, de corruption généralisée et autres fléaux et maux sociaux qui minent l’économie et la société algériennes vont certainement s’atténuer, voire se dissiper avec le temps, au fur et à mesure que les grands bénéficiaires de la manne pétrolière et de l’opulence financière qui en a découlé améliorent la gestion de leurs entreprises et rompent le lien ombilical avec l’administration, afin de ne pas continuer à profiter impunément et injustement de la générosité de l’Etat algérien.

Comme l’a si bien dit un homme d’affaires, qui est une figure emblématique de la nouvelle république : «On nous reproche d’avoir profité de la bahbouha (aisance financière). De toute façon, si ce n’étaient pas des Algériens, ce seraient des étrangers qui auraient pris cet argent et sans rien construire en Algérie.»

Après l’ouverture démocratique de 1989, revendiquée par le peuple après les douloureux événements d’Octobre 1988, le pouvoir s’approprie et met lui-même en œuvre des revendications de l’opposition pour en tirer les meilleurs profits pour assurer sa pérennité.

A chacun sa IIe République.

R. T.

Comment (16)

    Anonyme
    18 mars 2018 - 2 h 00 min

    Le plus grave c qu’il a mené le pays à la faillite!! Au point d’imprimer l’argent pour payer les fonctionnaires. C dans 5 ans qu’on s’apercevra et vivra vraiment la détresse,quand yaura plus de devises pour importer ni équipements,ni pièces de rechange pour entretenir ce qui existe,ni vehicules… Nous allons retourner à l’âge de la bougie. On exporte 35 milliards$ Max,on importe 45 plus les services(10)ça fait 20 milliards déficit/an.et le petrole s’épuise…. NABNI,benbitour…avaient prévenu,mais le régime àvec ses oligarques ne veulent pas écouter. J’espère me tromper.

    Anonyme
    15 mars 2018 - 16 h 07 min

     » L ‘État, c’est moi. » Louis XlV

     » Je veux que la république ait deux
    noms: qu’elle s’appelle Liberté et qu’elle s’appelle chose publique.  »
    Victor Hugo

    Rani Zaafane
    15 mars 2018 - 9 h 02 min

    Une république focalisée autour d’un homme malade issu d’un autre temps qui se croit détenteur d’un pouvoir spirituel n’acceptant aucune autre vision que la sienne, gouvernant à vie .Une république qui a fait passé trois constitutions par un parlement illégitime sans recourir une seule fois au peuple.Une république sans institutions crédibles condamnées à faire de la figuration dont la seule raison est de plaire au Président .Une république gouvernée par des responsables corrompus , incompétents et impopulaires.Une république sans identité,ni références, ni valeurs, dont la seule devise est l’argent .Une république dont les riche continuent à s’enrichir et dont les pauvres s’enlisent dans la pauvreté .Une république détestée par les citoyens qui ne rêvent que de vivre ailleurs. Si c’est cela la 2ème république dont on parle alors vivement la 3ème république.

    008
    15 mars 2018 - 5 h 05 min

    Bouteflika a fondé la République des escrocs en cols blancs aux multiples immunités.

    Anonyme
    15 mars 2018 - 2 h 16 min

    Quelle 2eme République ? J’ai apparemment raté la 1ere! Quel surréalisme ! Une république qui tarde à punir les plus puissants magouilleurs corrompus, et les harkis salafistes extrémistes, qui nuisent aux valeurs de la république.
    Dans une RÉPUBLIQUE VÉRITABLE,
    PERSONNE n’est au dessus de la loi.
    Certains commentaires, sont à tomber à la renverse. Hé la! Nous sommes en Algérie. Ni au Golfe,
    ni au Maroc.

    karimdz
    14 mars 2018 - 20 h 27 min

    Une politique sociale ne me choque pas, mais une politique sociale libérale est encore mieux, car il faut bien financer le social.

    Les gouvernants successifs ont fait des erreurs, Bouteflika n a pas échappé à la règle, mais il a le mérite de recentrer les choses et d amener, piano mais sano, le pays sur la bonne voie.

    GHEDIA Aziz
    14 mars 2018 - 19 h 58 min

    Il ne faut pas prendre les vessies pour des lanternes. Ce que dit l’auteur de cet article n’est que son opinion personnelle et sa façon de voir et de commenter les choses. Ses paroles ne sont pas tirées directement de l’Évangile. La deuxième République dont il parle ici, on en voit ni les contours ni quoi que ce soit. Celle-ci sera peut être réelle et effective le jour où le système politique actuel basé essentiellement sur la rente et la corruption aura complètement disparu.

    Yazid
    14 mars 2018 - 19 h 53 min

    En 1999 Bouteflika aurait dit à la Direction de l’ANP qui l’a choisi comme candidat du consensus « Donnez moi 20 ans je vous changerai de peuple et de république ». Je vous laisse le soin de juger par vous même objectivement s’il a atteint ou non cet objectif.
    Pour moi, il l’a atteint et même dépassé.

    Osmani
    14 mars 2018 - 16 h 04 min

    Une transition soft toute en douceur, c’est à dire diplomatique à la mesure du grand Diplomate que fût Bouteflika, qui a côtoyé les grands de ce monde qui le craignent ou le respectent pour son efficacité qui lui a valu beaucoup de jaloux en Algérie et à l’étranger. Tout simplement bravo Mr le Président !

    Ahmed
    14 mars 2018 - 15 h 37 min

    Mission accomplie Monsieur le Président de la République, Rebbi itawal fi oumrok. Vous pouvez maintenant aller vous reposer et profiter de votre petite famille, après l’inauguration de la Grande Mosquée d’Alger en votre nom, qui restera à jamais gravé dans la mémoire collective du peuple algérien.

    Anonyme
    14 mars 2018 - 14 h 16 min

    L’auteur de l’article parle d’un passage d’une république sociale à une république libérale, mais point de référence à la vraie république démocratique. C’est plutôt la fin de pouvoir totalitaire de 1962 qui va inciter au passage à une vraie république! A quand la république de la liberté d’opinion, la république des libertés démocratiques, la république de la liberté conscience , la république des libertés syndicales , la république de l’alternance politique, la république de la justice indépendante, la république de la liberté d’association, la république du respect des minorités… etc… etc.. ! C’est de çà dont en a besoin le pays ! Et après tout le reste viendra et coulera de source !

    Bouteflika ne fera jamais le pas dans ce domaine là et je suis sûr que la grande majorité des algériens sont convaincus aussi qu’il ne le fera jamais ! S’il veut passer dans l’histoire malgré tout ce qu’il a fait (et tout ce qu’a fait le pouvoir autocratique depuis 1962), il fera mieux de penser à encourager à l’avènement de cette république là !

    Bon courage ya les algériens, un jour ou l’autre çà viendra avec ou sans Bouteflika !

    Mahmoud
    14 mars 2018 - 14 h 11 min

    Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace.

    Abdelkader
    14 mars 2018 - 13 h 42 min

    « Essid Sid walou ki yechraf mennou ledhiab khaifa » ( Le lion reste un lion même quand il vieillit. Les loups le craingnent toujours ) dit M’hamed El Hadj El Anka, Rahimahou Allah dans sa fameuse chanson Sobhan Allah yaltif. C’est exactement ce que le Président Abdelaziz Bouteflika a fait à l’opposition de pacotille qui mange à la cantine de l’Etat. Chapeau bas, Fakhamatou Errais !

    Anonyme
    14 mars 2018 - 13 h 38 min

    Monsieur Toubal ou vous voyez la deuxième république?? vous portez atteinte a l’image de l’intègre Si Ait Ahmed; Allah yarahmou;c’est vrai notre république elle était sociale et humaine, qui a brisé les mains de nos nombreux citoyens fainéants et paresseux;e t depuis avril 1999 elle est devenue une république de corrompus et de magouilleurs.
    l’honnète citoyen n’a plus de place,une personne normalement constituée ne se rabaisse jamais devant une autre; mais avec l’argent du pétrole tout s’achète meme certaines personne soi-disant instruites.

    yenzawoulach
    14 mars 2018 - 13 h 26 min

    Pour pouvoir parler de deuxième republique il faut en avoir eu la premiere. Le coup d’Etat contre le Gpra a avorté le processus. Depuis c’est l’armée qui miroitte ses partis dans une repprésentation plutot fade.

    Khaldoun
    14 mars 2018 - 13 h 05 min

    Bien vu Mister Toubal !!!!!
    Bouteflika a eu tout le monde, opposition, qui passe son temps à aboyer pour avoir plus d’os et peuple, dont il a rempli la bouche et le ventre pour ne pas parler ni bouger. Le temps qu’il enterre la première république et assoie bien la deuxième en coupant l’herbe sous les pieds de ceux qui ont fait de cette revendication un fond de commerce sans vraiment y croire.
    Bravo GRAND CHEF et Vive les 5, 6 et 7e mandats, Inchallah. Bien mérités !
    N’est-ce pas Lamamra qui a dit que Bouteflika est une Académie ?

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