Les Belges sondés sur l’expulsion des musulmans
Par R. Mahmoudi – L’islamophobie prend des formes insoupçonnées en Europe et se banalise. En Belgique, l’expérience menée par un blogueur bruxellois, qui a réalisé un sondage autour de la question «Etes-vous prêts à signer une pétition pour expulser les musulmans de la Belgique ?», cache une tendance à stigmatiser la communauté musulmane de ce pays et du Vieux continent en général. Même si le blogueur se dit motivé par le seul désir de connaître les réactions des citoyens sur une question qui fait son petit bonhomme de chemin dans ce pays depuis les attentats du 22 mars 2016 qui ont fait 32 morts.
La recrudescence de la violence terroriste en France faisait écho à la vague d’attentats ayant secoué ce pays depuis 2012, mais dont les principaux acteurs sont soit de nationalité belge soit ayant séjourné dans l’Hexagone. La chronique nourrie par le cas Salah Abdeslam, un Français d’origine marocaine né à Bruxelles et impliqué dans les massacres du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts en France, illustre cet ancrage belge de la mouvance djihadiste européenne. Des réseaux islamistes ont commencé à se constituer depuis le début des années 1990, pour soutenir les maquis du GIA en Algérie, et jouissaient alors d’une impunité totale.
La pétition-test conforte une idée reçue, à savoir que «tout le monde ne s’est pas montré choqué ni indigné». Dans le confort d’anonymat, d’aucuns ont salué l’initiative, alors que certains ont tout de suite signé la pétition, sans se donner la peine de justifier leur décision. Parmi les personnes interrogées, les citoyens de confession musulmane sont partagés entre ceux qui ont crié au racisme, et ceux, plus nombreux, qui ont tout simplement ignoré la pétition pour éviter sans doute de se rendre complice d’une opération dont les objectifs semblent aussi audacieux qu’ambigus.
Cela dit, selon la presse bruxelloise, qui a rapporté l’information, un des passants de confession musulmane et d’origine marocaine s’est même dit «être d’accord» avec les termes de la pétition. C’est à se demander si ce n’est pas le but recherché par cette étrange opération de sondage.
R. M.
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