Messahel et Yousfi se disputent la diplomatie économique

Messahel Yousfi diplomatie économique
Les deux hommes s'accusent mutuellement de marcher sur les platebandes de l'autre. D. R.

Par Hani Abdi – Une certaine animosité s’est subrepticement installée ces derniers temps entre le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, et son collègue de l’industrie et des mines, Youcef Yousfi. Cette hostilité latente a atteint son paroxysme ces derniers temps, les deux hommes s’accusant mutuellement de marcher sur les platebandes de l’autre.

Les deux membres du gouvernement Ouyahia estiment être à la tête de l’entité chargée de la mission de la promotion de l’Algérie en tant que destination des investissements directs étrangers et d’être, de ce fait, les interlocuteurs légitimes des chancelleries et des officiels étrangers en mission de travail en Algérie pour parler économie.

Abdelkader Messahel avait, lors d’une conférence animée lors de la tenue de l’université d’été du FCE, dévoilé les ambitions de son département à adopter la diplomatie économique, en annonçant la création d’une direction générale au sein du ministère chargée de la prospective, des études et de la formation. Celle-ci devait être constituée de pas moins de trois directions et de six sous-directions qui auront pour tâche de redorer le blason de l’Algérie qui, aux yeux des investisseurs étrangers, a un climat des affaires qui, le moins que l’on puisse dire, n’encourage pas les initiatives. Le chef de la diplomatie algérienne aurait même instruit les ambassades d’Algérie à être plus actives sur le volet économique et commercial et à contribuer au placement des produits algériens dans les marchés étrangers.

Le ministre de l’industrie a hérité, quant à lui, d’un département ministériel marqué par le passage du très sulfureux Abdessalem Bouchouareb qui avait écumé les capitales étrangères pour vanter, sans vraiment convaincre, le climat des affaires en Algérie, alors que l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, se consacrait exclusivement au volet politique de la diplomatie algérienne qui était plus préoccupée par les dangers à ses frontières que par l’attractivité de l’Algérie sur le plan économique.

Occupé à remettre de l’ordre notamment dans une industrie automobile qui s’avère être qu’une coquille vide et un système d’importation déguisée, Youcef Yousfi avait quelque peu négligé l’investissement que l’Algérie souhaite imposer comme préalable dans sa coopération économique avec ses partenaires. Messahel n’a pas hésité à sauter dans cette brèche en essayant d’obtenir le soutien d’Ali Haddad, président de la très puissante et influente organisation patronale FCE. Ce dernier serait dans l’embarras et essaierait de ménager le chou et la chèvre afin ne pas s’attirer les foudres de l’un ou de l’autre.

Pourtant, les deux départements ministériels auraient pu plutôt coopérer et être complémentaires, au lieu d’alimenter cette rivalité qui n’est pas dans l’intérêt de l’Algérie.

H. A.

Comment (8)

    Ben
    24 mars 2018 - 0 h 00 min

    Qu’on le veuille ou pas, Diplomatie = foreign affairs d’abord et le reste à l’intérieur principalement, ce qui n’empêche pas concertation…attention aux excès de zèle…une fois la mission finie, passe à l’autre. Personne n’est sensé tout faire par lui meme, meme s’il peut le faire.

    Abou Stroff
    23 mars 2018 - 23 h 50 min

    je ne comprends pas pourquoi mon interrogation concernant la non-intervention de notre bien aimé fakhamatouhou national à propos du différent qui oppose nos deux ministres n’a pas été publiée.
    serais ce un crime de lèse-majesté de s’interroger sur la non-visibilité de notre bienaimé fakhamatouhou national alors que le pays est dans un état de léthargie extrême?

    Jean-Boucane
    23 mars 2018 - 19 h 47 min

    Ils peuvent travailler ensemble… le but est de devellopper l’Algerie pas d’en faire un petit fond de commerce… il faut foncer et etre ambitieux!

    Anonyme
    23 mars 2018 - 17 h 50 min

    les ambassades algériennes sont les seuls au monde a ne pas avoir une section économique pour aider les Algériens et étrangers a concrétiser leur projet d’entreprise quant au ministère de l’industrie ses résultats catastrophiques sur les usines tournevis automobiles appeles made in Algeria est une pure escroquerie

    Kahina-DZ
    23 mars 2018 - 15 h 33 min

    Pourquoi Haddad ?? Où est le président pour intervenir??

    Anti khafafich
    23 mars 2018 - 14 h 27 min

    Loin pour moi de critiquer 2 illustres ministres ou de leur competent chef, mais existe t il chez Ouyahia un plan appele « qui fait quoi ou quand comment » ? Le b a ba du managment

    Hassina Hammache
    23 mars 2018 - 14 h 03 min

    Hassina Hammache Ingénieure experte en construction
    Dans tous les cas c’est l’intérêt de l’Algérie et des algériens qui doit primer « La limite entre la diplomatie « politique » traditionnelle et la diplomatie économique est parfois complexe à distinguer si bien qu’il devient difficile de déterminer l’existence d’une ligne de division pertinente entre les deux . Comme l’évoquent Lee et Hocking : l’origine de la diplomatie dans beaucoup de pays, dès le Moyen-âge, est liée à l’entretien de relations cordiales en vue, notamment, de faciliter le commerce. Une caractéristique ô combien valable aujourd’hui : pour preuve, ministères des Affaires étrangères et ministères du Commerce ont été fusionnés dans plusieurs pays à l’instar de l’Australie, du Canada ou de la Belgique, témoignant du rapprochement des missions de ces deux entités et de l’effacement de la frontière entre diplomatie traditionnelle et diplomatie économique. » extrait de l’article Diplomatie économique : qu’est-ce que c’est de Romain Gelin

    Kahina-DZ
    23 mars 2018 - 13 h 57 min

    C’est ça l’Algérie du sabotage et de la jalousie.
    Que Yousfi s’occupe de son secteur handicapé tout d’abord avant d’aller s’accaparer de la récolte des autres champs.
    Vous donnez un mauvais exemple au peuple.

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