Le fonctionnement des CHU perturbé par la grève des médecins résidents 

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Six mois déjà que la grève perdure. New Press

La grève des médecins résidents, qui en est à son sixième mois, a impacté la prise en charge des malades dans les Centres hospitalo-universitaires (CHU) d’Alger ainsi que leur fonctionnement, sans toutefois les paralyser, a constaté l’APS dans certains services des hôpitaux Mustapha et Neffissa Hamoud.

Devant la clinique médicale infantile du CHU Mustapha, le plus fréquenté de la capitale, une famille est en attente des nouvelles de son enfant qui y est suivi pour épilepsie. Même si son père soutient que ce dernier a été «pris en charge à temps», il n’en assure pas moins que l’ambiance du service renseigne sur la surcharge que subit son personnel. «Nous avons du mal à parler au chef de service qui assure le suivi de mon fils tant il a l’air dépassé», déclare le père de famille, qui s’est déplacé depuis Bouira. L’une des médecins en poste confirme un état de débordement du service, dès lors que «le travail effectué habituellement par les résidents est endossé par le reste du personnel médical», explique-t-elle, notant que les gardes sont toutefois assurées par les praticiens en grève.

Au service des urgences médico-chirurgicales, des dizaines de patients sont alignés de part et d’autre du long couloir en attente d’être pris en charge. Pendant qu’ils passent progressivement, d’autres arrivent au service. «J’ai eu une méchante entorse du genou et j’avoue que j’avais de l’appréhension à me rendre à l’hôpital en raison de la grève qui perdure. Fort heureusement, j’ai été auscultée et on m’a administré les soins nécessaires», témoigne Malika, une jeune fonctionnaire.

Au CHU Nefissa Hamoud (ex-Parnet), les services fonctionnent normalement, si ce n’est quelques perturbations ressenties par les malades qui y affluent. «Je suis là depuis le début de la matinée et j’ai vu plusieurs personnes venues prendre un rendez-vous ou pour passer une radiographie renvoyées. Seuls les enfants ont été pris en charge sous l’insistance de leurs parents», témoigne Mohamed, un malade qui quitte bredouille le service de radiographie.

Au service de gynécologie-obstétrique, la salle d’attente est pleine de patientes en attente de consultations qui se font de «manière ordinaire», selon une infirmière ainsi que quelques parturientes.

Si l’opinion publique est parfois informée des retombées de cette grève à travers les différents médias, elle l’est également via les réseaux sociaux qui font état des situations de détresse rapportées par des patients. L’un de ces cas a été relayé, cette semaine, par l’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) et concerne une malade en souffrance, en attente d’un suivi au service de chirurgie thoracique.

Interpellé sur les incidences du débrayage sur la santé des malades, un délégué du Collectif des Médecins résidents algériens (Camra), initiateur de la grève, M. Soualili rétorque : «Techniquement, nous ne faisons pas partie de l’offre de soins mais sommes juste des observateurs. Les responsables des hôpitaux ont déclaré à maintes reprises que ces derniers sont suffisamment lotis en assistants et en maîtres-assistants pour pouvoir se passer de nous. Nous laissons au temps le soin de confirmer cela». Il ajoute qu’en optant pour le durcissement de leur démarche, il ne s’agit pas d’«entrer en conflit» avec la tutelle mais d’exercer une «pression» sur elle afin qu’elle consente à accepter sa plateforme de revendications.

Conséquences sur le système de santé

Pour Zoubir Rekik, directeur général de cette structure hospitalière qui compte 400 médecins résidents, la «principale inquiétude» concerne la carrière et l’avenir des grévistes : «Le résident d’aujourd’hui est le médecin de demain, il faut qu’il soit bien formé en ne ratant pas son année universitaire. C’est pourquoi nous insistons pour un arrêt rapide de la grève.»

Et d’ajouter: «Il est vrai qu’ils sont d’un grand concours pour le fonctionnement de l’hôpital et qu’on compte sur eux, mais nul n’est indispensable. Heureusement que les gardes et le service minimum est assuré et c’est la réglementation qui le stipule. Ceci, d’autant plus qu’à la base, la grève est juridiquement illégale». M. Rekik note, par ailleurs, que poussés par «un esprit de corporation», certains résidents qui «travaillent normalement préfèrent dire qu’ils sont en grève».

R. N.

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